Avec sa rubrique « Le professionnel du mois », Ventes Rap met à l’honneur les décideurs derrière les plus belles réussites artistiques et commerciales du moment. Managers, producteurs, éditeurs mais aussi artistes entrepreneurs seront ainsi invités à revenir sur leurs carrières respectives, leur éthique de travail et leur vision de l’industrie musicale. Après Julien Kertudo, fondateur du distributeur Argentic Music, c’est au tour d’Oumar Samaké d’être à l’honneur de cette nouvelle édition.
Oumar Samaké peut-être aujourd’hui considéré comme une des figures les incontournables du rap business français, avec une carrière qui s’étend depuis presque deux décennies. Fondateur de la structure Golden Eye, il signe Joke, Dosseh, Dinos ainsi que plusieurs compositeurs majeurs (Richie Beats, Blastar, Cannibal Smith). Repéré par Benjamin Chulvanij, il prend la direction artistique du label Def Jam France en 2014. Il y demeure deux ans avant d’ouvrir son propre label, SPKTAQLR début 2016, via lequel il produit Dinos, Dosseh et plusieurs artistes en développement (Marie Plassard, Momsii, La VV), et assure le management de Lacrim. Plus de 6 ans après sa création, SPKTAQLR montre des résultats impressionants : tous les projets de Dinos, Lacrim et de Dosseh sortis sur la structure ont été certifiés.
Le challenge Dosseh, la confirmation Dinos
Pour Dosseh, le boss de SPKTAQLR confie avoir ressenti une certaine pression à la sortie de son premier album en 3 ans : « Sur ce créneau et sur cette typologie d’artiste, tu ne peux pas te permettre des absences trop longues. Revenir après 4 projets certifiés entre 2016 et 2019 représentait un vrai challenge. Trop tôt pour mourir est rentré numéro 2 du top abum avec plus de 10 000 albums vendus en première semaine. Pour nous, c’est une réussite et cet album marque le début d’un nouveau cycle pour Dosseh, qui va enchaîner très prochainement. » Concernant Dinos la sortie d’Hiver à Paris a bénéficié d’une stratégie minutieuse d’occupation du terrain tout au long de l’année. « C’était important pour nous de faire des projets de proximité avec son public, destiné à ses fans les plus assidus. L’idée était de sortir des mini-EP de trois titres pour justement emmener cet album Hiver à Paris. Je pense que cette stratégie a été un succès, tant au niveau commercial pour les mini-EP que au niveau de l’excitation du public pour Hiver à Paris. » Ce dernier vient d’être certifié disque d’or, la quatrième certification en autant de projets pour Dinos.
Deux album en un mois, un défi pour SPKTAQLR
Les deux sorties rapprochées de Trop tôt pour mourir et d’Hiver à Paris ont impliqué un travail très intense de la part des équipes de SPKTAQLR, qui sont forcément plus réduites que les effectifs d’une major : « Les évènements se sont enchaînés et ça a demandé beaucoup de concentration de la part de chacun. » Il nuance cependant sur la charge de travail : « C’était une expérience un peu compliquée car c’était la première fois qu’on sortait deux albums avec un mois d’écart. Cependant, on ne s’est pas senti débordés et on a réussi à mettre en place tous les plans marketing qu’on avait en tête. Le fait que Dinos et Dosseh n’aient pas le même chef de projet a aidé à répartir le tout. » Ces têtes d’affiches au sein de SPKTAQLR permettent à Oumar de mettre en avant les jeunes pousses du label : « Je ne force à rien, mais je propose et je favorise car je pense que c’est une bonne manière de les présenter au public. Quand on a mis Marie Plassard sur No Love avec Dinos, je sentais très bien le morceau. Il est aujourd’hui certifié platine et se dirige tranquillement vers le diamant. Ce genre de succès nous encourage encore plus dans cette démarche de collaborations entre artistes SPKTAQLR. »
Le streaming, un facilitateur d’accès au business
Pour Oumar, le streaming a permis aux indépendants de gagner en puissance au sein de l’industrie : « Je ne sais pas si on vit un âge d’or, mais en tout cas, il est certain que le streaming a donné une liberté aux labels indépendants qu’ils n’avaient pas eue avant. Cependant, je pense qu’il n’y a pas assez de labels indépendants. Il existe beaucoup d’artistes associés à leur manager, mais pour moi, un label c’est une maison mère qui héberge plusieurs artistes. J’aimerais qu’il existe plus de marques comme les AWA, Bluesky, etc, ce qui permettrait de professionnaliser plus le rap et mettre en avant cet esprit indépendant. » Cette vision de l’indépendance ne s’arrête pas à la musique pour Oumar : « Je suis également co-producteur des tournées des artistes, car le but est d’avoir une vision 360 degrés sur la carrière des artistes. Aujourd’hui, la musique est un moyen mais pas une fin, car autour de la marque d’un artiste, il y a beaucoup de choses à faire. La musique est une partie de SPKTAQLR, mais ce n’est pas sa totalité. On réfléchit même à créer une branche sport dans les prochaines années pour poursuivre cette diversification de SPKTAQLR. »