Il y a un an et demi, KPoint faisait une entrée remarquée dans le paysage du rap français grâce à son profil atypique. En effet, l’artiste originaire du 91 était toujours muni d’une guitare qui lui a rapidement fait office d’étendard et d’outil de différenciation. Une prestation remarquée dans Rentre Dans Le Cercle s’enchaînant avec la sortie du projet Trap’n Roll, unanimement salué par la presse spécialisée, et le nom de KPoint était déjà ancré. En un peu plus d’un an, le rappeur originaire de Ris-Orangis n’a pas chômé puisqu’il a écumé toutes les salles de France avec SCH. En parallèle, KPoint a également eu son premier véritable hit en compagnie de Ninho avec Ma 6t va craquer, qui est d’ores et déjà single de platine et cumule près de 35 millions de vues YouTube. Après ce travail, il était logique que le rappeur matérialise cette année 2018 avec Temps Additionnel, qui marque une véritable scission artistique. En effet, l’artiste à la guitare propose dorénavant un projet plus abouti, sur lequel les choix artistiques sont plus affirmés et plus convaincants.
REVRSE : Il y a un an, on se rencontrait pour la sortie de Trap’n Roll… Il s’est passé beaucoup de choses durant ce laps de temps, comment résumerais-tu cette année ?
KPoint : L’année 2018, c’est l’expérience. J’ai fait beaucoup plus de choses, notamment sur les connexions, j’ai pas hésité à m’ouvrir à m’ouvrir sur l’extérieur et je ne l’avais pas forcément fait auparavant. Artistiquement, j’étais vraiment enfermé dans quelque chose, maintenant je ne m’éparpille plus dans toutes les directions. Vraiment, si je devais résumer cela en deux mots : évolution et expérience.
REVRSE : Il y a un an, tu sortais donc Trap’n Roll, quelle vision as-tu désormais de ce projet ?
KPoint : Je te mens pas, j’ai déjà oublié ce que j’ai fait hier (rires). Je pense uniquement à demain, je suis déjà passé à autre chose. Trap’n Roll m’a servi à, mais désormais j’en suis au point où je m’apprête à sortir Temps Additionnel, et il faut que je le développe de la meilleure des façons.
REVRSE : Niveau actualités, t’as également beaucoup tourné cette année sur scène…
KPoint : J’ai fait les premières parties de SCH, sur l’ensemble de sa tournée. Franchement, c’est lourd, ça fait partie de l’expérience, plus j’en fais, plus je m’améliore. Je m’inspire des autres et en regardant ce que Le S fait, c’est impressionnant, surtout par rapport à son public qui suit de très près. Quand je me produis sur scène, je progresse à chaque fois donc c’est bénéfique.
REVRSE : En termes d’ego, ce n’est pas une situation difficile de faire la première partie d’un autre artiste ?
KPoint : Je ne vois même pas quel ego il y à avoir. Soyons réalistes, SCH est en place, je vais venir mettre quel ego là-dedans ? Je dois faire ma place autant que lui et s’il faut passer par les premières parties, je le fais sans aucun souci. Cela fait partie du processus et je trouve ça lourd, il y a une reconnaissance de sa part vis-à-vis de mon travail, je suis gagnant.
REVRSE : Par rapport à Temps Additionnel, t’as encore souhaité proposer un long format 19 titres…
KPoint : (coupe) Je m’en rends même pas compte que c’est long, mais si t’enlèves les feats, ça en fait 16, soit un de moins que sur Trap’n Roll au final.
REVRSE : En parlant des featurings, il y a eu Ma 6t Va Craquer avec Ninho, t’as forcément dû sentir un avant et un après ce featuring, pourrais-tu expliquer comment tu l’as ressenti ?
KPoint : C’était une grosse exposition, le son a bien fonctionné… Je ne pensais même pas qu’il fonctionnerait à ce niveau. Le public s’est davantage intéressé à ce que je faisais. Désormais, il y a un changement, c’est non négligeable. En sortant du studio, je me suis dit que le son était lourd, mais cela m’arrive souvent finalement. Après, la façon dont les gens le prennent, tu ne t’y attends jamais. T’auras tes petits pronostics mais j’étais surpris par le résultat. Honnêtement, je voyais 5 millions de vues, ce qui est déjà pas mal, et actuellement on se rapproche des 35.
REVRSE : Au niveau des featurings, il y en a également deux autres, avec Sadek et GLK, comment s’est faite la connexion avec ce dernier ?
KPoint : Je l’ai vu par l’ensemble des featurings qu’il a faits et tous les sons qu’il a sortis jusqu’à présent… Je le vois au même stade que moi à peu près. GLK est grave chaud mais il faut qu’il se fasse encore plus connaître. C’était vraiment un rapport humain, il est super simple, il se prend pas la tête et c’est quelque chose que j’apprécie. Il est passé au studio, nos producteurs se connaissaient, et on est immédiatement partis sur un son.
REVRSE : Et pour Sadek ?
KPoint : C’est un boug que je voyais absolument sur la prod qu’on m’avait envoyée. C’est une production aux sonorités latines, ça me semblait évident que Sadek soit dessus donc je l’ai directement invité.
REVRSE : Histoire de finir sur cette partie, je trouvais cela étonnant qu’il n’y ait pas de collaboration avec SCH au vu du temps que vous avez dû passer ensemble…
KPoint : Ca parait évident ! Et ça aurait pu être lourd… Ou peut-être qu’il est déjà fait, c’est la surprise, on ne sait jamais.
REVRSE : Concernant Temps Additionnel en tant que tel, tu ne trouves pas qu’il y a davantage de cohérence musicale et artistique sur ce projet ?
KPoint : Totalement ! Déjà, j’ai travaillé la plupart des sons avec la même équipe de beatmakers, et au fur et à mesure on voyait dans quelle direction s’orienter. Par exemple, Prisonnier du Globe, à l’heure actuelle ce serait Temps Additionnel, le titre Trap’N Roll ce serait Ma 6T Va Cracker, nous voulons toujours amener de l’évolution.
REVRSE : J’ai eu l’impression que t’es également légèrement sorti de cette image de rappeur à la guitare, est-ce qu’il s’agit d’un travail effectué en amont ?
KPoint : Au final, c’est un petit détail qui a changé la donne. J’ai toujours la guitare, mais désormais elle est électrique. Je n’ai plus la grosse guitare noire. Esthétiquement, ce n’est pas assez tape à l’œil et cela peut être un peu déconcerter le public. C’est autre chose la guitare électrique, c’est rock, c’est un peu actuel, et j’ai donné beaucoup plus sur d’autres styles sans forcément rajouter de la guitare dedans. La guitare électrique est bien plus actuelle, donc le public aura moins cette image du rappeur à la guitare, c’est moins acoustique et moins relou.
REVRSE : Je voulais savoir combien de temps avais-tu consacré à ce projet, si tu l’avais réalisé tout au long de l’année 2018 ?
KPoint : Ça m’a pris un an pour le projet au total. Je suis pas du genre à revenir sur des morceaux déjà enregistrés ou que j’avais mis de côté pour les exploiter sur l’album. Je suis parti dans cette direction uniquement quand j’ai invité des beatmakers. Les sons que j’ai bossé hors composition directe avec les beatmakers, je les ai faits naturellement, à l’instar de Multimillionaire. J’ai donné ce que j’aurais donné dans Trap’n Roll, notamment sur l’utilisation de la guitare. Dans la direction du texte, les gens qui suivent depuis Trap’n Roll ne seront clairement pas déboussolés.
REVRSE : Est-ce que tu as des attentes particulières par rapport à Temps Additionnel ?
KPoint : Sur Temps Additionnel, il faut qu’il fonctionne, du moins je l’espère. L’idéal serait qu’il fasse autant voire plus que Trap’n Roll, il est plus ouvert et plus accessible, du moment que je sens l’évolution, tout est bon. Je m’interdis de me mettre la pression commercialement. J’ai donné ce taff, je vais continuer à taffer jusqu’à ce que j’atteigne mon objectif.
REVRSE : Par rapport à ton style musical atypique, tu ne penses pas que ton développement va prendre un peu plus de temps ?
KPoint : Je viens du 91, je rappe et je fais de la guitare, où est-ce que t’as vu ça ? Dans la tête des gens, il faut qu’ils captent. Ça met beaucoup plus de temps que si j’avais proposé un rap plus classique, je me concentre sur ça et il faut développer quelque chose autour de la guitare et essayer de mettre ce truc en avant. Du moment que c’est bien fait, on arrivera à un moment où on se dira, on est bons, on tient le truc.
REVRSE : Tu parlais du 91, je trouve que certains rappeurs sont arrivés avec leur propre délire, notamment PNL, et cela a explosé pour eux. Finalement tout le monde peut péter dans le 91, la malédiction est derrière vous…
KPoint : Elle est finie, elle est terminée, avant ça ne pouvait pas. Je pense que chaque secteur a son moment de lumière aussi, regarde le 93, avec 93 Empire, ils sont bouillants en ce moment. En ce moment, ce que t’entends, c’est le 93.
REVRSE : L’objectif de Temps Additionnel sera d’être défendu sur scène ?
KPoint : J’espère vraiment la faire, j’ai envie de défendre ce but à la 93ème minute sur scène !