Originaire de Malakoff (Hauts-de-Seine), Noname a commencé à faire parler de lui alors qu’il apparait dès 2017 sur la série de freestyles #AlloIciZolaski de Zola. Quelques mois plus tard, Zola gagne en popularité et devient l’un des nouveaux visages de la scène rap hexagonale. Noname y voit un encouragement et décide de passer à l’étape supérieure en se consacrant pleinement à sa musique. Réputé pour ses talents de kickeur, il décide de prendre le public à contre-pied avec de nouveaux titres aux mélodies soignées. Dans le même temps, il enchaîne les collaborations remarquées avec Diddi Trix sur l’EP Trix City, avec Zola sur l’album Cicatrices ou encore avec Key Largo et Liim’s du duo Q.E Favelas. Cette stratégie permet à Noname de se placer à l’épicentre d’une nouvelle génération d’artistes, mais aussi de se confronter à des styles très différents les uns des autres pour améliorer ses capacités techniques. Le rappeur, qui apparait désormais comme une étoile montante de la scène locale, n’a pas dit son dernier mot et est plus que jamais déterminé à se faire entendre par le public francophone… Et dispose de bons arguments !
REVRSE : On s’est déjà rencontrés au tournage d’un freestyle de Krew, j’ai l’impression qu’il y a eu des bons retour sur ce titre…
Noname : Franchement, ouais ! On l’a même fait une ou deux fois en concert et les gens ont accroché. C’est assez turn up, ça veut dire que les gens ont validé le truc.
REVRSE : T’es de Malakoff, mais tu passes aussi beaucoup de temps dans le 93, comme ça se fait ?
Noname : En fait, ma mère a déménagé dans le 93 vers Clichy, Gagny, etc. J’ai aussi de la famille là bas, notamment des cousins, ce qui fait que je suis là bas comme si j’étais à Malakoff. D’ailleurs j’ai fait deux clips à Gagny, Nowname #1 et Ascension.
REVRSE : T’as tissé des liens avec pas mal de rappeurs de la nouvelle génération (Liim’s, Zola, Key Largo)… Comment ça s’est passé ?
Noname : Zola ça s’est fait en premier parce qu’il a fait un feat avec un mec de mon quartier, un jour il m’a envoyé une prod et on a sorti un son ensemble. Après, il m’a proposé de poser sur son album. Avec Liim’s, c’est arrivé un peu plus tard, quand j’habitais déjà dans le 93.
REVRSE : J’ai l’impression que c’est une génération qui avance en tir groupé…
Noname : Clairement, on sent que c’est l’heure des jeunes. Forcément, ça motive quand tu vois des gens de ton âge ou de deux-trois ans de plus au maximum qui pètent sans qu’on sache comment. Après ça ne m’est pas encore arrivé mais j’espère.
REVRSE : T’es dans une dynamique où tu progresses énormément en tant qu’artiste, il y a une différence nette entre ce que tu fais maintenant et tes premiers clips.
Noname : Il y a une énorme différence c’est vrai et il faut avoir conscience que c’est beaucoup de boulot. On va dire qu’à la base, j’étais tout seul et je payais mes séances et mes clips avec mon argent. Maintenant que je suis avec les grands de chez moi, tout se passe bien.
REVRSE : Je trouve notamment que tu commences à beaucoup travailler sur les mélodies.
Noname : Avec le temps, t’as des envies différentes et si tu fais la même chose tout le temps tu vas finir par avoir l’impression de faire le même son à chaque fois. C’est aussi pour ça que j’écoute pas de rap français, pour entretenir ma différence, j’écoute que tu rap américain : DaBaby, BlocBoy JB, Key Glock, Stunna4Vegas…
REVRSE : DaBaby a une grosse influence sur les rappeurs français en ce moment !
Noname : Ouais ! Les gens commencent à le connaitre ici… C’est énervant un peu (rires).
REVRSE : On ressent un peu son empreinte sur toi dans le sens où comme lui t’as un univers et un personnage qui sont authentiques tout en ayant un léger décalage.
Noname : Je suis un peu fan sur les fans je vais pas te mentir. J’ai écouté tous les sons de son projet, même de son ancien projet… Ça date pas de deux semaines.
REVRSE : Justement, t’as amené un nouveau délire autour du mot « panda » qui te sert à la fois à te désigner toi et à fédérer ta fanbase. Comment c’est venu ?
Noname : À la base, c’est un pote à moi qui m’appelle comme ça en fait. Moi, la première fois que j’ai sorti ça c’était dans l’album de Zola. Je trouvais que ça passait bien « gros bide de panda ». Et j’ai continué ! Ça me reflète un peu parce que moi tout ce qui est pompes et abdos c’est pas mon truc, si ça se trouve je vais mourir tout à l’heure donc je préfère fumer, boire et rigoler avec mes potes. La vida loca (rires). Autant être franc ! Tous les mecs cherchent à être balèzes, moi j’ai pas besoin de ça.
REVRSE : Ça va dans le sens de fidéliser le public, de créer une vraie communauté aussi…
Noname : C’est un peu l’objectif clairement, en tous cas je dirais que c’est devenu ma marque de fabrique.
REVRSE : Est-ce que tu t’es fixé des paliers pour l’évolution de ta carrière ? Notamment, est-ce que t’as prévu de sortir un projet ?
Noname : Un projet ? Pourquoi pas ! Pour l’instant je sors mes clips et j’ai commencé une grosse série de freestyles qui s’appelle Anoname.
REVRSE : T’aimes bien faire des mini-séries de freestyles, mais pour l’instant tu n’as pas encore sorti celle qui deviendra ta série emblématique…
Noname : Ouais, j’aime bien faire des trucs comme ça. En fait, vu que j’ai pas encore pété, je me dis que ça ne sert à rien d’enchainer les singles. Je préfère sortir des séries de freestyles où je montre tout ce que je sais faire, et si c’est ce qui me permet de monter pourquoi pas. Autant continuer.
REVRSE : Artistiquement, c’est quoi tes ambitions ? Est-ce que tu vises des featurings, est-ce que tu veux te développer d’une certaine manière ?
Noname : Personnellement, il y a aucun feat que je vise en particulier. Pour moi, je ne réfléchis pas trop avant de faire un son. Ça m’arrive mais c’est quand même assez rare. Mon ingé son est aussi mon beatmaker donc quand j’arrive en studio on fait la prod, j’écris sur mesure et je pose. C’est rare que je prenne une prod d’autre part, mais ça m’arrive de temps en temps évidemment.
REVRSE : Est-ce que tu peux parler de ton rapport à l’écriture ?
Noname : J’écris sur le moment quand on fait l’instru ou quand elle est déjà terminée. Ça m’arrive d’écrire en dehors du studio mais c’est que j’ai studio le lendemain ou dans la soirée, c’est rare que je prévoie. Maintenant aujourd’hui, je dirais pas que personne n’écoute les paroles mais c’est quand même un peu le cas. Pour quatre rappeurs, t’as dix-neuf trappeurs, et je pense que dans la trap on est plus focalisés dans le flow, l’ambiance, la mélodie… Ça n’engage que moi bien sûr. Après, c’est sûr qu’il faut pas dire n’importe quoi, je vais pas écrire « je sors de chez moi avec ma tartine de Nutella ». Et encore… Il y en a qui le font.
REVRSE : Est-ce que ta proximité avec Liim’s c’est un truc qui t’as poussé à évoluer mélodiquement ?
Noname : C’est une question difficile, j’avais déjà enregistré des sons avec plus de mélodie mais jamais dans le style de Liim’s qui est un peu mi-turn up. Forcément, ça m’a emmené vers quelque chose de nouveau.