Aujourd’hui âgés de 22 ans et originaires du 19ème arrondissement de Paris, Les Frères Scotch dépeignent dans leur musique leur amitié fraternelle qui perdure depuis leurs huit ans. Après la sortie d’une première mixtape intitulée Elle Est Haine sur Haute Culture en janvier 2017, on retrouve le duo à l’occasion de la sortie de l’EP Neptune. En dix titres, Lekas et Noskro font étalage de la versatilité de leur production musicale avec à la réalisation rien de moins que… Tefa ! Un véritable virage dans la carrière des deux artistes, qui ne cachent par leurs ambitions pour l’avenir. Entre leur enfance baignée dans le rap et la variété, l’influence de l’Entourage et leur capacité à créer en commun, Les Frères Scotch disposent de solides arguments musicaux et sont bien décidés à les faire valoir !
REVRSE : Pour commencer, est ce que vous pouvez vous présenter l’un l’autre ?
Noskro : Alors je te présente Lekas, il vient du 19ème arrondissement, porte de Pantin. On a grandi ensemble, on est amis d’enfance, on se connait depuis qu’on a huit ans [NDLR : ils en ont aujourd’hui 22] et c’est un mec qui a la niaque et qui est prêt à foutre le feu !
Lekas : Je te présente Noskro, l’expatrié du groupe, ancien habitant du 19ème qui vit aujourd’hui dans le 20ème. Je le décrirais comme déterminé, acharné et courageux.
REVRSE : Est-ce que votre nom de scène fait référence à la série Les Frères Scott ?
Noskro : Rien à voir, on n’a jamais regardé un seul épisode des Frères Scott…
REVRSE : Pourtant on peut trouver quelques similitudes entre votre univers et cette série dans le sens où c’est l’histoire de deux demi-frères qui par les aléas de la vie se retrouvent dans la même équipe de basket au lycée. Ainsi nait un esprit de compétition entre eux, qui se répercutera sur leur vie étudiante et amoureuse. A la fin de la série il y a une ellipse où tout a changé, sauf la relation particulière qu’ils partageaient.
Noskro : Ah c’est grave intéressant comme rapprochement ! On ne connait pas trop mais c’est intéressant comme idée.
REVRSE : Vous n’êtres pas frères de sang, en revanche Lekas est le petit frère de 2zer Washington, membre du S-Crew et de l’Entourage ; est-ce qu’il a eu une influence sur ta musique et peut être aussi sur celle de Noskro ?
Lekas : Carrément, carrément ! Pour nous deux, quand l’Entourage et le S-Crew ont commencé à émerger, on a commencé a ressentir un engouement autour du rap. Déjà plus jeunes, on écoutait ses premiers projets avec Lyricalchimie et déjà à cette époque il m’attrapait pour me dire de commencer à écrire mes propres textes.
Noskro : Vu qu’on les suit tous depuis longtemps, quand on a vu que ça a marché, ca a été l’élément déclencheur. On s’est dit ‘et pourquoi pas nous ?’
REVRSE : Donc c’est vraiment 2zer qui a dicté vos première influences ?
Lekas : Au niveau du rap oui, je me souviens que quand j’étais petit je prenais son iPod et j’écoutais Salif et d’autres sans connaitre leurs noms, puis après je me suis renseigné avec le temps.
Noskro : En fait on s’est retrouvés sur le rap, mais avant ca on avait chacun nos trucs. Moi par exemple je faisais du hip-hop, je kiffais la relation avec le rythme.
Revrse : C’est intéressant parce qu’on pourrait justement qualifier votre musique d’un croisement entre l’école de l’Entourage et un coté plus mélodieux, plus porté sur la rythmique ; vous expliquez ça par vos influences personnelles réciproques ?
Lekas : On ne sait même pas, on écrit tellement naturellement qu’en fait on trouve les mélodies à deux…
Noskro : Pour te dire la vérité on est grave complémentaires. Il y en a un qui va trouver la mélodie et l’autre va essayer de le corriger, puis on va partir sur autre chose. Mais on utilise un cerveau pour deux.
REVRSE : Ca se ressent sur vos morceaux, on a l’impression d’une entité unique qui pose avec deux voix… Pas de recette pour en arriver à ce stade j’imagine ?
Noskro : C’est le cerveau des Frères Scotch (rires). C’est exactement ça, je te jure il n’y a pas de recette, on se connaissait avant le rap et on est rentrés dans le truc ensemble. Et c’est ça qui fait en partie la force des Frères Scotch, c’est qu’on est vraiment frérots.
REVRSE : En écoutant votre musique, on a l’impression que vous n’avez pas toujours écouté que du rap, que vous avez baigné dans d’autres genres musicaux.
Noskro : C’est ça, quand j’étais petit j’écoutais du rock genre Linkin Park, Fall Out Boy puis plus tard, à l’époque des clashs Booba/La Fouine, le rap a pris une grosse place dans nos vies. C’est vrai quand tu dis qu’on a pas commencé par le rap, parce qu’à la maison déjà mes parents écoutaient de la variété, genre Jean Jacques Goldman.
REVRSE : On remarque aussi que vous mettez un point d’honneur à l’esthétique de votre production, c’est un point que vous importe ou vous avez été conseillés dessus ?
Lekas : Depuis le début, on s’est toujours dit qu’il fallait un visuel parce qu’aujourd’hui l’image est vachement importante. Quand on a décidé de sortir la mixtape Elle Est Haine, on voulait sortir quelque chose de vraiment carré, du coup on a taffé et investi notre propre argent pour payer des clips sérieux.
Noskro : Puis après la sortie d’Elle Est Haine, on a rencontré Benjamin Auriche qui nous avait contacté pour bosser avec nous après être tombé sur notre mixtape. C’est un mec grave sympa, qui nous a donné des idées de visuels pour des clips et nous a aidé à les réaliser quasiment gratuitement.
REVRSE : Cette première vraie rencontre dans l’industrie de la musique précède une deuxième, très importante, avec Tefa… Comment ça s’est fait ?
Lekas : Pour te dire la vérité on était chez Benjamin justement, en train de monter un clip et on a reçu le message de Tefa. A la base on ne savait pas qui c’était, alors on a commencé à lui lire le message et il nous a expliqué…
Noskro : Puis il [Benjamin Auriche, leur clippeur] a ouvert internet pour nous présenter son travail, on a commencé à capter qui c’était (rires des deux). Puis on s’est fixés un rendez-vous pour rencontrer Tefa, tout s’est super bien passé et depuis on continue avec lui. Ça donne de la force de fou de l’avoir derrière nous, je vais pas te mentir.
REVRSE : Quel a été son rôle lors de la conception de la mixtape Neptune ?
Noskro : (rires) Sur tout frère, c’est le producteur !
Lekas : Vraiment sur tout, sur les rencontres avec les beatmakers, les accès aux studios et même sur la direction artistique. En fait il arrive à mettre des mots sur nos pensées et en plus de ça c’est un mec qui voit super loin, il sait déjà où on veut aller donc il sait ce qui va marcher ou pas. Ça nous aide d’avoir quelqu’un qui peut prendre du recul alors que nous, on a la tête dans le guidon.
REVRSE : Finalement, ça serait pas la consécration que vous attendiez en écrivant « vous faites ça pour la médaille » ou « nique sa mère si c’est pas viral » ?
Noskro : C’est exactement ça, on commence à prendre la chose au sérieux.
Lekas : Ouais ouais c’est ça. Tu vois, quand on a reçu le message de Tefa on était vachement dans l’euphorie mais après coup tu commences à redescendre et à te rendre compte que rapper c’est devenu ton métier.
REVRSE : Maintenant que vous avez fait un premier pas dans la musique, qu’est-ce qu’on peut attendre des Frères Scotch pour 2019 ?
Lekas : Ça va bosser fort, dis-toi qu’il y a un deuxième EP qui va arriver, puis éventuellement un album si possible?
REVRSE : Éventuellement des apparitions solos ou des feats à prévoir ?
Lekas : Sur cet EP, il y a un featuring, celui avec mon frère. Ceci dit, tôt ou tard ça va se faire, on va apparaitre en collaboration avec d’autres artistes. Simplement, pour ce premier EP, on voulait faire une carte de visite et faire découvrir notre univers. Là on sort notre musique à nous et si ça plait à d’autres artistes on collaborera avec eux.
REVRSE : Qu’attendent les Frères Scotch des auditeurs durant cette année décisive ?
Noskro : Beaucoup de force, beaucoup de soutien pour le projet et les prochains jusqu’à ce qu’on arrive au sumum. Ca va prendre du temps mais ça va le faire.
Lekas : Et qu’ils aient autant d’ouverture d’esprit que nous !