Comme de coutume, le classement 2020 des beatmakers opérant en France a été difficile à effectuer. Pour le mettre en place, nous nous sommes posé quatre questions : Le style de ce beatmaker est-t-il unique en France ? Est-il présent sur un grand nombre de projets cette année ? Sa contribution à ses projets a-t-elle été déterminante ? Comment ces projets ont-ils été accueillis par le public et la critique ? À partir de ces quatre questions, nous avons pu établir un classement qui laisse malheureusement de nombreux talents sur la touche. Ne figurent pas, ainsi, ceux ayant fait le choix de faire carrière outre-Atlantique : CashMoney AP (Pop Smoke – For the Night feat. Lil Baby et DaBaby, NLE Choppa – Walk Em Down feat. Roddy Ricch, Prince 85 (The Weeknd – Until I Bleed Out, 21 Savage & Metro Boomin – Brand New Draco) ou encore Tarik Azzouz (Lil Wayne – We Livin Like That, Westside Gunn – Jose Conseco). D’autres, notamment twinsmatic, Sany San Beats et Berry Prod, se sont fait remarquer pour la qualité et le succès de leurs productions mais ont été desservis par un nombre plus faible de placements. Enfin, quelques jeunes pousses telles qu’Enigma, Cosmo, Voluptyk ou encore Notinbed n’ont pas pu être retenues en dépit d’une année prometteuse.
20. Amine Farsi
Parmi les visages de la galaxie 667 s’étant fait remarquer au cours de l’année passée, difficile d’ignorer le talentueux Amine Farsi. Le beatmaker a su jongler entre les styles, plaçant ses pianos ténébreux sur des projets destinés à toucher le grand public comme Architecte de Da Uzi, Neverland de RK ou encore la bande originale de la série Validé, mais aussi sur des titres beaucoup plus difficiles d’accès, tels que Tarkov de Freeze Corleone, une spirale infernale sublimée par ses notes suspendues de piano et de synthé. Signé par Universal Music Publishing en 2019, Amine Farsi a pu écumer tous les fronts grâce à l’impulsion du directeur artistique Julien Thollard. Il termine l’année en beauté, bossant sur trois autres morceaux marqués de l’ADN 667 : Pyramide de Django en collaboration avec Osirus Jack, S/O Le Flem avec Freeze Corleone et le Roi Heenok et enfin Moneygram de Nahir et, de nouveau, Freeze Corleone. L’année 2021 devrait être celle de la confirmation, au vu de l’engouement créé par cette saison rythmée de nombreux moments forts.
19. HRNN
S’il s’était déjà fait remarquer l’année passée grâce à des apparitions sur les albums de DTF, Kaaris et Gianni, c’est en 2020 qu’HRNN a définitivement pris son envol pour s’imposer parmi les compositeurs les plus en vue du moment. Il ouvre la meilleure saison de sa carrière avec C’est mort, l’énergique single d’Hornet La Frappe en collaboration avec Leto et RK qui figure à ce jour parmi les titres porteurs de Ma Ruche. Il est également au rendez-vous sur M.I.L.S. 3, plus gros succès commercial de l’année, pour co-produire Centre commercial en collaboration avec Heuss L’enfoiré. Sur Architecte de DA Uzi, il livre avec Geo On The Track ce que de nombreux commentateurs désignent comme le meilleur titre de l’album : Style Haussmannien. Loin d’avoir dit son dernier mot, il s’invite tour à tour sur les albums d’RK avec Diva et de Koba LaD avec Céramique, ainsi que sur Féfé Lambo de Djadja & Dinaz, décemment certifié single d’or. Enfin, on le retrouve de nouveau aux côtés de Gianni, mais aussi d’Aladin 135 et de PSO Thug.
18. Guapo du Soleil & SHK
Difficile de dissocier le succès des deux producteurs du collectif Maison Antarès, tant leurs carrières sont liées. Si le premier a décidé de prendre une voie plus mélodique, collaborant régulièrement avec le guitariste D1gri, et le second a adopté un style plus énergique et sombre, ils resteront à jamais unis par le premier single diamant de leurs carrières respectives, Dans l’espace de Gambi et Heuss L’enfoiré, sorti en janvier dernier. Composé avec Cosmo et Bloody, ce tube a ouvert aux deux compères des portes inespérées au sein de l’industrie. Guapo a enchaîné en produisant Ça ira mieux demain, Dans l’avion et Petits frères de Koba LaD, Dans les clips de PLK et Hot d’Aya Nakamura, tandis que SHK a, de son côté, produit la collaboration évènement Nouveaux Riches de Leto et Niska, ainsi que Vista de Zola et La Violence de La F et Freeze Corleone. Au terme de cette succession de réussites, l’avenir paraît radieux pour ces deux talents qui ne devraient pas passer inaperçus en 2021…
17. Hood Star
Après une année 2019 marquée, notamment, par le succès dévorant de l’album Destin, Hood Star a enfoncé le clou en 2020 en diversifiant ses placements tout en maintenant sa proximité avec le label indépendant Mal Luné Music. Présent sur cinq titres de la mixtape de Ninho M.I.L.S 3 , le producteur s’est également illustré en jouant un rôle clé dans le succès d’À la fête, l’un des titres les plus marquants de l’année tant par son succès que par son ADN bien particulier. La voix d’Uzi y est portée par la mélodie imparable de Hood Star. Le refrain à la mélodie évoquant une valse de musique classique avec des drums trap lentes a fait mouche, et ont lancé définitivement la carrière du rappeur originaire de Seine-et-Marne. Hood Star figure également sur deux projets d’YL parus en 2019, la mixtape Vaillants et l’album Compte de faits (avec Young KO et SNK), ainsi que sur la compilation Carbozo pour laquelle il compose LMEC de Bolémvn, Tous les jours de Koba LaD et 0.9 de DiCapri et Max Paro.
16. Katrina Squad
Guilty et ses collaborateurs font partie de ces beatmakers qui affectionnent d’accompagner un artiste dans la conception de son projet. C’est ainsi qu’en dépit de l’absence d’album de SCH, son artiste phare, le toulousain s’est retrouvé aux manettes de plusieurs projets majeurs de 2020. Réalisateur des mixtapes Tout à Gagner de Tiitof et Phantom d’Aladin 135, le point d’orgue de son année demeure la production complète de 100 Visages, premier album studio de Leto. Porté par les hits Macaroni en collaboration avec Ninho et Nouveaux Riches avec Niska, 100 Visages a montré la capacité de Katrina Squad à aiguiller minutieusement un artiste sur la durée et à l’aider à franchir les étapes de sa carrière ; on retrouvait déjà le collectif toulousain sur les deux volumes de mixtapes Trapstar. En 2021, sa présence devrait s’accentuer avec la sortie du deuxième opus de JVLIVS, album s’SCH unanimement salué par le public et la critique dont Guilty avait assuré la réalisation.
15. DJ Bellek
DJ Bellek a ouvert l’année en annonçant la création de son label indépendant, Morning Glory Music, porté par un roster solide au sein duquel on peut retrouver le vétéran Nessbeal, les étoiles montantes ZKR et Landy et les talents en développement Decimo et Rayan. En conséquence, on a pu le retrouver tout au long de l’année sur les sorties de ses artistes, qu’il guide dans la construction de leurs carrières respectives. C’est notamment le cas de ZKR, qui se positionne comme l’un des espoirs les plus de ce début d’année. Accompagné de DJ Bellek, il enchaîne les Freestyles 5min, les singles à succès et une participation à la compilation de Deezer La Relève ! Ce dernier s’est également invité sur plusieurs projets majeurs du premier semestre, parmi lesquels Architecte de DA Uzi avec Tommy Shelby, Vol 169 de Bolémvn avec C’était pas nous et La machine de Jul avec Rentrez-pas dans ma tête, la collaboration évènement du marseillais avec Nessbeal. Pour clore cette saison en beauté, il compose enfin quatre titres d’A-One, le nouvel opus de Landy !
14. Noxious
Le hitmaker originaire de Bordeaux a connu tous les sommets en 2019, composant notamment le tube Putana sur Destin de Ninho, certifié diamant cette année. Son année a été marquée par une productivité impressionnante, avec pas moins de 57 morceaux sortis au fil des semaines. Certifié single d’or sur Étoile de Maes (avec Junior À La Prod) et sur Mortel de Koba LaD, on retrouve Noxious sur une bonne partie des sorties majeures de 2020. Cette présence s’étend ainsi de la pop urbaine (Eva, Kaza), au rap mélodique d’RK, Brvmsoo et Bolémvn en passant par des compositions très électroniques pour Captaine Roshi et Youv Dee. C’est le signe d’une capacité à s’adapter à tous les styles et d’une polyvalence à toutes épreuves, qui nous laisse imaginer sans peine que Noxious sera encore un beatmaker phare de 2021.
13. DJ Kore & Aurélien Mazin
Le créateur du label AWA a été au four et au moulin cette année pour défendre ses artistes. Le point culminant de son année demeure l’album évènement de Zola, Survie. Réalisateur et compositeur de l’intégralité des titres de la tracklist avec son complice Aurélien Mazin et quelques jeunes loups comme Futtry ou TN_490, il nous propose un album explosif, savant mélange de prods inspirées par Splurge et Ski Mask et de performances survoltées. Le superproducteur a su canaliser la fougue de son poulain en le faisant poser sur un éventail varié d’instrumentales. Cependant, on ne peut limiter son année à ce seul projet, et il faut souligner sa faculté à s’adapter aux styles des artistes d’AWA, passant des beats old school de Onze à des instrus modernistes pour Luv Resval. A 40 ans passés, Kore est loin d’avoir dit son dernier mot et nous prépare une année 2021 intense pour AWA avec les sorties des projets de Diddi Trix et de Luv Resval.
12. Dany Synthé
Présent sur M.I.L.S 3 de Ninho (Filon), Architecte de DA Uzi (Autre Part), sur Neverland de RK (Rock n Puff), sur 100 Visages de Leto (100 Visages, Le Nord, Mozart, T’es allée où), Dany Synthé permet également à Green Montana d’avoir le plus gros tube de sa carrière avec Tout Gâcher en collaboration avec Booba. Il conclut son année avec trois cartouches sur l’album de Naza, et deux nouvelles collaborations pour 7 Corp : Terrible de Dixon et Chacun sa vie de Lestin. Une année qui aurait pu prendre une toute autre dimension si la sortie d’ULTRA de Booba n’avait pas été repoussée à l’horizon 2021. Après sa performance sur Trône, une ballade mélancolique aux sonorités africaines qui avait séduit par son introspection en 2017, le producteur est attendu au tournant sur ce nouveau blockbuster du rappeur de Boulogne.
11. Dioscures
En 2020, Laylow a pris une nouvelle dimension dans la scène rap francophone. Cependant, son album Trinity aurait eu une toute autre couleur sans les compositions minutieuses de Dioscures. On retrouve ainsi le producteur sur pas moins de douze titres du projet, du très mélancolique NAKRE à l’énergique MEGATRON, largement inspiré de Black Skinhead de Kanye West. Toutefois, limiter Dioscures à un énième beatmaker influencé par Yeezy ne serait pas rendre hommage à cet artiste sans concessions, qui fait entendre ses synthés distordus et impose son style sur tous les morceaux qu’il produit, des déchirants J’attendais et Cigarettes de Sneazzy au ténébreux 187 de Larry en collaboration avec Zed. Alors qu’on aurait pu prédire un avenir radieux à Dioscures, l’annonce de la fin de sa carrière musicale sur Instagram a surpris l’ensemble des observateurs de la scène francophone. On pourra néanmoins profiter une dernière fois de ses talents en 2021, sur son propre album.
10. Zeg P
Après s’être illustré en 2019 en produisant l’album En esprit d’Heuss L’enfoiré, Zeg P a mené une année 2020 marquée du signe de la transition. On le retrouve d’abord sur Carré Vip de Naps et Féfé lambo de Djadja & Dinaz, des titres encore très marqués par sa palette club/eurodance. Très discret à l’automne, il fait son retour en grande pompe le 18 décembre avec Horizon Vertical, l’album commun de Vald et Heuss L’enfoiré. Au-delà d’une collaboration entre deux têtes d’affiches très proches humainement, le projet porte également le rapprochement singulier des sonorités dansantes de Zeg P et des rythmiques de Seezy. L’exemple le plus flagrant demeure Canada, un morceau introspectif où les deux rappeurs se retournent et jettent un regard désabusé sur leurs succès massifs des années précédentes. Là où la première partie semble clairement émaner de Seezy, avec des trompettes évoquant celles de Wheezy, la deuxième rappelle le travail de Zeg P sur l’Addition.
9. Le Side
Le Side consolide sa présence sur la scène musicale française en misant sur un petit nombre de titres, travaillés avec soin pour des artistes triés sur le volet. Après le succès mondial de Djadja et Pookie en 2018, collectif poursuit sa collaboration avec Aya Nakamura en produisant le single Doudou (Machynist & Ever Mihigo) ainsi que Hot et La Machine sur le nouvel album de la popstar. On les retrouve également, individuellement ou collectivement, sur cinq titres de l’EP d’Oboy, Mafana, ainsi que sur Cruel, qui réalise la meilleure entrée de la carrière du rappeur au Top Singles. Some-1ne s’invite sur l’EP de Chanceko avec Arc en Ciel, ainsi que sur le premier album de Kaza et sa réédition (Bebecita, Rolling Stone) avec Machynist. Enfin, le trio dépasse les frontières du rap en composant Feu de Poupie, qui sera repris avec Jul, et plusieurs titres de l’album Joie de vivre de Louane. Gageons qu’en 2021 leur style à mi-chemin entre la musique électronique et l’afropop saura séduire des artistes internationaux.
8. Heezy Lee
Depuis 2016 et le succès de DKR, Heezy Lee revient chaque année dans les classements des meilleurs beatmakers. Cette régularité, il la doit avant tout à une faculté sans faille à s’adapter à l’univers de l’artiste avec lequel il travaille. Que ce soit dans l’afropop (Plus Jamais d’Aya Nakamura en featuring avec Stormzy), la pop urbaine (Lettre à une Femme de Ninho), la trap expérimentale (Babi de 13 Block) ou encore Démons de Joanna et Laylow, Heezy Lee excelle dans tous les genres et frappe toujours juste. Certifié single de diamant en un temps record avec Lettre à une Femme, avant d’être dépassé par Bande Organisée, il enchaîne les productions de qualité toute l’année, travaillant notamment avec Ninho encore (En chien) Hornet la Frappe, Lujipeka, Soso Maness, RK, Kpoint, Aya Nakamura, YL et 13 Block. Multifacette, Heezy Lee s’est aussi affirmé en tant qu’artiste, en participant au succès du titre Ma Love de son compère Le Motif. Portant un masque inspiré du Margiela du Yeezus Tour de Kanye West, il pourrait bien suivre la trace de son illustre aîné et passer sur le devant de la scène en 2021.
7. MKL
Ce vétéran de la production a, une fois de plus, composé certains des plus gros titres de l’année, tout en conservant ces synthés froids qui ont fait sa réputation. C’est l’une des spécialités de MKL, mêler des instrumentales plutôt mélancoliques à des pistes vocales chaudes traitées de façon analogique. C’est notamment ce procédé qui vaut, en partie, son succès à Grand Bain de Dadju et Ninho, mais aussi de Smile de Lefa et SCH. Au-delà de ces deux titres, MKL a aussi concrétisé sa transition du beatmaking à la réalisation artistique en bonne et due forme… Tout d’abord en prolongeant sa collaboration poussée avec Lefa sur la réédition de Fame, mais aussi en s’affirmant comme un incontournable de la pop urbaine en réalisant les albums Nos Vies d’Imen Es, Ghetto Chic d’Abou Tall et Papillon de Lynda. Finalement, MKL a conclu son année en produisant Sale Tchoin de Green Montana, une prod à la rythmique house et qui hypnotisera l’auditeur tout comme le clip réalisé par Fred de Pontcharra.
6. Binks Beats
Parmi les artisans de l’émergence d’une drill « à la française », Binks Beats a effectué l’une des meilleures années de sa carrière de tous points de vue. En premier lieu, en participant à la montée en puissance du rookie 1Pliké140, dont il produit intégralement l’EP 1PLIKTOI. Il y alterne des productions drill classiques, qui font la réputation du jeune MC, et des registres plus mélancoliques, notamment sur Lebara co-produit par Pierrari. Au-delà des projets d’1Pliké, on a pu le retrouver sur divers albums acclamés par la critique. Ainsi, il produit Judas sur Stamina de Dinos, en collaboration avec Zikxo et Zefor, Plug de Laylow et surtout la lune attire la mer, conclusion électrique de la Don Dada Mixtape d’Alpha Wann. Beatmaker déjà apprécié par ses pairs au cours des années précédentes, Binks Beats a fait de 2020 son année et est désormais un des hommes de l’ombre les plus en vus de cette scène underground qui atteint quasiment les scores du mainstream.
5. Boumidjal
On ne présente plus Boumidjal, ancienne moitié du duo Double X, s’est imposé dans le haut du panier des beatmakers depuis plus de 5 ans désormais. Son inclinaison naturelle vers la pop urbaine lui permet de produire deux des plus gros hits du début d’année : Distant de Maes et Ninho et Calumet d’Hornet la Frappe. Présent plus ponctuellement au printemps avec des productions pour des formats hybrides entre le rap et la variété tels que le projet d’Aloys Sauvage et celui de Lujipeka, il revient en force à partir de la rentrée, en premier lieu en réalisant entièrement l’album 2.7.0 de Kaaris, puis en plaçant deux compositions sur 16 de Wejdene, deux autres sur Détail de Koba LaD et quatre sur Le Fléau de Maître Gims. A cela, on peut ajouter quelques projets plus confidentiels, dont ONLY FANS de Coyote Jo Bastard.
4. Junior À La Prod
Après une année 2019 consacrée au développement du collectif Le Sommet, Junior s’impose en solo tout au long de 2020. Versatile, le fils du chanteur congolais Blaise Bula arrive à marquer chaque morceau qu’il produit de son empreinte, et ce quel que soit le registre. On peut entendre ses snares sèches et ses rythmiques saccadées sur des albums à succès (ENNA de PLK où il produit six morceaux, BLO II de 13 Block où il en produit cinq et LDS de Maes où il produit Etoile et Neb Nedal) mais aussi sur des projets plus confidentiels (on pense notamment à l’album Cercle Vertueux de Deen Burbigo dont il compose le titre éponyme ou encore Attaque II de Captaine Roshi où il est aux crédits de l’excellent Maintenant). Avec 45 titres produits en 2020, il fait une nouvelle fois preuve d’une productivité quasi inégalée en rap français cette année, mais arrive à garder son style et à ne pas formater ses instrumentales.
3. Benjay
Révélé à 18 ans seulement en produisant le tube Finis Les d’Alonzo, Benjay a depuis accompli un chemin exceptionnel et fait désormais partie de la crème de la crème des beatmakers francophones. Hyperproductif en 2018, il avait notamment réalisé l’exploit de placer 52 morceaux en 1 an. Alors qu’il s’est entre temps installé aux Etats-Unis pour travailler avec des artistes locaux, il a tout de même pu placer sur plusieurs projets majeurs de 2020. Son principal fait d’armes restera la co-production de six morceaux sur le très attendu QALF de Damso. On le retrouve à la baguette de certains des titres les plus marquants du projet, alternant entre les sonorités funk de 911 ou encore la drill envoûtante de BXL ZOO. Cependant, QALF est loin de représenter l’unique réussite de Benjay cette année, puisqu’on peut le retrouver sur les albums de PLK, DA Uzi, Caballero & JeanJass, Green Montana ou encore Dinos.
2. Flem
Véritable révélation de l’année, Flem s’impose d’emblée en seconde position du classement. Son fait d’armes le plus marquant demeure la composition de la plupart des titres de l’album LMF de Freeze Corleone, rôle qu’il avait déjà joué sur son précédent opus Projet Blue Beam. Il gagne ici en variété et arrive à proposer une formule tout aussi sombre mais bien moins redondante Outre cette entrée en matière saluée par la critique, Flem produit ou co-produit l’ensemble des apparitions du rappeur originaire de Dakar, tout au long de l’année. On le retrouve ainsi sur IRM de Kaaris, Moneygram de Nahir, Drill Fr 4 de Gazo ou encore ny à fond d’Alpha Wann, tous ces sons étant en collaboration avec Freeze. Architecte sonore majeur du collectif 667, il s’illustre aussi avec les autres membres du collectif, produisant par exemple Travail d’Ekip pour Mini & Noma en featuring avec tout le 667. Finalement, il termine l’année en produisant entièrement le projet S/O le Flem de Django, rappeur parisien proche du collectif. Dans une véritable réinvention de la UK Drill, Flem a su mêler les pianos menaçants et les voix sinistres d’une certaine drill de Chicago aux rythmiques inspirées d’outre-Manche.
1. Chapo & Heizenberg
L’année a démarré sur les chapeaux de roues pour Chapo & Heizenberg avec la production d’Imparfait sur l’album de Maes, certifié single d’or. Après une accalmie jusqu’à la fin du printemps, la deuxième partie d’année a été une succession de réussites, entre les hits Jauné de Booba et Zed, Coffre Plein de Koba LaD, et la production de la moitié de Stamina de Dinos et de Ripro 4 de Lacrim. Malgré leur apparente simplicité, les deux producteurs parviennent presque infailliblement à surprendre l’auditeur par un traitement détaillé des textures de leurs mélodies (on pense notamment aux guitares quasi synthétiques de Ciel pleure) et des accords qui sortent de la grille des accords magiques à la française. Présents sur l’album de Lil Tecca en 2019, et ayant déjà produit en 2017 un featuring entre Drake, 21 Savage et Young Thug (jamais sorti), les deux producteurs pourraient de nouveau tourner leur regard vers les États-Unis en 2021, au terme d’une année pavée de succès dans l’hexagone.
Bonus : Ken & Ryu
Difficile de parler du travail de Chapo & Heizenberg sans mentionner celui de Ken & Ryu, avec qui s’est mise en place une collaboration fructueuse ! Les deux acolytes se sont illustrés cette année en assurant la réalisation de Stamina de Dinos et en produisant ou co-produisant une bonne moitié de l’album. Leur style éclectique nous offre des bangers inattendus, comme Moins un, en featuring avec Nekfeu. Le petit clavier léger mêlé à des drums puissantes offre la piste de décollage parfaite pour les deux rappeurs. Simplicité, c’est aussi ce qui caractérise la prod de Coffre Plein de Koba LaD en feat avec Zed et Maes. Un peu plus tôt dans l’année, le duo nous avait également offert des titres de qualité sur R.I.P.R.O 4 de Lacrim.
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