Le 9 juin 2017 est sorti le dernier projet d’Infinit’, intitulé NSMLM, acronyme de « Nique Sa Mère Le Maire », en référence directe au maire de Nice Christian Estrosi. Le rappeur originaire d’Antibes était surtout connu pour ses déboires judiciaires avec l’homme politique évoqué plus haut. Néanmoins, depuis quelques mois, la tendance s’inverse et la musique d’Infinit’ fait bien plus parler que ses convocations au tribunal.
En effet, Nique Sa Mère Le Maire a connu un véritable succès critique, unanimement salué par la presse spécialisée, Infinit’ semble désormais avoir toutes les cartes en main pour placer Antibes sur la carte du rap français. Discussion avec un des rappeurs français mêlant parfaitement maîtrise technique, grande ouverture musicale, et surtout ayant un regard différent des Parisiens et des Marseillais !
HHR : Ton projet NSMLM est disponible depuis 3 mois, quels ont été les retours depuis ?
Infinit’ : Franchement, les premier retours étaient tous bons, franchement. Pour ceux qui me connaissaient déjà, ils ont super bien accueilli le truc, pour d’autres qui ne me connaissaient pas forcément mais qui suivaient Don Dada, le projet les a intéressés. Même une partie des rappeurs et des médias ont validé, tout le monde a joué le jeu, c’est bien.
HHR : Du coup, t’as eu l’impression d’avoir conquit un nouveau public ?
I : Ouais mais c’est dans la continuité, c’est-à-dire que c’est pas les gens qui écoutent de la variété qui s’intéresseront à Infinit’.
HHR : Toujours sur NSMLM, sorti chez Don Dada, comment s’était initialement faite la collaboration avec ce label parisien ?
I : Depuis qu’on a fait nos premiers morceaux ensemble, donc « Cigarette de joie » et « Parle moi de bénef », on est toujours restés en contact avec Alpha Wann. Dès que je montais sur Paris ou que lui venait dans le sud. Ensuite, il y a eu des concerts Don Dada, et également des premières parties pour L’Entourage. Ca s’est fait tout seul, ça a peut-être donné l’impression que ça a été fait du jour au lendemain, mais ça remonte déjà à un certain temps.
HHR : Pour en revenir au projet, après sa sortie, tu as sorti uniquement un clip et la promo semblait s’être figée, c’était intentionnel ?
I : C’était pas vraiment calculé après j’habite pas à Paris, j’avais demandé à ce que tout soit regroupé sur un minimum de temps. Je pouvais pas monter un peu à Paris, ensuite redescendre, remonter et redescendre.
HHR : Durant la période promotionnelle, t’en avais pas marre qu’on te parle de l’affaire judiciaire avec Christian Estrosi ?
I : Non, fallait bien que je m’explique là dessus, beaucoup en ont parlé, donc les journalistes voulaient savoir où ça en était, ça m’étonne pas mais j’en profite pour expliquer qu’Infinit’, c’est pas uniquement ça et que je suis sur autre chose.
HHR : Mais à la fin on te parlait même plus de musique…
I : Après ça a intéressé d’autres médias qui ne parlent pas uniquement de musique, il y a même des politiciens qui m’ont envoyé des messages.
HHR : Des messages de politiciens ??
I : Ouais, ils étaient de l’autre côté, ils me disaient « ce serait bien qu’on fasse des trucs ensemble », genre des concerts, j’ai refusé. Je peux pas être affilié parce qu’ils sont de l’autre bord politique, ça se passe pas comme ça. J’ai rien à voir avec la politique.
HHR : Concernant les futures sorties, t’es déjà retourné dans le four ?
I : Bien sûr, depuis que j’ai sorti l’EP NSMLM, j’étais en studio, je me suis pas arrêté de faire du son. Après, il y a un prochain EP qui arrive, on est en train de le finaliser, on est sur les mixes, en ce moment.
HHR : Du coup, tu poses au studio Camouflage, de Vallauris, tenu par Aymen des Coloquinte, c’est un groupe qui a dû beaucoup t’influencer plus jeune…
I : Bien sûr, quand tu venais du 06 et que tu voulais écouter du rap, tu les écoutais, pareil avec le Mic Forcing.
HHR : Est-ce que t’as une explication sur les rappeurs de Nice qui n’arrivent pas à percer ? Bien que t’as l’air de mettre fin à ce processus…
I : Il y a pas mal de raisons différentes, il y en a tellement qui rentre en jeu, tu peux pas te dire que c’est telle ou telle chose.
HHR : Puisqu’on parlait du 06, lors d’une précédente interview, tu avais évoqué la possibilité qu’un projet en commun avec Veust sorte, c’est toujours d’actualité ?
I : Ouais mais c’est toujours pareil, ça peut sortir n’importe quand, je t’ai dit que j’étais toujours en studio mais lui et moi bossons dans le même studio, on refait souvent des trucs ensemble. Donc, ça peut arriver n’importe quand !
HHR : Tu es désormais affilié à Denbasfondation et à Don Dada, ça se passe comment contractuellement pour toi ?
I : Je suis signé chez Don Dada, et DBF, c’est comme ma famille directement, il y a pas besoin de contrat, tu vois ce que je veux dire.
HHR : Depuis que tu as signé chez ?
I : Ils m’ont permis que ce soit plus professionnel dans la sortie d’un projet, afin qu’il se retrouve dans les bacs, dans les meilleurs conditions possibles. Même au niveau de la promo, des clips, après chez DBF, on s’occupait de nous, nous-mêmes, donc on galère plus à faire tout ça. Don Dada n’a pas le même réseau, ça va beaucoup plus vite.
HHR : Justement par rapport à ce réseau évoqué, tu penses qu’être resté dans le Sud-Est a été un handicap à un moment donné ?
I : Je pense pas, regarde les gens qui pètent viennent de partout, maintenant avec internet, t’en as plus trop besoin. Après ouais, pour la promo, les concerts tout ça, peut-être…
HHR : Pour en revenir à tes prochains projets, tu nous avais dit qu’un EP était prévu, mais tu sembles véritablement affectionner ce format étant donné que c’est le 4ème à la suite qui sortira…
I : En ce moment, ce format me permet de sortir plus de contenu, forcément tu mets moins de temps à faire 8 titres plutôt que 15, au final ça permet d’avancer plus vite…
HHR : Mais t’as pas eu envie de faire d’album ou de projet un peu plus long…
I : Si, bien sûr, mais mes deux premières mixtapes contenaient 20 titres, je pense qu’il faut que j’attends davantage d’engouement avant de sortir le gros projet. Et même avant NSMLM, ça faisait 2ans que j’avais rien fait.
HHR : Justement sur la conception du projet NSMLM, t’avais pas uniquement enregistré ces 8 morceaux durant tes 2 ans d’absence, t’en avais d’autres de côté ?
I : Non, j’ai fait du son pendant ces deux ans, mais on va dire que les 8 titres que j’ai mis dans NSMLM, ce sont les derniers qui ont été faits. Après j’allais pas non plus en studio tous les jours mais ceux que j’ai retenus ce sont les derniers sinon.
HHR : L’éclectisme des 8 titres du projet, c’était voulu de montrer l’étendue de ta polyvalence ?
I : Pour ceux qui connaissent mes premiers trucs, c’est depuis mon premier projet solo « HDS Vol 1 » (sorti en 2011), t’avais même déjà de la trap alors que c’était pas répandu comme maintenant.
HHR : Et t’écoutes quoi en ce moment au niveau cainry parce que t’es très à la pointe là dessus…
I : Ces derniers temps, je suis plus trop trop à la pointe mais le dernier truc que j’ai kiffé c’est l’album de 2 Chainz, dans tous les projets sortis un peu avant l’été, c’était lui le plus chaud. J’ai bien aimé celui de Lil Uzi Vert…
HHR : Le French Montana ?
I : French, bien sûr !
HHR : Il y a Masar dedans en plus…
I : Ouais, il co-produit le son avec The Weekend et Max B
HHR : T’as toujours des contacts avec lui de temps à autre ?
I : J’ai parlé avec lui, il y a quelques jours en plus. Après il est dans une autre vie, il est à New York, il fait de la vidéo, il bosse sur plein de trucs.
HHR : Sinon, pour faire une petite rétrospective sur ta carrière, tu vois comment Ma Vie est Un Film 4 ans après ?
I : Franchement, je suis content d’avoir fait ce projet, ça me rappelle une bonne époque quand on l’a fait, c’était un bon délire. J’en suis archi content, on m’en parle encore jusqu’à aujourd’hui.
HHR : Etant donné que tu parles de ton équipe, une compilation DBF à l’image des « Sud-Est Sale », ça pourrait encore se faire ?
I : Ouais ça pourrait se faire, on a récemment fait des morceaux ensemble, c’est comme le projet avec Veust, ça peut sortir n’importe quand. Dans la conception, ça arrive qu’il y en ait un qui commence un morceau et qu’il ne le finisse pas pour ensuite le donner aux copains, tout se fait au feeling.
HHR : On a l’impression que tout se fait au feeling, mais parfois tu mets l’instinct de côté afin d’être plus calculateur et de penser aux différentes stratégies ?
I : Les stratégies rentrent en jeu, une fois que le projet est fini, je pense pas du tout à la stratégie quand je fais un morceau. Faut que je prenne du plaisir à les faire et à les écouter, c’est le principal, la stratégie vient après. Savoir comment vendre le produit, c’est pas pendant que tu le fais que tu réfléchis à ça.
HHR : Faut s’attendre à quoi pour la fin de l’année ?
I : Sur les projets, je peux pas te donner de dates précises, mais surveillez de près tout va arriver, NSMLM dispo partout !