*Allume l’autotune, gamme G*
Après une écoute en avant première sur la radio .Wav de Beats1, Birds In The Trap Sing McKnight est sorti en exclusivité sur AppleMusic le vendredi 3 Septembre. Le deuxième album studio et quatrième projet solo de l’artiste autotuné a été mixé et masterisé dans le bus lors de la tournée de Kanye West “Saint Pablo”. On attendait le disque, on l’a eu, mais que vaut-il ? L’oiseau a-t-il bien chanté ? Réponse.
*Gros 808, beat trap 130 BPM*
Don’t fuck up the drums
N’oublions pas qu’à la base, Travis est signé chez G.O.O.D Music en tant que producteur et non rappeur, puisque c’est ce qu’il est à la base. Il doit surement savoir qu’on l’attend au tournant la dessus et bien évidemment, on reçoit ce qu’on attendait : une gifle. Je me suis vu m’ambiancer dans le bus en rentrant chez moi à cause de l’écoute sur Beats1. Grosse trap (c’est ce qu’on aime, et accessoirement ce qu’on attendait), on retrouve toujours l’identité musicale de Scott, son style personnel est omniprésent sur tout le disque, et on se retrouve à bouger la tête sur chaque morceaux au départ des drums (Il avait d’ailleurs dit lors de son Clique avec Mouloud Achour « Je m’en fout du reste [en parlant des divers instruments qui peuvent composer une prod], mais on déconne pas avec les drums », on comprend son obsession pour ça quand on écoute ses morceaux). PS : pour les gens pas à l’aise avec le terme « drums », les drums dans une prod c’est tout ce qui constitue la batterie (les kicks, les snares, les hats, etc).
Mais qui donc doit-on remercier ? On peut surement commencer par CuBeatz qui est à l’origine de 5 des morceaux de l’album. Egalement très présent à différentes reprises, remercions Murda, Cardo, Mike Dean, OZ, Vinylz. Un gros big up au poto sûr TM88 (c’est pas crédible que je le cassdèd’ comme si on était en contact avec lui chez HHR ? Bon ok). On retrouve aussi le producteur/rappeur canadien NAV, qui signe la prod de son feat avec La Flame (une de mes préférés), et pas mal d’autres têtes plus ou moins connues sur l’ensemble de l’album. Vous l’avez compris, le garçon n’a pas fait les choses à moitié. Ya du beau monde (toujours avec Scott), et vous avez largement de quoi ambiancer vos potos en soirée avec l’album, ou vous ambiancer seul dans votre gamos en rentrant de chez votre racli la nuit sur l’A86 (et ce malgré le fait qu’il y ai pas de méga banger comme Antidote sur Rodéo).
Album solo ou playlist de streaming ?
Plus que présent, le projet comporte 14 titres dont 12 sont des featurings. Un choix assez audacieux, puisque l’artiste pourrait se perdre lui même au milieu de ses feats, et que l’auditeur pourrait ne plus trop comprendre s’il écoute l’album de Travis Scott ou une playlist sur Deezer. On aurait aimé plus de solo, mais les featurings ont répondu présent donc on va pas (trop) se plaindre. Et La Flame n’a pas eu peur de s’entourer de grosses pointures : dès qu’on lance l’album, le premier morceau est un feat avec la légende André 3000, de quoi donner le ton et mettre la pression directement. L’homme d’Atlanta a répondu présent, se plaçant dans un délire sombre pour nous raconter son enfance a ATL pendant une série d’assassinats d’enfants.
Dans les grosses pointures, on retrouve également son idole Kid Cudi pour le morceau Through The Late Night (et un court vocal dans Way Back avec Swizz Beats), dans lequel Travis reprend le flow de Cudi dans Day’N’Night au début de son deuxième couplet, un véritable régal. Assurément un des plus gros titres de l’album, on espère un clip. C’est surement le morceau qui a le plus gros potentiel en tant que single pour porter l’album. On compte aussi parmi les invités, “le meilleur rappeur actuel” selon Travis, qui n’est autre que Kendrick Lamar, pour un morceau d’amour. Le couplet de Kendrick est vraiment chaud, cette collaboration fait vraiment plaisir et je trouve qu’elle a une bonne symbolique : 2 MCs de la nouvelle génération que tout semble opposé, l’un à fond trap autotune avec des textes légers, l’autre plutôt boom-bap et écriture très poussée, et qui sont pourtant capable de collaborer ensemble pour donner un bon morceau. Ça fait du bien au rap (et ça ferme quelques bouches aussi).
Les collabs habituelles venues de ses gars d’ATL sont présentes en les personnes de Young Thug et Quavo pour le premier single de l’album Pick Up The Phone (ces deux là était déjà présent sur Rodeo et Days Before Rodeo).
Enfin, pour clôturer cet album on retrouve The Weeknd sur le titre Wonderful (qui était déjà présent sur Rodéo d’ailleurs). Toujours intéressant, The Weeknd apporte vraiment une touche unique sur ses feats avec des rappeurs je trouve. Concernant les autres collabs, Scott a fait appel au rookie de l’année 2015 j’ai nommé Bryson Tiller pour un morceau sur le thème de ? Bon vu l’invité la réponse est facile mais bon, oui ca va bien parler de femmes, et plus particulière d’une qui se joue d’eux. Inattendue mais non moins réussie collaboration. Enfin, on trouve un double featuring avec Cassie (bon, pourquoi pas hein), le poto 21Savage, le canadien NAV (si vous ne connaissez pas je vous conseille sa mixtape, elle est franchement pas mal), et Blac Youngsta. Oui faut suivre parce que on s’y perd vite sinon, ça fait un peu beaucoup a mon goût surtout pour un album solo.
Mais en fait, l’album il est lourd ou pas ?
Dans son ensemble, l’album est bon ya pas à dire, c’est vraiment du bon son. La qualité du travail qu’a fourni Travis Scott se fait vraiment sentir à chaque écoute, chaque morceau. Les prods, les feats, tout ça c’est validé par la street. Mais (oui parce qu’il y en a toujours un), l’album a aussi ses points noirs. On regrette un manque de prise de risques (les artistes aujourd’hui ils ont du mal à sortir de leur zone de confort quand même). Il y a peu de variation d’ambiances, dans le sens où on se sent dans à peu près le même délire pendant 16 titres. A titre de comparaison, dans son précédent opus Rodéo, on pouvait passer de 3500 à Antidode, et revenir sur Wasted en s’arrêtant par Maria I’m Drunk. On ressentait vraiment différentes atmosphères, différents délires, un Travis avec plus ou moins de « poppin pills » dans l’hémoglobine en quelque sorte. Sur BITTSM, je trouve que ce côté variation n’est pas assez prononcé c’est dommage.
Pour les plus pointilleux d’entre nous, on pourrait reprocher la prononciation un peu forte, conduisant à une détection un peu facile des inspirations/influences de Travis pour l’album. Similitude entre Not Nice de PND et Guidance de TS (à savoir d’ailleurs que Guidance est un remix, du titre suivant), entre Levitate de Kendrick et Goosebumps de TS (à savoir aussi que ce sont les mêmes producteurs pour les 2 titres mais c’est pas une raison), etc. En bref, cet album a ses petits défauts, mais dans l’ensemble ça reste vraiment du bon son à consommer sans aucune modération. Vous pouvez vous noyez dans l’album ça ne fera que du bien à vos oreilles ne vous inquiétez pas. Pour ceux qui connaissaient déjà La Flame avant cet album, foncez écouter celui là vous allez kiffer. Pour ceux qui ne connaitrait pas encore et qui souhaiterait se lancer (c’est possible de pas connaître Travis Scott en 2016 ?), foncez aussi, cet album est une bonne introduction dans l’univers de l’artiste (écoutez ensuite Rodeo puis Days Before Rodeo, vous sortirez de cet épreuve avec de l’autotune gréffé dans la trachée et un 808 qui se déclenchera à chacun de vos battements de cœur).
Mon Top 3 (non classé) :
- Throught The Late Night Feat. Kid Cudi
- Goosebumps Feat. Kendrick Lamar
- Biebs In The Trap Feat. NAV
Bonus track :
Un mini documentaire a été posté par Travis Scott sur le déroulement de la production de l’album, enfin c’est ce qu’il avait dit. En réalité c’est surtout des images de concerts mais bon, c’est pour les plus curieux d’entres vous.