Bishop Lamont. Un nom qui ne parle probablement ni aux plus jeunes, ni aux plus vieux. En 2005 pourtant, il signe sur le label Aftermath quand Dr. Dre décide de le prendre sous son aile. Après Snoop Dogg, Eminem, 50 Cent et The Game, ça devait être lui.
Mis en avant sur des bandes originales de jeux vidéos tel que Madden NFL ou NBA Live dans un premier temps, un album, The Reformation, est rapidement annoncé. Pourtant le temps passe et malgré des sorties de mixtapes ou de street-albums de qualité, tels que Caltroit avec Black Milk ou The Confessional, les gens attendent Detox avant tout. Même si Grow Up ou Hallelujah s’avèrent être de très bons sons, ils ne prennent pas assez pour devenir de vrais singles et lancer la machine. Lassé d’attendre Bishop quitte le label de son mentor en 2010, laissant derrière lui des regrets et quelques centaines de sons non diffusés. C’est finalement cette année, en 2016, qu’on arrive au bout du chemin. Il a beau avoir paru peu actif depuis sa séparation avec le Docteur, l’album vient de sortir !
Aux premières notes de l’intro, Then You Die, produite par DJ Khalil, on sait où on va: on retrouve Bishop comme on l’avait laissé. Sensation confirmée par les morceaux suivants. Il ne cherche pas à sonner jeune, il cherche à sonner bien, et ça marche! Found A Way ou Shoot Em Up nous donnent envie de crier que la Westcoast est en vie, mais pas de la même façon que pour YG ou que pour les Black Hippy. C’est bien le son West de la fin des années 2000 qu’on retrouve, celui qui n’a finalement jamais eu de vrai représentant, celui que Bishop devait représenter. Et si cette scène là n’a pas réellement eu de têtes d’affiches, tant pis ce sont les anciens qu’il met assez logiquement à l’honneur en invitant Ras Kass sur The Realest Shit, Xzibit et RBX sur le très bon Life Or Death ou Kokane et Warren G sur Razord Blade.
Finalement, seul Dr. Dre manque à l’appel… Impression encore amplifiée lorsqu’on se penche sur la tracklist. On retrouve en effet Stat Quo, un autre artiste Aftermath qui n’a jamais vraiment explosé, sur le très efficace Crazy mais surtout beaucoup de producteurs qui bossaient avec le Doc’ à l’époque. DJ Khalil bien sûr qu’on a déjà cité plus haut et qui produit 5 morceaux de l’album, mais également Warren G qui c’est occupé du morceau sur lequel il pose, Focus qui est à l’origine du reposant Are You Ready ou Mark Batson sur The Heretic. Liste à laquelle on peut rajouter Bink qui, s’il ne travaillait pas directement avec Aftermath, avait produit plusieurs sons pour Bishop lorsqu’il était encore signé. Presque une affaire de famille donc …
Au niveau des thèmes, pas de quoi s’étonner non plus. Bishop, qui veut dire évêque en anglais pour ceux qui l’ignorent, reste fidèle à ses principes et la religion est centrale dans cet album. Certains morceaux aux titres assez évocateurs ont été cités plus haut, mais on peut ajouter l’excellent Lord In Heaven, The F Word, Speak To Me et ses influences gospel ou le très bon Devil In My Way à la liste. Ce qui ne l’empêche pas d’aborder d’autres thématiques, comme sur Un-American, morceau au titre encore une fois explicite en compagnie de Ryu et d’Apathy d’Army of the Pharaons. Tout n’est évidemment pas parfait et deux ou trois morceaux s’avèrent plus dispensables que le reste mais à l’écoute de cet album on ne peut qu’être satisfait.
Sortir son projet avec des années de retard est toujours compliqué, et des artistes comme Papoose ne nous contredirons pas, mais avec The Reformation Bishop Lamont peut être classé parmi ceux qui ont réussi à le faire et surtout à bien le faire. L’album ne sonne pas moderne mais il ne sonne pas non plus comme une production dépassée. Il est difficile de déterminer de quand exactement datent chaque prods mais au final quel importance? On découvre ces sons comme on découvrirait un gros album des années 2000 à côté duquel on était passé sans que les années ne lui aient donné une ride. Et finalement c’était sans doute ça que l’on attendait de lui. En espérant que la suite, si suite il y a, ne sorte pas après autant d’années d’attentes, elle!