Le jeune rappeur d’origine tunisienne originaire de la Fierté Sous Jarre (Seine-et-Marne) nous dévoile une première mixtape intitulé Le mal est fait. Après une série de freestyles publiés sur la chaîne YouTube de Daymolition qui a attiré tous les regards sur lui, ISK dévoile l’ensemble de sa palette artistique dans un projet qui alterne en permanence entre chant et rap. Prometteur, ce premier jet contient un univers déjà teinté de moments de vies, mais aussi une énergie débordante.
REVRSE : Revenons sur la série de freestyles Acharné : après neuf épisodes, quels sont les retours du public ?
ISK : J’ai que des bons retours sur les Acharné, même si au final c’est surtout les épisodes 4 et 8 qui ont très bien pris en nombre de vues. Je me suis arrêté au 9 et les gens me demandent carrément un 10 ! Je pense que ça a marqué les gens.
REVRSE : Le 9 août dernier, tu as fait un passage remarqué dans l’émission Rentre Dans Le Cercle. Il y a un avant et un après au niveau de ta carrière ?
ISK : Ça m’a forcément aidé, c’est aussi la première fois que mon public m’entendait parler et qu’il me voyait hors clip. Les gens ont bien aimé ma prestation dans Rentre Dans Le Cercle. Pourtant, je ne me donne pas un personnage : je n’ai pas fait exprès d’être comme ça, j’étais naturel.
REVRSE : Peu après, tu sors un remix de Gustavio Gaviria de Lacrim sur ton Instagram. J’ai l’impression c’est un artiste qui t’a pas mal influencé…
ISK : J’aime beaucoup Lacrim. Je le suis depuis que je suis petit. Je pourrais te sortir tous les noms de ses albums ! Je ne peux pas en placer un plus haut que l’autre mais Corleone, R.I.P.R.O. vol. 1 et Force & Honneur m’ont vraiment marqué. Les autres aussi sont incroyables : Faites entrer Lacrim, Toujours le même…
REVRSE : À long terme, est-ce qu’une collaboration entre vous deux serait possible ? As-tu déjà demandé un feat avec lui ?
ISK : Non, j’ai jamais demandé mais j’espère vraiment que ça se fera. Ça sera pas pour maintenant, mais c’est un objectif à atteindre en quelque sorte.
REVRSE : T’écoutes d’autres artistes ? Il me semble que tu avais déjà parlé de Maes…
ISK : J’écoute beaucoup Maes, je sais pas si c’est une influence mais c’est possible qu’à force d’écouter ses derniers sons ça m’ait aidé sur les mélodies. En tous cas, j’ai bien aimé son dernier album Les derniers salopards, j’adore la partie de Maes sur Blanche.
REVRSE : Ton public a des rapports mitigés à tout ce qui est chanté, mais en écoutant bien on voit que c’est quelque chose que tu fais depuis les premiers épisodes d’Acharné.
ISK : Bien sûr. Pour te dire, ne premier son que j’ai enregistré étant chanté et non rappé. Je comptais le clipper, mais ça ne s’est pas fait, par la suite j’ai préféré sortir un son plus rap où j’ai mis de la mélodie. Quand on y pense, comme tu as dit, depuis le début il y a un peu de mélodie. Et sur ce projet certains sons sont en plein dedans.
REVRSE : Les trois sons produits par Noxious (Garantie, Sentiment et Au clair de la lune) ont cette composante mélodique, ils ont été enregistrés en même temps ?
ISK : Pour les trois sons j’étais en studio avec lui. Le premier titre sur lequel on a travaillé ensemble était Garantie; et le feeling est directement passé. Noxious, c’est une star dans la prod et surtout il est très investi, c’est pour ça que j’aime autant travailler avec lui. Sur la composition de Garantie, on est tellement allés vite qu’on a commencé Au clair de la lune le même jour. Le jour d’après, j’ai enregistré mes couplets seul.
REVRSE : Il te conseille sur les mélodies ?
ISK : Oui. Par exemple le premier couplet de Garantie et la deuxième partie du refrain d’Au clair de la lune sont des toplines de Noxious. Pour sentiment, c’est le premier couplet et le refrain qui sont des toplines. En fait, quand on y pense et qu’on prend du recul, on a toujours travaillé comme ça sans le vouloir. Premier couplet il fait la topline, refrain aussi il fait la topline mais après je finis le taff en kickant. Et ça marche toujours. Noxious a des prods avec des toplines déjà faites dessus. Il y a que la prod de Sentiment pour laquelle il n’avait rien. Sur ce coup, il l’a fait en direct : il est rentré en cabine et il a enregistré directement. Moi, j’ai validé.
REVRSE : Dans le morceau Prêt tu déclares que tu ne t’es pas encore trouvé. Pourtant, à l’écoute du projet, j’ai plutôt l’impression du contraire…
ISK : Je sais que je peux aller plus loin. Je sais que je peux encore m’ouvrir dans mes mélodies afin qu’elles soient plus douces et agréables à entendre. Je peux apporter plus de fraicheur, qu’elles rentrent plus dans la tête tu vois ? Il y a peut-être certaines mélodies qui sont trop simples, où je ne vais pas allez assez loin. Et même dans mon écriture je peux encore pousser, je le sais.
REVRSE : Justement, quel est ton processus d’écriture ?
ISK : Avant, les grands ne m’emmenaient au studio que quand j’avais un texte fini complet. Il fallait que j’écrive avant. J’avais l’habitude d’écrire chez moi. Maintenant je vais au studio, j’écris plus chez moi. Je suis tout le temps au studio, du coup je prends des longues séances et j’écris là-bas. Il faut que l’instru me parle aussi, si elle ne me parle pas c’est compliqué d’écrire dessus. Il y a certaines instrus que je n’aimais pas, mais à force de les écouter, c’est rentré dans ma tête et j’ai écrit dessus. Par exemple pour le freestyle Les 11 rappeurs à suivre, l’instru m’a direct parlé et j’ai écrit très vite dessus.
REVRSE : Comment tu faisais pour rapper avec des textes déjà écrits ? Tu changeais de flow selon l’instru en arrivant en studio ?
ISK : La plupart de mes textes, la plupart des premiers Acharné, n’ont jamais été écrits sur l’instru finale. On va dire que je m’adapte. J’ai une oreille assez développée pour savoir si ce texte là il va là ou si ce texte là ne va pas là. Mais il y a des choses qui changent, par exemple pour Acharné 4 le texte avait été écrit pour une autre prod et j’avais pas prévu de partie chantée. C’est sorti tout seul quand j’étais dans la cabine.
REVRSE : Est-ce que tu travailles ton chant pour t’améliorer d’un morceau à l’autre ?
ISK : Pas vraiment mais je m’améliore avec le temps. À force de travailler, il y a que le travail qui paie. j’écoute les conseils des gens, je suis personne pour ne pas écouter les conseils des gens. Même un conseil de quelqu’un qui sera plus bas que moi dans le rap, j’écoute. Faut tout écouter dans la vie, il y a des bons comme des mauvais conseils.
REVRSE : Est-ce que tu écris certains titres pour la scène ? Par exemple Ramène, ça pourrait être quelque chose !
ISK : Je ne me suis pas assez projeté pour me voir sur scène avec cette mixtape. On n’est pas assez haut pour faire de la scène, même si j’espère en faire quand même. J’espère que ce projet me permettra d’en faire.
REVRSE : Il me semble que tu avais fait une première partie d’RK… Comment s’est faite la connexion ?
ISK : La connexion, elle n’est pas compliquée. Même avant que je rappe, nos managers sont frères. En plus son quartier et le mien ne sont pas très éloignés. Il m’a appelé et il m’a fait sa proposition, j’ai accepté directement. Sur Skyrock, c’est la même chose, pour RK et Djadja & Dinaz, on se connait parce qu’on vient de la même zone.
REVRSE : Du coup ton seul feat avec UZI sur le titre Acharné sur le T s’est aussi fait pour des questions de proximité géographique ?
ISK : Non pas vraiment, on s’est contactés sur Instagram.
REVRSE : C’est le seul featuring que tu as fais jusqu’à présent, mais on sait que tu es en contact avec Sifax, Zeguerre, Hooss et Dinor… Des collaborations à prévoir ?
ISK : Je suis prêt à faire des featurings sur le prochain projet en tous cas. Sur celui-ci, il aurait dû y en avoir d’autres mais c’est une bonne chose que ça se soit passé comme ça s’est passé parce que ça me permet d’amener mon délire et de me trouver. Un featuring en plus n’aurait pas fait tant de différence. En tous cas, on va bosser dessus à mon retour au studio !
REVRSE : Le son Le pire, le meilleur me fait un peu penser à des sons de rap des années 2000 sur une instru plus trap.
ISK : J’aime trop ce genre de sons à l’ancienne. Ça m’arrive souvent d’en écouter comme ça, juste parce que j’ai envie. La Sexion par exemple, quelques titres de Rohff et Booba, La zermi de Salif… Pour moi, la Sexion ont ouvert le rap, avant c’était trop street mais eux ont fait en sorte qu’on puisse passer à la radio. Je ne dis pas que c’est uniquement grâce à eux, mais en grande partie en tous cas. Des morceaux comme Avant qu’elle parte sont terribles, mais les rappeurs hésitaient à se mette dedans, alors qu’aujourd’hui n’importe qui peut parler de sa mère et heureusement !
REVRSE : T’en as pas fait tou pourtant ! (rires)
ISK : C’est ce que vous croyez ! Je l’ai fait, ce son.
REVRSE : Contrairement à ce que tu dis dans Sentiment, on retrouve pas mal de moments de vie cachés dans le projet. T’hésites pas à te livrer un peu.
ISK : Bien sûr, c’est important de raconter des vraies choses car ça peut faire la différence dans un morceau. Pour compléter ta question d’avant, j’ai fait un son qui s’appelle Yemma, ça veut dire maman en tunisien, en mars de l’année dernière. Le son est très bien, mais il est trop daté par rapport à ce que j’ai mis dans le projet. ceci dit, Les miens peut aussi bien parler de ma daronne. D’ailleurs, c’est elle qui voulait que je le mette, elle l’a écouté et elle l’a envoyé à mes tantes. Elle m’a dit qu’elles ont pleuré, même si je sais pas pourquoi.
REVRSE : Sûrement parce que c’est ton morceau le plus personnel.
ISK : C’est vrai qu’il y a des choses très personnelles dedans, en gros Les miens c’est un rêve que j’ai fait. Je l’a pas écrit, en tous cas toute la première partie. Je suis allé en studio le jour d’après et j’ai tout posé sans écrire. J’étais tout seul avec mon manager, donc c’est vraiment une ambiance à part.
REVRSE : Un autre son un peu à part, c’est Tu le sais…
ISK : Il est à part parce que c’est le plus ancien. Même niveau instru, ça pas été bossé avec les mêmes moyens. C’est aussi le deuxième son entièrement chanté que j’ai enregistré. Quand il est sorti, je me disais que je l’aimais pas tant que ça mais finalement le pré-refrain et le refrain font que j’accroche.
REVRSE : On peut dire que tu as trois voix : un peu chantonnée (Sentiment), un peu agressive et criée (Ramène) et carrément écorchée (Bigo, Boussole). T’en penses quoi ?
ISK : Exactement, ouais c’est exactement ça. Tu sais, tu viens de m’apprendre un truc là. Quand tu prends du recul c’est vrai, dès que t’as commencé à me donner des exemples j’ai capté de quoi tu parlais.
REVRSE : Il y a aussi une vraie évolution sur tout ce qui est visuels, tu y touches un peu ?
ISK : C’est mon équipe qui s’en occupe en général, mais forcément on discute de tout. Par exemple, c’est Hustler Game qui a réalisé Grave Vert, moi j’ai pas vraiment décidé que ça serait eux. Même au niveau des habits, c’est quelqu’un qui les choisit pour moi. D’ailleurs c’est marrant mais si on m’avait dit ça il y a un peu plus longtemps, j’aurais pas accepté de porter ce que je porte dans Richard Milles, au final ça me va pas mal.
REVRSE : Pour le projet, tu as enregistré combien de sons au total ?
ISK : On a enregistré à peu près cinquante morceaux et le choix était grave compliqué, il y a tellement de sons qu’on aimait que c’était une prise de tête de choisir. Mais c’est positif, ça veut dire qu’on a bien travaillé et que le projet va bien rendre.
REVRSE : C’est voulu de terminer la traclist sur des morceaux plus doux ?
ISK : Ouais, Boussole c’est une manière de dire au revoir. Pour te dire, je l’ai conçu directement comme le premier son de la mixtape. Après coup, mon équipe m’a conseillé de faire autrement, Toujours envie te met une claque dès le départ et c’est ce qu’on voulait.