Les deux artistes venant de Belgique Caballero et JeanJass ont sortis le deuxième opus de Double Hélice, le 12 mai dernier. Un album qui rafraîchit en ces temps de fortes chaleurs et qui installe un peu plus la scène du plat pays au-devant de la scène rap francophone. Une immersion totale dans l’univers de ces deux rappeurs qui ont su se diversifier après le premier Double Hélice balancé il y a moins d’un an.
➡️ Echapper à la règle du « premier est toujours le meilleur »
Caballero et JeanJass ont su se démarquer par leur maitrise de l’égotrip, et pourtant ils ont décidé de prendre des risques sur Double Hélice 2. En effet, le genre est moins présent, hors il était omniprésent dans le premier et la prise de risque elle, est totalement payante. Les deux rappeurs belges ont réalisé un album hétéroclite ou chacun peut trouver sa perle, entre quelques sons égotrip dans l’album —ils y excellent donc pourquoi s’en priver?— et des morceaux plus légers comme le très efficace TMTC, clipé et mis en ligne sur Youtube un mois après la sortie de Double Hélice et qui a ravi bon nombre d’internautes qui n’avaient peut-être pas encore écouté le projet (et qui les a potentiellement poussés à le faire). On peut aussi voir dans cette tracklist des morceaux plus sérieux qui peuvent amener à une certaine réflexion avec Un endroit sûr ou encore Voler, et un rap alternatif dans Ma story, avec une instru proche de l’électro produite par BBL (producteur bruxellois) en feat avec la talentueuse Angèle, sœur de Roméo Elvis (qui est aussi présent sur le projet). Cette tracklist héberge donc une multitude de genres, de thèmes abordés, tout en restant dans un style propre à Caballero et JeanJass. Cette diversification des thèmes ouvre beaucoup plus de portes et élargit considérablement la portée de la diffusion de l’album. En effet le premier Double Hélice couvrait des thèmes beaucoup plus standards et une multitude d’égotrip comme Yessai ou le bonus track du rappeur natif de Barcelone Pharaon Blanc. Désormais, on retrouve une ode à l’amitié, leurs visions sur le monde qui nous entoure: ils s’affirment réellement comme têtes d’affiche de la vague venue tout droit du pays de Hergé.
➡️ Quand les rappeurs font le plein de références à la pop-culture
Caballero & JeanJass sont fortement inspirés par la pop-culture, entre références cinématographiques, sur la sape ou bien footballistiques, leurs sons sont imbibés de cela, ce qui leur confère une portée visuelle. JeanJass, en tant que grand fan de football, s’est mis dans la peau d’un entraineur de football de la banlieue de Charleroi dans Motivé (dont quelques scènes ont été tournées dans le Stade du Pays de Charleroi, antre du club de « Charlouze » le Royal Charleroi Sporting Club). Le rappeur continue et nous place pratiquement dans chaque sons une référence: Cristiano Ronaldo, Toni Kroos, Kevin de Bruyne en passant par le Bayern Munich et notre buteur Karim Benzema (« Jeune rebeu riche comme Benzé » – Soin). JeanJass semble être un fin connaisseur du ballon rond et sait de quoi il parle, il arrive soigné comme une passe de Toni Kroos dans ce rap jeu et démontre tout son talent comme le métronome du Réal Madrid. L’objectif de cet album est d’aller plus haut, de s’imposer encore plus comme étant un des meilleurs duo de la scène francophone (« JJ, Caba, ça joue bien c’est le tiki-taka »). Caballero, très attaché à Ralph Lauren n’hésite pas une nouvelle fois à prouver son amour pour la marque à travers les sons de cet album, il y fait plus que référence dans le morceau El Gordo Guapo, où il explique son rêve est d’être sponsorisé par elle. Le rappeur Bruxellois y va aussi de ses références cinématographiques (« J’suis un monstre comme le Kraken, j’vis caché comme Clark Kent »). Ces nombreuses références ont pour seul but de démontrer que ce sont eux les meilleurs, qu’ils montent vite, comme l’explique JeanJass dans SVP, ils ne jouent que pour « gagner comme Cristiano », ils ne sont là que pour figurer parmi l’élite de ce rap francophone. Ils font partie de cette vague de fraicheur bruxelloise venant d’un pays qui avait laissé beaucoup trop longtemps le rap dormir sur ses terres.
➡️ Une nouvelle pierre à l’édifice de la montée du rap belge
Bruxelles est devenu en quelques mois, une place forte du rap francophone d’où bons nombres de rappeurs sont sortis ces derniers mois, de Damso, le nouveau mastodonte du rap français, à Hamza en passant par Roméo Elvis ou encore Isha sans citer nos deux rappeurs Bruxellois. Dans un précédent article, on émettait la possibilité que Bruxelles soit le Toronto européen: énormément de similarités entre les deux villes, un rappeur poids lourd qui vend énormément et beaucoup d’entraide. En effet, les collaborations entre rappeurs belges sont nombreuses. Romeo Elvis qui apparait sur l’album de Caballero et Jean Jass, Hamza qui a invité Damso sur Zombie Life, et encore beaucoup de concerts communs le prouvent. Le rap belge monte de plus en plus et Caballero et JeanJass font partie de ceux qu’ils l’ont remis au-devant de la scène. « Heureusement que ces temps-ci ils pointent tous du doigt vers Bruxelles ». Caballero et JeanJass ont réalisés un 16 titre très bon, compliqué de ne pas être dithyrambique, des prods excellentes, des bons thèmes abordés, des flows impeccables, on pourrait continuer longtemps dans l’énonciation des points positifs dans ce projet mais on va s’arrêter là. Caballero et JeanJass ont frappés fort avec Double Hélice 2.