« Le Festival de Woodstock (Woodstock Music and Art Fair, ou Woodstock) est un festival de musique et un rassemblement emblématique de la culture hippie des années 1960. C’est un des plus grands moments de l’histoire de la musique populaire, classé par le magazine Rolling Stone parmi les 50 événements qui ont changé l’histoire du rock’n’roll. » Dernièrement, le rap a été comparé au rock à de nombreuses reprises, et il n’est pas étonnant que Hooss utilise le nom de cet événement légendaire comme nom de son nouvel album. Il déclarera d’ailleurs : « Je voulais faire le Woodstock d’aujourd’hui. Le côté marginal, les marginaux c’est nous en vrai. Les jeunes qui sont libres, qui font ce qu’ils veulent. » Une double référence, car Woodstock désigne également le point de vente de son quartier dans le morceau éponyme : « Amnésia, OG Kush, Lemon Haze, Woodstock / Avocats, policiers, fils de politiciens à Woodstock / Le four est ouvert, baida baida viens faire du ski à Woodstock / Drogue douce, drogue dure, bienvenue à Woodstock »
➡️ Hooss à la quête du disque d’or avec son cinquième projet en trois ans
C’est en 2015 que sortait le premier projet de Hooss, on y retrouvait notamment des productions de Katrina Squad et un featuring avec un SCH à la veille de son ascension sur le morceau Aniki. Alors que le Francis Lalanne du rap français en a 4 en platine, son homologue est encore à la recherche du tant convoité (et maintenant obtenu) disque d’or. Son ambition n’est pas réellement dissimulée, mais le rappeur a les pieds sur terre et sait qu’il est de ceux qui ont l’art mais pas forcément la manière. Pour en revenir au CD, c’est un long opus que nous délivre Hooss. Dix-sept morceaux, une façon pour lui de légitimer son absence depuis Première Presse sorti en mai 2017.
#VentesDeLaSemaine 3 : Hooss franchit un pallier avec Woodstock
Cette absence de 8 mois semble une éternité pour un rappeur aussi productif que Hooss, qui sort ici son cinquième projet en trois ans. Après un Temps Plein assez ouvert musicalement et sûrement victime de son époque, recherche continuelle du hit oblige, c’est avec une production très trap qui renoue avec ses premières amours que Hooss revient à nous – une sorte de continuité de French Riviera vol. 1. Le rappeur, proche de la scène marseillaise, nous livre un opus qui mêle l’inspiration des artistes d’Atlanta sur Viens Toucher ou Le Go où l’on reconnaît la patte de Future, et un attachement à l’Europe représenté par Laïoung et Adrian Bujupi qui représentent respectivement l’Italie et l’Albanie.
➡️ Woodstock, le projet de la maturité pour le rappeur du sud-est de la France
L’expression de projet de la maturité est galvaudée, utilisée bien trop souvent pour caractériser un album dès qu’il est de qualité. L’expression convient pourtant parfaitement au nouvel opus de Hooss, les singles sont très bien maîtrisés et aucun featuring n’est fait au hasard : l’équilibre général est parfait. De plus, Hooss a pour objectif de faire mûrir sa musique tout comme son discours. C’est d’ailleurs dans cet album que l’on découvre le morceau le plus important de sa carrière, La Lettre. Si vous êtes un néophyte de la musique du rappeur de Saint-Raphaël, vous ne savez sûrement pas que la mort de sa mère est un sujet central dans sa musique et dans la construction de sa personne.
Paradoxalement, et probablement par pudeur, le rappeur n’avait jamais dédié de morceau à son histoire jusqu’alors : « Chère Maman, je t’écris cette lettre/J’en ai mis du temps, j’avais pas l’cœur à la fête ». La chose est désormais faite, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le morceau est le plus réussi de l’album. L’hommage est d’autant plus réussi que le rappeur a pris du recul sur les événements, et peut désormais en parler de façon décomplexée : « J’aurais pu parler d’toi sur un son triste (Maman) Mais quand j’pense à toi j’ai que des bons souvenirs ».
➡️ Un projet qui souffre de sa longueur et des déséquilibres qu’elle engendre
Pour ce qui est des featurings, ils sont dans l’ensemble bien choisis, même si Hornet prendra l’ascendant sur Hooss dans Larry Hoover. Il en est de même pour les productions : Kakou et Guilty (Katrina Squad) pour les plus représentés ont apporté un travail très sérieux. Là où le bât blesse, c’est que l’album s’avère être trop long. Un mauvais choix sans doute, car le rappeur est productif et assez polyvalent, et même si le temps lui a paru long, ce projet est son troisième depuis mars 2017. Le streaming aura eu raison de ce disque, car le projet a été fait pour mieux adhérer à ce format. Ce parti pris rend les meilleures productions moins percutantes et donc le projet plus dur à digérer.
Au final, Woodstock est loin d’être mauvais, mais il impose à l’auditeur de faire son marché entre les titres dans le but d’extraire les meilleurs. Il nous confirme également que Hooss est et restera un très bon rappeur de freestyle ainsi qu’un artiste très efficace sur les productions les plus brutes. Néanmoins, comme pour les artistes de son créneau avec une grande productivité, il serait préférable pour lui de miser sur des projets plus condensés et plus efficaces, toujours dans un souci de ne pas lasser l’auditeur. L’album contient des titres que Hooss peut porter pour encore faire gonfler ses ventes et obtenir son disque d’or pour le remercier du gros travail qu’il effectue depuis le début de sa carrière. Et c’est tout ce qu’on lui souhaite.