Ouvert en 2021, IBO Studio s’est progressivement imposé comme un passage incontournable pour les artistes internationaux à Paris, notamment grâce à sa situation à deux pas des Champs Élysées. C’est ainsi qu’au cours des derniers mois, le studio a vu défiler, entre autres, Lil Tjay, A$AP Rocky, Kodak Black, Central Cee, Polo G, Offset, Ed Sheeran ou encore D-Block Europe.
Tu démarres ton aventure professionnelle dans la publicité, et en 2017 tu te lances dans la production artistique. Est-ce un manque de liberté créative dans la publicité qui te pousse à changer de voie ?
IBO : Très clairement. J’ai travaillé quatre ans dans la pub, ça m’a permis de gagner de l’argent et de rencontrer des gens très intéressants, mais je ressentais le besoin de faire ce que je voulais et, encore plus important, quand je le voulais. J’ai fait des pubs pour plein de grandes marques, mais je préfère de loin les projets sur lesquels je travaille actuellement.
Tu débutes la musique dans une période où l’accès en est beaucoup moins évident qu’aujourd’hui. Comment expliquer ce choix ?
IBO : J’ai toujours adoré la musique, et très vite j’ai pris l’habitude de chercher du son sur SoundCloud et essayer de trouver le prochain banger. Un jour, un ami DJ m’a demandé de l’accompagner chez son ingénieur du son mastering, Mathieu Berthet. À partir de ce jour, je me suis fixé pour objectif d’apprendre la musique et de gagner ma vie avec. Enfin, je voulais surtout pouvoir me consacrer à 100% à cette activité sans devoir travailler en parallèle.
Comment t’as tu formé ?
IBO : Je me suis formé avec YouTube essentiellement, j’ai aussi beaucoup regardé les tutoriel d’un français qui s’appelle MJ Tutoriel. À force de pratiquer, je commençais à avoir des bases de composition et de mixage. J’ai toujours essayé de développer les deux en même temps, car pour moi ce sont deux activités liées, encore plus aujourd’hui.
Es-ce que ton rôle varie en fonction du type d’artiste que tu as en face de toi ?
IBO : Chaque session est différente. Petit, j’étais hyperactif, j’aimais pas la routine ! Ce qui est bien dans mon métier, c’est l’encadrement artistique et le côté « geek » de la musique. J’adore installer des applications ou tester des pluggins. Ce qui est le plus important pour moi, c’est que la création musicale, que ce soit la composition, le mixage, le mastering ou même l’accueil d’artistes. C’est tous les jours de nouvelles histoires à raconter. Je pense que les gens aiment bien travailler avec moi, aussi, parce que je sais rester à ma place en session et dans ma vie privée.
Travailler avec des artistes internationaux est un objectif pour beaucoup de professionnels de la musique. C’était ton cas ?
IBO : Pour être franc, absolument pas. Avant tout, je voulais juste composer de la musique, puis je me suis concentré sur la partie mixage et mastering. L’ouverture de mon studio m’a permis de prendre une autre direction, qui est très importante aussi aujourd’hui, l’expansion et l’évolution d’un business. Bien sûr que, plus jeune, je rêvais de travailler avec des stars comme Kodak Black, A$AP ou French Montana… Quand je les ai reçu dans mes studios et que j’ai pu faire une session avec, je n’en revenais pas. D’ailleurs, c’est toujours un peu le cas aujourd’hui, comme si la session n’avait pas vraiment eu lieu !
Comment se fait la connection avec un artiste international comme A$AP Rocky ?
IBO : Les Américains sont plus facile d’accès que certains artistes français. Franchement, ils sont là pour travailler, c’est très professionnel. Quand on travaille avec des artistes de ce niveau là, tout le monde est là pour effectuer une tâche précise : faire de la bonne musique. La PlayStation n’a jamais été allumée cette soirée-là ! Il faut que je remercie avant tout mon ami Westside Gunn, qui m’a permis de rencontrer des grands noms de la musique aux États-Unis. Avant tout, il faut savoir s’entourer d’une équipe de gens fiable qui me permet d’avancer et de rencontrer les bonnes personnes à l’international. J’espère qu’ils se reconnaîtront dans dans cet article.
Est-ce que le fait de travailler avec des artistes internationaux te force à adapter tes méthodes de travail ?
IBO : C’est exactement comme en France, la seule différence, c’est qu’ils vont directement en cabine sans écrire de textes. C’est ça qui m’impressionne. Aucun drop, que des one shots. Souvent, les sessions aux États-Unis sont très légères. Généralement il y a une ou deux pistes maximum pour les leads de voix.
En installant ton studio près des Champs-Élysées, l’objectif était-il de cibler un un secteur reconnu pour le luxe et le tourisme ?
IBO : Avant tout, je cherchais à avoir un studio qui se rapprochait au maximum du milieu du rap. J’ai choisi cette localisation pour des raisons professionnelles, uniquement pour pouvoir développer une clientèle internationale et européennes en plus de ma clientèle française, qui représente quand même une grande partie de mon activité.
Le Dolby Atmos est ta signature. Peux tu nous expliquer la particularité de cette technologie ?
IBO : Le Dolby Atmos m’a toujours intéressé, notamment parce que je suis un passionné de cinéma. C’est juste une technologie qui a été adaptée à la musique, mais elle existe depuis de nombreuses années dans l’audiovisuel. Je pense avoir été un des premiers studios à Paris à avoir installé le Dolby Atmos. Au début, beaucoup de gens m’ont pris pour un fou. Je suis content d’avoir pu collaborer avec Dolby France, qui m’a accompagné sur l’installation. Au début, c’était un peu le far west, car c’était un format encore peu connu en France.
Ton objectif sur le long terme est-il de devenir une marque à part entière dans le milieu de la musique ?
IBO : Mon objectif est de développer une marque de fabrique, et former des gens de qualité pour proposer un service premium dans des nouveaux studios plus grands à Paris.