Chaque mois, Ventes Rap sélectionne cinq titres d’artistes indépendants, remarquables par leur qualité et le soin apporté à leur promotion. Librement inspirée d’Unsigned Hype, rubrique mythique du magazine The Source, cette série d’articles vise à prendre le pouls de la scène underground française, des figures montantes aux nouveaux arrivants… Découvrez les 5 artistes indépendants qu’il ne fallait pas manquer au mois d’avril 2021 !
Le Sid – Hypnotise
Hybride urbain et funk, Hypnotise est un son envoûtant qui brille par la couleur de ses sonorités soyeuses et rétro. Le Sid y pose une voix suave, des refrains jusqu’aux couplets, en parlant d’une rencontre romantique qui se développe tout au long du morceau. L’ambiance y est très douce, et cela, même lorsque l’artiste passe du chant à une partie rappée proche du chuchotement, mais aussi plus explicite. L’instrumental de Mookice va chercher un style rétro bien marqué avec notamment du bass slaping, technique de jeu très répandue dans les l’éventail des styles funk. On y trouve aussi des effets psychédéliques et des nappes de piano électrique avec un grain sonore d’époque. Le clip de 8.125 Studio est particulièrement agréable à regarder et colle à cette thématique old school à la perfection. Le Sid est vraisemblablement un jeune talent avec sa propre patte et il est fort possible qu’il fasse irruption dans vos playlists dans un futur plus ou moins proche, si vous tendez l’oreille du bon côté…
Rapi Sati – Moncler
S’il doit y avoir un titre pour placer vos meilleurs pas de dance sur de la drill, c’est bien celui-ci. Rapi Sati c’est un vrai personnage atypique avec l’image et la gestuelle qui va avec. Sur Moncler, il y va de ses meilleurs adlibs et autres ambiances littéralement criées sans retenue à l’auditeur, rendant le morceau explosif pour notre plus grand plaisir. Le refrain rentre directement en mémoire et vous pourriez bien vous retrouver à bouger la tête sans vous en rendre compte, ou même à en crier les gimmicks du performer ! Le clip glacial de Moncler est réalisé par Jonathan Lopez et il opte pour des décors très sombres et épurés pour mieux faire ressortir les fameuses doudounes dont l’apologie est faite ici. Plusieurs collaborations avec Guy2bezbar ont déjà été enregistrés, dont Cardio, paru sur Skyrock en présence de Gazo. Si le talent ou encore le charisme du rappeur donnent déjà bon espoir pour lui, le fait qu’il soit si bien entouré laisse penser qu’il n’aura pas de mal à faire son chemin très vite.
J9ueve – Distanciel
Sur un clin d’œil évident à la situation pénible de pandémie actuelle, J9ueve livre quelque chose de doux et agréable qui nous fait voir le travail à distance d’un angle tout autre. L’instrumental du beatmaker Yarami ouvre le passage avec une intro de notes qui mèneraient presque au sommeil tant elles bercent l’oreille et annoncent la couleur quant au reste du son… Jusqu’au drop des basses qui viennent réveiller la composition et son rythme qui bouge plus que ce que laissait penser les premières secondes. C’est là que le flow fluide de J9 arrive, sous un vocoder plutôt bien géré qui correspond bien au côté très aérien que l’on ressent ici. Il se démarque notamment par son attitude vocale très posée et déjà une belle maîtrise de sa plume (ce qui donne sûrement cet aspect très fluide dans l’enchaînement de ses paroles). Il n’a d’ailleurs pas échappé à tout le monde puisqu’il peut se vanter d’une collaboration avec une autre jeune pépite du rap francophone qu’est La Fève, lui aussi très talentueux. Autant de bonnes raisons d’aller écouter ce que propose J9ueve, pour accompagner vos sessions de travail à distance par exemple…
Jjune – Meruem
Si vous trouvez que les violons sont sombres en lançant Meruem, préparez-vous au flow bien oppressant de Jjune… En effet, dès les premières secondes, la composition de Scorpio Prodz nous met dans le bain et on pourrait presque croire à la bande-son d’un film d’horreur avant qu’une victime ne se fasse tuer par un psychopathe masqué. La performance est intense et Jjune enchaîne les punchlines sans répit en posant avec ce flow très pesant. Pour reprendre le thème du slasher suggéré par ces fameux violons, il serait comparable au tranchant d’une lame, tant il découpe tout au travers de ses textes. C’est une sorte d’annonce ou plutôt une menace, quant à ce qu’il compte envoyer par la suite et cela donne très envie d’en voir plus, espérons le plus vite possible. Serenade Corp à donné au titre le clip qu’il mérite en l’illustrant dans un parking glauque occupé par des hommes armés, on imagine alors un véritable coupe-gorge, illuminé de couleurs bleues et rouges pourtant pas moins oppressantes que le reste.
Velko – Honey Boo
L’article se clôture ici avec quelque chose de plus léger qui contraste complètement avec les autres œuvres présentées plus haut. Parfait pour l’arrivée des beaux jours, Velko délivre Honey Boo qui mélange trap chantée sur les couplets et refrains encore plus dansants. À noter que la collaboration sous la guitare et les basses de RJacks & Masta fonctionne à merveille. Ces artistes sont très connus dans le monde de la production instrumentale, notamment pour avoir produit des titres pour Maes, YL, Djadja & Dinaz, Naps… Ici, ils servent parfaitement la voix mielleuse de Velko. Le refrain à la particularité de dégager une aura très Pop/Variété bien surprenante. Elle a pourtant toute sa place dans la composition générale et rend presque nostalgique d’anciens tubes francophones. Il va sans dire que le son parle de relation amoureuse, d’ailleurs quoi de mieux pour s’exprimer sur ce type d’ambiance musicale ? Velko fait ça très bien et montre un potentiel pour exceller dans ce style.