Le magazine Billboard révélait début novembre que Spotify prévoyait de faire évoluer son modèle de redevances au début de l’année 2024. Dans le cadre de ce nouveau modèle, la plateforme sanctionnera financièrement les labels et/ou distributeurs lorsque des abus seront constatés. Avec ce nouveau système, la plateforme souhaite donc réguler les flux d’écoutes, mais comment cela va-t-il fonctionner ?
Les nouvelles règles du géant suédois
Le fait de sanctionner les fraudes n’est pas nouveau chez Spotify. Lorsqu’un cas de fraude est constaté, la plateforme retire les flux d’écoutes artificiels afin de d’éviter de fausser les décomptes ou le calcul économique de prorata qui permet la rémunération des artistes. Le service de streaming retirait déjà les titres fraudeurs de ses playlists éditoriales, et même parfois les supprimait de la plateforme. Avec ce nouveau plan, Spotify va plus loin. L’idée est de pénaliser d’une amende de 10€ chaque titre incriminé lorsque plus de 90% des streams du morceau sont frauduleux. Le but affiché est donc de lutter contre les audios dits « artificiels » (qu’il s’agisse de musique générée par IA, ou de bruits atmosphériques type vent, pluie etc…). Toutefois, la majeure partie de ces audios ne provient pas de labels ou de distributeurs traditionnels tel que Universal, Warner ou Sony. Les entités qui encourront les sanctions seront donc les « néo-distributeurs » comme Distrokid ou TuneCore, moins regardants sur le contenu qu’ils diffusent sur Spotify.
Les artistes en majors sanctionnés ?
Malgré ce plan « anti-fraude », les artistes signés en majors risquent peu d’être sanctionné. En effet, si un artiste populaire décide de frauder pour augmenter son nombre de streams, il a très peu de chances d’atteindre ce pourcentage de 90% de streams frauduleux. Avec une fanbase existante, générant plusieurs centaines de milliers d’écoutes sur ses titres, le nombe requis de faux streams serait bien trop élevé pour atteindre ce plancher. D’après une étude du CNM, 80% de la fraude sur le streaming en France est liée à des titres en dehors du top 10 000. Cette réforme va donc plutôt sanctionner les artistes émergents qui souhaiterait booster leurs streams afin de négocier une potentielle signature en major. Ce nouveau plan n’a donc pas pour objectif de pénaliser les artistes qui pourraient avoir recours à la fraude, mais plutôt de lutter contre les individus/entreprises qui voudraient profiter abusivement de la rémunération qu’offre Spotify.
Une amende qui divise les néo-distributeurs
L’agrégateur Tunecore, qui appartient à Believe, a accueilli favorablement ce changement. Andreea Gleeson, PDG de l’entreprise, explique : « Afin d’empêcher les fraudeurs de s’emparer de revenus réservé aux artistes avec de vrais fans, toutes les entreprises doivent changer de politique de rémunération. les mauvais acteurs de diluer la réserve de redevances pour les vrais artistes avec de vrais fans, toutes les entreprises doivent faire partie de la solution. Nous avons également entamé un dialogue approfondi avec toutes les plateformes de streaming partenaires, y compris Spotify, pour déployer activement des mesures anti-fraude qui encouragent les fournisseurs de contenu à effectuer les investissements nécessaires. Nous sommes entièrement d’accord avec les mesures mises en œuvre par Spotify ».
Face à ce système, Distrokid (l’agrégateur numéro 1) semblerait être en opposition à cette amende. L’entreprise explique que le fait de pénaliser les distributeurs de la sorte est injuste car il n’est pas possible pour eux de déterminer si un individu publiant du contenu via leur service compte utiliser des robots afin d’augmenter artificiellement son nombre de streams.
En déployant ce plan anti-fraude, Spotify veut continuer à réguler les contenus qui sont publiés sur sa plateforme, tout en évitant l’éparpillement des redevances à cause de titres frauduleux, qui n’auraient jamais dû générer d’argent.