À l’heure où Laylow réalise l’un des meilleurs démarrages urbains français du moment avec Trinity, l’heure est peut-être enfin venue à la réhabilitation d’Antipop Consortium. Constitué à New-York à la fin des années 1990, ce groupe composé de Beans, High Priest, M. Sayyid et Earl Blaize s’impose au sein de la scène alternative grâce à une série d’albums marqués par des textes tranchants et des productions résolument avant-gardistes. En 2002, alors que les quatre artistes viennent d’enregistrer leur sixième projet Antipop vs. Matthew Shipp, un certain nombre de dissensions internes mènent à l’implosion du groupe. La plupart des membres entament des carrières solo, avec un succès mesuré, avant de reformer Antipop Consortium en 2007 pour sortir un nouvel album : Fluorescent Black. Ce nouvel opus s’impose dès sa sortie comme un projet à part dans la discographie du groupe, mais aussi commun véritable OVNI dont certains aspects préfigurent certaines tendances avec plusieurs années d’avance. Encore très actuel dans l’imagerie et la démarche, Fluorescent Black est de ces crus musicaux qui ne vieillissent jamais vraiment du fait d’une démarche inédite et qui révèlent de nouvelles facettes à chaque écoute attentive…
Fluorescent Black, le retour en force d’Antipop Consortium
Avec Fluorescent Black, Antipop Consortium poursuit sur la lancée de ses précédents projets : sans concessions, brutal et surtout résolument innovant dans les productions. Du visuel aux sonorités, l’album est conçu, peut-être plus encore que les précédents, dans une optique digitale… Voire carrément futuriste. On y retrouve une unique collaboration avec le britannique Roots Manuva sur NY to Tokyo, l’un des titres majeurs du projet. On y retrouve l’habituel mélange de genres qui fait la réputation d’Antipop Consortium, entre la lucidité et la dureté du rap new-yorkais et la musicalité déroutante du glitch, un sous-genre d’electronic dance music qui s’était affirmé tout au long des années 1990. De ce mariage improbable naissent des morceaux encore très actuels, qui ne perdent rien de leur pertinence plus d’une décennie après leur conception. Plus que jamais, Antipop Consortium s’impose comme un groupe passionnant mais méconnu de l’underground alternatif new-yorkais, alors même que l’intérêt du public rap français pour des projets de niche à l’ADN pas si éloigné s’affirme d’année en année. Et si les années 2010 marquaient la réhabilitation définitive de Fluorescent Black et de ses concepteurs dans l’hexagone ?