Le jeune rappeur originaire d’Amiens, Soussa, qui a commencé tôt l’écriture de ses premiers textes nous dévoile ses envies de toujours vouloir se surpasser afin d’éviter de stagner, démontrant ainsi sa détermination. Passionné de mangas et s’inspirant du monde qui l’entoure, Soussa est prêt à tout pour réussir dans le milieu de la musique. En ne se contentant pas d’un style et voulant créer sa propre touche musicale, l’artiste collabore avec le beatmakeur Saydiq qui est aussi son producteur. Bien entouré et déterminé, le jeune rappeur a tout l’avenir pour lui.
REVRSE : Tu fais du rap depuis que tu as 10 ans, c’est bien ça ?
Soussa : J’ai commencé à écrire mes premiers textes vers l’âge de 10 ans. Je me souviens parfaitement, j’habitais en ville et j’ai dû déménager loin, à un endroit où il y avait personne. J’étais déjà fan de musique à l’époque. J’étais dans ma chambre et je me suis dit que j’allais essayer d’écrire un texte. J’écoutais beaucoup de rap, que ça soit français ou américain, pendant la période Sexion d’Assaut… J’ai commencé à écrire et au début c’était pas fameux. Mais ça me permettait d’extérioriser et de me libérer en m’enlevant un poids, je galérais moins. Après je me suis pris au truc et j’ai continué.
REVRSE : À partir de ce moment, tu as attendu quel âge pour enregistrer ton premier titre en studio ?
Soussa : La première fois, ça devait être vers 12-13 ans, c’était pendant l’année de 5ème ou de 4ème au collège. J’ai connu les studios tôt, avec des potes. On montait nos propres clips, on se filmait nous même. Je faisais du foot à côté, à un moment donné c’était soit le foot soit la musique. Et j’ai choisi la musique.
REVRSE : Tu faisais aussi partie d’un groupe à l’époque…
Soussa : Avant ouais, c’était des potes de Paris. On s’est rencontré sur Facebook. Vers mes 15 ans, j’avais arrêté de rapper avec mes potes, c’était une période creuse. Et avec le réalisateur William Thomas et le groupe de rap Médusa, ils se connaissaient un peu tous. Je les ai contacté au culot. Au départ ça partait sur un feat et au final ils m’ont dit viens on fait un groupe. Ça s’appelait Geno Squad, on a envoyé un EP de 5 titres.
REVRSE : Pourquoi est-ce que vous avez fini par arrêter cette aventure ?
Soussa : Il y a quelques galères internes, avec le clippeur, de mon côté j’avais les crocs. Le problème c’est qu’on avait pas la même dalle. Je déteste stagner, je suis tout le temps en quête d’évolution. À un moment donné, j’ai vu que ça stagnait, mais en bonne entente, je leur ai dis que j’allais partir en solo. Il ne l’ont pas mal pris mais ça les a peut être un peu démotivé. C’était pas une décision facile, je suis content que ça se soit bien passé entre nous.
REVRSE : On remarque des vrais changements d’ambiance sur les premiers clips que tu sors à ce moment, c’est à ce moment que tu trouves ton univers ?
Soussa : Franchement, non. Avant je faisais tout au feeling, j’écoutais des instrus en vrac et je testais dessus pour voir si j’accrochais. J’avais pas pris conscience des différences que ça créait d’un son à l’autre. j’étais encore dans un apprentissage Je tâtais d’autres terrains, d’autres vibes. C’est difficile, mais créer ma propre identité musicale c’est quelque chose que je veux faire à terme. ceci dit, je suis un amoureux de la musique sous toutes ses formes et je ne peux pas me contraindre à rester dans un registre. L’idée, c’est d’arriver à trouver un juste milieu entre toutes mes influences pour que le public retrouve un peu de tout.
REVRSE : Sur Hey Hoes, tu avais collaboré avec le compositeur Saydiq, comment s’est faite la connexion entre vous deux ?
Soussa : C’est bien que tu m’en parles parce qu’aujourd’hui c’est mon producteur, notre lien va au-delà de la musique. À l’origine c’était une rencontre par connaissances interposées. Je revenais de la période où je faisais des allez-retours à Paris, je me suis posé dans ma ville et j’ai cherché un studio. J’étais avec un ingénieur du son et ce mec là était le pote à Saydiq. La connexion s’est faite de là. Après en studio le feeling est bien passé, on a fait quelques sons ensemble. Lui cherchait déjà des artistes avec qui bosser, donc la connexion était évidente.
REVRSE : Après Papi Chulai, ta chaîne YouTube reste inactive pendant un an. Entre temps, tu sors les freestyles TENKA sur Instagram, d’où te vient ce concept ?
Soussa : TENKA ça veut dire boule de feu. Et HANNYA c’est une fille avec des joues un peu gonflées et des cornes. C’était pour différencier le côté freestyle kické et les autres morceaux enregistrés avec un délire un peu AMV accolé à l’univers manga. C’est une esthétique que j’aime beaucoup.
REVRSE : D’ailleurs sur ton single il me semble avoir saisi une phase sur Itachi, l’un des personnages préférés de Naruto…
Soussa : « J’avais tout calculé comme Itachi ». Ouais, ça m’inspire de fou les mangas, car c’est toute une oeuvre qu’il faut assimiler à chaque fois. Comprendre comment c’est créé, comment l’intrigue est amenée… Pour être exact, je regarde plus d’animés que je lis de mangas car je trouve que les émotions sont mieux transmises.
REVRSE : T’as eu l’occasion de te rendre au Japon ?
Soussa : Pas encore mais j’aimerais bien y aller, en fait j’aimerais bien aller dans un tas d’endroits. Ça doit être intéressant et inspirant de se baigner dans la culture japonaise.
REVRSE : À partir de septembre 2018, tu dévoiles une vingtaine de freestyles Instagram en moins de 12 mois… Pour montrer l’étendue de ta palette artistique ?
Soussa : C’était pas forcément judicieux de sortir des titres définitifs. Même au niveau de la plume, je devais évoluer. Ça m’a permis de m’entraîner, d’entraîner mes flows, les émotions que je transmettais… Je parlerais pas de stratégie, c’était juste l’occasion de faire plaisir aux gens qui m’écoutent en m’entrainant. C’était un peu une période de transition où je sentais que je devais passer un cap.
REVRSE : Les freestyles MUN, où tu sollicitais le public pour le choix d’instru et de certains mots, était à la fois un entrainement et un évènement super fédérateur pour ta communauté.
Soussa : Ouais, ça aussi je le prends comme un entraînement qui me rapproche de mon public. Ils vont plus se sentir concernés par ce que je vais dire, ce que je vais transmette. Ça me rapproche de mon public et ça élargit mon champ lexical. Parfois j’apprends des mots carrément, c’est lourd !
REVRSE : MUN c’est un nom qui te vient d’où ?
Soussa : Là aussi c’est un renvoi à l’univers de Naruto, Madara… MUN c’est la lune, c’était des freestyles lunaires en quelque sorte.
REVRSE : Entre Hey Hoes en 2018 et Dans le néant en 2019, on ressent clairement une évolution visuelle, qu’est-ce qui s’est passé entre temps ?
Soussa : Hey Hoes, c’est en indépendant. Pour la petite histoire, j’ai capté le copain de ma cousine, qui taffait chez RedBull, en vacances à Malte. Je lui ai demandé de me tourner un clip, mais dans ma tête c’était juste un petit visuel sans prétentions. Au final il a kiffé le son, il était grave investi. On s’est fait une journée clip et le rendu était plus que qualitatif dans la mesure où tout était basé sur notre bonne entente. Entre temps, avant Dans le néant, mon équipe a totalement changé. J’ai rencontré la manageuse de Saydiq qui a commencé à travailler avec moi aussi. En plus de ça ils ont leur structure, Music is Coming et Convivencia Music. Forcément, quand tu travailles avec des professionnels, ça te permet d’évoluer plus facilement. Avec des gens investis et aguerris pour m’encadrer, j’ai senti que je passais un vrai cap de ma carrière. Pour Dans le néant on a commencé à travailler avec des réalisateurs, en essayant d’adapter à chaque fois notre choix à l’ambiance du morceau.
REVRSE : Justement, est-ce que tu mets un peu ta touche dans les clips ?
Soussa : Pour de vrai, tout le monde participe. J’ai déjà une petite expérience à ce niveau, mais le fait de travailler avec des gens dont c’est le métier m’enlève un poids des épaules. Je done toujours des idées, mais ce sont eux qui concrétisent.
REVRSE : Tu as sorti un son sur Daymolition aussi, ça t’a donné une nouvelle dimension ?
Soussa : Ouais, ça me redemande souvent des sons bruts comme j’avais fait pour eux. Je pense que ça se différenciait de ce qui sort là-bas au niveau des sonorités, des mélodies… C’était une bonne expérience, et dans une certaine mesure ça m’a ramené de nouveaux auditeurs. Il y a même un allemand qui a commencé à m’envoyer des messages ! C’est lourd, je regarde sa story et il screen tout alors que je suis personne. Je comprends rien à ce qu’il dit mais c’est gratifiant.
REVRSE : Tu as aussi sorti le clip de Jamais sur Tha Cage.
Soussa : C’est un concept qui permet de mettre en avant des artistes, que ça soit de la danse, du rap… Ils m’ont contacté parce qu’ils ont accroché à ce que je faisais. Moi, j’ai trouvé le concept intéressant donc on a fait quelque chose ensemble. C’est comme 1min2rap en quelque sorte. J’ai remporté la première édition en 2017, à l’époque où personne ne faisait encore vraiment de freestyles sur Instagram. On était une trentaine de participants, et au final j’avais gagné plusieurs centaines d’abonnés. Ça reste un bon souvenir !
REVRSE : Tu communiques beaucoup sur les réseaux, Instagram depuis quelques années mais aussi TikTok où tu dévoiles certaines exclus.
Soussa : TikTok, c’est parce que je suis en contact avec des influenceuses qui sont la plateforme. Chaque plateforme est utilisable, et à chaque fois tu touches des publics un peu différents. Ma dernière exclu TikTok est devenue presque virale de façon très naturelle, les gens ont juste accroché à ce que je proposais. Même la choré a été reprise ! D’ailleurs, les chorés c’est quelque chose d’important pour ce réseau. C’est aussi grâce à Clémence, une influenceuse qui a repris le titre en première. C’est des détails qui ont un vrai impact sur les écoutes et les vues, aujourd’hui TikTok a un impact très réel sur le monde de la musique. je pense à Drake…
REVRSE : Tu fais ton entrée dans la playlist Rap Digger le 7 mars avec Jamais, c’est quelque chose qui t’a poussé au niveau des écoutes aussi ? Aujourd’hui c’est une étape dans la carrière d’un artiste ?
Soussa : J’y croyais pas. C’était un truc de fou pour moi, je me réveille et je vois je suis en playlist Spotify. J’étais à côté des têtes du moment. Ca m’a fait super plaisir, ça donne un coup de boost. Ça rajoute de la valeur à ce que tu fais. Parfois t’as pas le recul nécessaire sur ce que tu fais, mais quand tu arrives en playlist c’est pas rien, c’est une marque de reconnaissance.
REVRSE : En parlant d’être reconnu, tu as déjà fait des petits concerts ou même de la scène ?
Soussa : Ouais j’en fait des petits, dans des petites salles, mais ça a pas forcément été une bonne expérience. C’est une configuration où le public te connaît pas. C’est dur d’échanger avec un inconnu, musicalement. C’est dur de transmette des choses à des personnes qui savent pas ce que tu fais. Mais je suis pressé que les gens viennent pour m’écouter. Qu’ils viennent car il me connaissent afin d’échanger en live avec eux, ça c’est un vrai objectif en ce qui me concerne. Carrément, parfois, quand je créais un son, je vais me l’imaginer en mode il y a 30.000 personnes qui chantent avec moi.
REVRSE : En avril on t’a vu en live avec Rim’K, comment ça s’est passé ?
Soussa : Rim’K a demandé à une connaissance de lui sortir une liste d’artistes à suivre, et j’étais dedans. Je savais que j’allais passer, mais pas quand. Je me suis connecté sur le live et jusqu’au dernier moment j’étais pas sûr de ce qui allait arriver ! Pour l’occasion, j’avais écrit un texte la veille que je connaissais par coeur. Au final, à cause de la pression, j’avais tout oublié et j’ai dû faire avec le texte sous les yeux. Mais je suis pas adepte de ça. Il faut que je connaisse les textes par coeur pour transmettre les émotions que je veux.
REVRSE : Est-ce que tu as besoin d’un moteur émotionnel pour écrire justement, des événements forts de ta vie ?
Soussa : Je m’inspire toujours de ma vie mais j’ai débloqué un truc qui me permet aussi de m’inspirer de la vie d’un autre. Je pars du principe que personne ne voit la vie du même œil. J’essaye de toucher tout le monde en véhiculant un message. Plus tu vas te livrer, plus ça va toucher de personnes. Par exemple, Je veux pas savoir, ça part d’une rupture. Je parle beaucoup des meufs, mais c’est ce qui m’inspire, pas tout le temps. Mais les relations humaines ouais. Quand j’ai écris « Dans le néant », ça parle pas des meufs mais tu vois que à ce moment là dans ma vie j’étais un peu dans le flou. Et j’essaye de transmette ça. Je m’inspire aussi des œuvres d’arts, par exemple dans une série ou un film ou n’importe, je vais pouvoir me reconnaître dedans et ça va m’aider à confectionner ma musique derrière avec l’image dans ma tête et je l’achemine. Je m’inspire du monde entier.