Le 29 septembre 2017, Hornet la Frappe a sorti sa mixtape Nous-Mêmes unanimement saluée par la critique. Ainsi, un mois après la sortie de son premier projet officiel, dans cette ère de surconsommation, de nombreuse auditeurs se demandent à quoi ressemblera la suite de sa carrière, en passant par son premier album. L’artiste d’Epinay sur Seine confiait en interview être déjà en studio afin de continuer à faire vivre sa musique mais à quoi ressemblera-t-elle après l’hiver ?
➡️ Nous-Mêmes, la quintescence de la performance
Bien qu’Hornet la Frappe soit présent dans le milieu du rap français depuis un certain temps, son projet Réussir ou Mounir sorti en 2014 ressemblait davantage à un projet brouillon voire test, ce qui n’est plus le cas sur Nous-Mêmes où l’évolution se ressent, fort heureusement. Il semble impensable de ne pas évoquer les moyens supérieurs dorénavant mis à la disposition de La Frappe afin de proposer un projet plus carré. Concernant la progression, celle-ci se traduit par une utilisation décomplexée de l’autotune, ainsi que des couplets bien plus tranchants où Hornet montre l’étendu de sa palette technique, son après son, quelle que soit l’ambiance de la production.
La polyvalence est un mot qui pourrait idéalement caractériser ce projet, car un son fédérateur comme Maghrébin détone complètement des featurings avec Kalash Criminel et Fianso, qui ont été ramenés pour représenter le département natal des 3 rappeurs mentionnés ci-dessus. Ajoutons à cela que le projet est totalement cohérent étant donné que la direction artistique est logique et corresponds aux attentes du public vis à vis d’Hornet. Ce dernier a enchaîné les freestyles Daymolition et des sons plus ouverts, créant un ADN Hornet, à savoir mélanger l’autotune et le rap pur et dur. Le son qui correspond le mieux à cette formule serait le freestyle Midi-Minuit, où en un son le rappeur d’Epinay montre toutes ses capacités.
Finalement, Nous-Mêmes est un condensé de son année passée à tâter le terrain, néanmoins à avoir voulu faire un projet complètement axé sur la performance, les doutes subsitent sur la suite. En effet, Hornet souffre d’un avantage qui peut aussi être considéré comme un inconvénient à moyen terme : le côté fédérateur. Si on devait dresser le portrait robot de La Frappe, on le qualifierait de débrouillard de quartier, fier de ses origines algériennes et de son équipe qui a tout fait pour l’aider à se développer. Cependant, à un moment donné, le public peut s’essoufler s’il n’y a pas davantage de profondeur dans le personnage. Les auditeurs ont besoin de se raccrocher à des éléménts sur la durée, à l’instar d’une création de marque.
➡️ Quel a été l’apport de son label REC 118 (Warner) dans le projet?
L’apport des maisons de disque est souvent passé sous silence mais dans le cas d’Hornet la Frappe, le travail est plus que remarquable. Au niveau promotionnel, le rappeur originaire du quartier d’Orgemont est passé dans les principaux médias, sans pour autant être omniprésent, le juste milieu a été trouvé. Hornet a surtout eu un Planète Rap, qui a peut-être moins de signification qu’avant mais était essentiel pour sa promotion. En effet, les moments mémorables de cette émission sont les freestyles, autrement dit la performance, l’axe principal de Nous-Mêmes. Surtout que l’artiste du 93 n’a pas déçu en freestyle et a montré qu’il était une référence dans cet exercice.
Dans la stratégie d’image, Hornet a réussi à rassembler pour son premier projet, dorénavant, REC 118 va travailler sur l’exploitation d’autres thèmes et peut-être proposer une promotion élargie pour le prochain projet afin que le personnage soit examiné en profondeur par davantage de médias. N’occultons pas le fait qu’Hornet défendait son premier projet et que la plupart des interviews était axée sur ses débuts ainsi que la découverte de l’artiste.
REC 118 a réalisé un énorme mois de septembre avec les sorties d’Aya Nakamura, Ninho, Sadek et donc Hornet la Frappe, à savoir que le label a occupé tout l’espace du mois de la rentrée. Quant à l’exploitation des singles, elle a été réalisée de main de maître, puisque Je pense à toi qui a été essentiel dans la promotion est sorti en plein mois de juillet durant les vacances. Le résultat se matérialise par un single phare courronné de platine. Sans oublier que sur le projet, d’autres singles peuvent être exploités tels que Ca passe entre autres. Sur la direction artistique, assurée par Mouss Parash, le leitmotiv était de combiner les sons éclectiques, tout en brossant un maximum de thèmes fédérateurs et en conservant l’ADN de rappeur perforateur. Le DA de REC 118 a réussi son pari.
➡️ Finalement, que peut-on attendre d’Hornet pour la suite?
Idéalement pour son succès, Hornet devrait tout faire pour essayer de décrocher le disque d’or, qui représente désormais un pallier psychologique pour attester de la réussite d’un projet. Ajoutons à cela que le rappeur d’Epinay avait dit que cela représentait un objectif pour lui dorénavant. A l’heure actuelle, Nous-Mêmes cumule près de 30 000 ventes après un mois d’exploitation, cela reste donc tout à fait envisageable. Le côté fédérateur est important car il représente une partie de l’an d’Hornet.
Il ne faut pas dénaturer le rappeur, mais il faudrait essayer de rentrer dans des thèmes plus intimistes et plus personnels. La Frappe a les capacités de toucher une personne à travers un thème personnel, c’était le cas sur Pouki mais le délire pourrait davantage être exploité, du moins afin de toucher un public encore plus large. Le public de 2017 est très curieux et veut tout savoir d’un artiste qu’il écoute, c’est pour cette raison que pousser vers l’intimiste pourrait être intéressant afin de rassasier le public sur son envie de tout connaître d’une personne.
Son prochain projet ne devrait d’ores et déjà plus sortir dans très longtemps étant donné que l’artiste d’Epinay sur Seine veut faire vivre sa musique le plus longtemps possible et que les concerts ne sont pas une priorité pour le moment. Des salles intermédiaires pourraient être remplies mais si cela ne l’intéresse pas à court terme, il y a fort à parier que la deuxième couche ne devrait pas tarder à arriver. Après avoir montré l’intégralité de ses capacités sur un projet carré, la prise de risque serait intéressante afin de proposer un contenu différent et de ne pas baser sa carrière sur de la polyvalence efficace.