Dans un paysage rap français plus concurrentiel que jamais, So La Lune est l’un de ces artistes qui se distinguent par leur singularité et installent d’emblée un ADN identifiable. Sa voix nasillarde allant chercher des mélodies plus hautes encore que l’astre dont il tire son nom mais aussi ses textes contant aussi bien la tristesse de son quartier que la genèse d’antagonistes de Shonen Manga comme Meruem ou Kira ont permis à So La Lune d’attirer l’attention des aficionados francophones de musique rap et de créer sur les réseaux sociaux un engouement certain de la part de son public à chacune de ses sorties musicales. Le rappeur, signé au sein du label Low Wood (Jok’Air, Hatik, Elh Kmer) a inondé depuis désormais deux ans les plateformes de streaming d’une multitude de singles et d’un projet (Tsuki, 2020). Après le succès d’estime de Tsuki, son premier projet, il dévoilait Théia, un EP de cinq titres faisant suite à un freestyle éponyme publié le 17 mars dernier sur son compte Instagram.
Découvrez « Théia », le nouvel EP de So La Lune
Pourtant court de cinq titres, Théia profite d’une grande diversité musicale. Le projet s’ouvre sur Coup d’Eclat, une mise en bouche de ce qui attend l’auditeur sur les plages à suivre. Le morceau a beau avoir une interprétation très forte, So La Lune dévoile sa folie mélodique sur les titres qui suivent, en particulier sur Seven Up, morceau central et clef de voûte du projet. Dans ce dernier, le rappeur crée des explosions avec ses cordes vocales, certainement du même acabit que celles qui déchirent la planète Terre sur l’image de couverture de son EP. Côté beats, cette diversité n’est pas en reste : allant des plus uptempo aux plus reposées, les productions du projet connaissent une diversité intéressante, montrant l’étendue des capacités du rappeur en terme de placement. Mention spéciale à Podium, produit par Kon Queso, dont les rythmiques saccadées, couplées à la voix lancinante de So La Lune produisent une hypnotisante chanson où se mélangent backs vaporeux, notes de piano flottantes et la mélancolie de l’interprète. Entremêlant egotrip, nostalgie et amours perdues, l’écriture du rappeur couvre de nombreux horizons, sans jamais perdre le nord. Théia est donc un opus audacieux et profitant d’une réalisation léchée. S’il est connu que les navigateurs marins se repèrent grâce au soleil, les amateurs de rap devraient songer à regarder La Lune.
Illustration : G. Gomez