Chaque mois, Ventes Rap sélectionne cinq titres d’artistes indépendants, remarquables par leur qualité et le soin apporté à leur promotion. Librement inspirée d’Unsigned Hype, rubrique mythique du magazine The Source, cette série d’articles vise à prendre le pouls de la scène underground française, des figures montantes aux nouveaux arrivants… Découvrez les 5 artistes indépendants qu’il ne fallait pas manquer au mois de février 2021 !
Stone du Keutru – Trahison
Sur une drill des mieux ficelées, Stone enchaîne les changements de flows avec une maîtrise naturelle de la mélodie qui adoucit ce titre pourtant marqué par une partie rythmique très lourde et très présente dans le mix. Le rappeur se sert de sa voix comme d’un instrument à part entière, tout en installant une harmonie avec les autres éléments de Trahison. Le clip est réalisé par Usky , qui met en images l’ambiance criminelle qui règne sur le morceau, entre parkings sombres et tunnels sous-terrains. Fort d’une présence à l’image indéniable, d’un timbre vocal très identifiable et d’une musicalité qu’on sent inspirée d’un bouillon d’influences caribéennes, Stone s’approprie la drill pour en livrer une interprétation très personnelle. Autant d’indices qui mettent la puce à l’oreille quant à ce que pourrait accomplir un artiste de ce genre avec des armes aussi bien aiguisées si tôt dans son parcours.
Sadandsolo – Focus
Si vous aimez les OVNIs, alors vous allez accrocher au vaisseau que pilote Sadandsolo. Personnage charismatique et atypique, sa musique l’est tout autant, et même si ses inspirations restent identifiables, il réside dans sa production musicale une substance auditive singulière qui révèle son originalité. « Minimalisme » est le mot qui correspond au style de Focus, auquel s’accorde aussi le clip : une réalisation efficace et sobre qui peut faire penser à un reflet de la période de pandémie actuelle. On y retrouve Sadandsolo dans toutes les pièces d’un appartement, s’occupant devant ses consoles ou dansant sur la terrasse, seul. Ici, l’ambiance est légère et l’auditeur est invité dès les première secondes à secouer la tête sur le drop des basses. On se laisse aussi surprendre par des changements vers une voix très aigue (baby voice, une technique largement popularisée par Playboi Carti ou encore Lil Uzi Vert) ainsi qu’un flow très soigné qu’il se plaît à déployer sur l’instrumentale planante dont il semble être lui-même le compositeur ! Vous l’aurez compris, c’est un potentiel à ne pas rater si vous êtes friands de ce style si particulier que propose Sadandsolo.
Boa Joo – Pas si mal
Allongée dans sa baignoire au milieu de nombreuses bougies, c’est cigarette entre les doigts et bouteille sous le bras que la jeune femme entame ce morceau au goût amer qui donne pourtant envie d’y revenir bien volontiers… Active depuis 2018 sur Youtube, Boa Joo n’en est pas à son coup d’essai et compte déjà quelques morceaux bien échafaudés sur sa chaîne. En ressort directement un sens de la mélodie prononcé et une écriture très agréable quand elle est transposée à l’oreille par le biais de sa voix suave, qui ne se prive pas pour autant de quelques allusions parfois crues (mais jamais gratuitement vulgaires) rappelant un côté très naturel chez l’artiste. Sur Pas si Mal, la Bruxelloise partage sa mélancolie parsemée de souvenirs d’une relation douloureuse. Si les paroles ne manquent pas de nous immerger dans l’univers plutôt triste du titre, l’instrumentale de Corbeo n’est pas en reste et finit de taper les derniers clous du cercueil. C’est très bien ficelé de manière générale et on n’en attend pas moins dans le futur, car Boa Joo est décidément une artiste à suivre de près.
Fasco – KG
Le piano qui ouvre ce morceau n’est pas aussi sombre et oppressant que la voix grave et éraillée de Fasco, soulignant à merveille le style qu’il emprunte ici. On l’imagine tout de suite sur de la drill bien sanglante de part ses tenues et sa gestuelle, domaine dans lequel on le voit évoluer à travers d’autres titres de sa discographie. Si sa voix hors du commun ne vous a pas assez secoué, le flow entraînant du rappeur s’en chargera, car il ne manquera pas de vous rentrer en tête. La qualité est aussi de mise : un son bien mixé qui ne limitera pas le succès que peut avoir KG auprès de l’auditeur, tant chaque élément est mit en valeur. La production instrumentale est menée par une flûte contrastant avec des accords de piano et les notes d’une basse agressive. Un tout qui fait aussi que l’ambiance générale fonctionne si bien. Fasco pratique son art sous la production de PCS Quality et le clip de KG est réalisé par Alan Benoit, dans un univers trap classique qui fait toujours son effet. En bref, un personnage intriguant dont on attend avec impatience de voir ce qu’il nous réserve de plus.
Rousnam – Correction 6
Rousnam est un rappeur toulousain, plus précisément de la cité du Mirail. Si son nom ne vous évoque rien, il est pourtant validé et suivi par des artistes comme Jul, Sultan, Heuss L’enfoiré et d’autres… Dans ce morceau qui est le sixième de sa série Correction, on le retrouve plus déterminé que jamais s’illustrant dans un street clip au plus proche des propos de ses textes. Dès le début, il ne se fait pas prier pour découper l’instrumentale d’Art Hard Beats au style boom bap travaillé et moderne avec quelques éléments de trap : c’est le décor parfait pour un freestyle tel que celui-ci. Les punchlines pleuvent, plus percutantes les unes que les autres et Rousnam nous fait ressentir une certaine technicité ou du moins une expérience de son art. Il n’est donc pas étonnant de voir de gros noms s’intéresser à lui et le plus sage serait de surveiller son évolution qui risquerait très bientôt d’en surprendre plus d’un.