« 100 Blaze, 100 Blaze, c’est Léonidas, Gang Zanher / Marseille, Dream Street Music enfoiré / Et là on détale sur la capitale pour leur faire du sale ». Quelques mois après ses premiers faits d’armes sur Daymolition, c’est ainsi que 100 Blaze s’est modestement introduit au grand public lors de l’épisode 6 de la saison 2 du Cercle. Arborant fièrement un maillot de Marseille et épaulé par ses deux amis et backeurs Drasko et Hiitch, 100Blaze se lance… Et il n’a fallu que très peu de temps avant de voir la magie opérer. L’énergie se ressent, les backeurs sont d’une précision chirurgicale et parfaitement synchronisés dans la gestuelle, pendant que 100 Blaze performe avec une nonchalance déconcertante. Toutes les têtes dans la pièce se mettent à bouger frénétiquement en signe d’approbation. Une fois son passage terminé, personne n’a plus aucun doute sur le fait que 100 Blaze a ce petit truc en plus qui le rend radicalement différent des autres. Il ne s’agit pas que de sa capacité à combiner d’une phrase à l’autre la langue de Molière et celle de Shakespeare, ni même de sa facilité à occuper une scène malgré sa jeunesse : 100 Blaze est un entertainer né. Agé de 19 ans et d’origine comorienne, il est un pur produit marseillais. Il grandit dans le quartier Felix Pyat avant de déménager à l’adolescence aux Lilas, toujours à Marseille. Proche des siens, 100Blaze est produit par Dream Street Music, un label local avec lequel il travaille et ne cesse de progresser depuis ses débuts.
Pourquoi as-tu choisi de te prénommer 100 Blaze ?
J’avais tellement d’idées de nom de rappeur, à la base je voulais faire un mix de noms de rappeurs que j’aimais bien et au bout d’un moment je me suis dit ça ne va pas le faire alors j’ai choisi 100 Blaze.
Tu peux me parler de ta ville, t’as grandi à Felix Pyat puis t’as déménagé aux Lilas c’est ça ?
C’est ça. A Felix Pyat je vais pas te faire un dessin, y avait de la violence un peu partout mais aux Lilas c’est plus calme. Quand j’habitais Felix Pyat j’étais pas à fond dans la musique déjà parce que j’étais plus jeune et que ça me dépassait, puis à cause des codes à la cité c’était compliqué de dire aux gens que tu vas faire de la musique.
Bien que tu viennes d’un des quartiers les plus chauds d’une des villes les plus chaudes de France, tes références de name dropping c’est Emile Zola, Luc Besson, Molière, c’est assez atypique.
(rires) C’est le côté décalé de la cité que j’ai toujours un peu eu, puis l’école ça m’a aidé, j’ai vu qui ils étaient au collège et au lycée.
Tu gardes des bons souvenirs de ton passage au théâtre ?
Bien sur, le théâtre ça m’a beaucoup aidé. Avant, devant la caméra, j’avais du mal. Même quand j’étais petit et que je m’entrainais tout seul dans ma chambre devant une caméra, j’avais du mal.
T’en as fait combien de temps ? Il y a un personnage que t’as particulièrement aimé interpréter ?
J’en ai fait pendant six ans, ça me permet pas d’être calé en références théâtrales pures et dures mais niveau performance scénique je me débrouille bien je trouve. Pendant les trois premières années, le metteur en scène ne se donnait pas à fond donc c’était plus ‘suivre mécaniquement le programme’ et c’était trop scolaire pour des jeunes de notre âge. Les trois années d’après, on était plus en harmonie avec le metteur en scène et on avait le droit à un peu plus de liberté. Du coup je me retrouvais à interpréter des rôles que j’amenais moi-même. Par exemple pour l’outro d’un spectacle j’avais proposé de faire un jeune qui vient et qui chante, mais ce personnage c’est moi, c’est moi le jeune qui vient et qui chante, à chaque fois que je pouvais j’essayais de ramener la musique au théâtre. Finalement, c’est moi mon personnage préféré à interpréter.
Et niveau films, ta référence ultime ?
J’en ai plusieurs…
Sans trop m’avancer, Lucy de Luc Besson ainsi que 300 en font partie ?
Tu te trompes pas du tout ! C’est surtout le personnage de Leonidas qui m’a marqué, c’est celui qui porte le flambeau. Il est pas au-dessus de sa bande, si ça se trouve dans sa bande y a un autre potentiel Leonidas mais c’est lui qui a le cran d’être leader et de porter les responsabilités de sa bande et c’est dans ça que je me ressens. J’assume ce que je fais et je pourrais pas le faire si derrière il n’y avait pas des gens qui me donnent la force parce que quand t’enlèves sa bande, y a plus de Leonidas. Lucy, je trouve ça incroyable de faire jouer des gros acteurs américains en France, et en plus ils nous ont bien respecté !
Acteur au cinéma, c’est une expérience qui te tente ?
C’est entre guillemets une reconversion que je vise pour plus tard, je veux pas m’arrêter à la musique. Pas dans le sens ‘ça dure qu’un temps’, je vais pas dire ces conneries, mais dans le sens où je trouve que je suis assez bon dans le domaine de la musique pour faire un petit quelque chose donc ce serait trop simple de ne faire que ça. Je veux piocher à droite à gauche, par exemple avec le théâtre j’ai appris à travailler mon écriture, utiliser des figures de styles qui vont rentrer dans la tête du mec qui lit le texte… Tout ça m’intéresse, je veux écrire des livres, sortir des films ou les réaliser ou jouer dedans peu importe…
On va faire plus simple, qu’est-ce que tu ne veux surtout pas faire ?
Rien, vraiment rien, tant qu’un domaine m’intéresse je suis à fond dedans. A l’école il y avait 50% de ‘la musique ça devient sérieux, on va tout niquer’ et 50 % de ‘je vais venir toute l’année à 8h regarder ce mec qui pue le café et à la fin c’est un papier qui va décider de ma vie’. Même les profs le savaient, ils me disaient ‘va t’asseoir au fond avec tes écouteurs’ parce qu’ils savaient que j’allais gratter mes textes. Sauf la prof d’anglais, elle, elle mettait du respect sur mon nom, on parlait, carrément je la corrigeais par moment.
Tu fais également beaucoup de références aux mangas : Gogeta, l’Akatsuki, DBZ, est-ce que tu en as beaucoup regardé ?
Je connais les grandes références mais y a aussi le coté porte-parole dont on parlait tout a l’heure, y a trop de gens dans mon équipe qui se sont tués à ça mais qui ne savent pas le chanter. Moi mon classique c’est One Piece avec Baggy le Clown, on le prend pour un rigolo mais 800 épisodes plus tard il est toujours là et il s’est sorti de sacrées galères en plus ! Et en séries c’est Black Mirror : les épisodes Play Test, Tuer sans état d’âme et USS Calister. C’est trop frère… Sinon je vais plus regarder des stands up : Chris Rock, Kevin Hart, Dave Chappelle.
En 2014 au cours d’une interview de Mobb Deep pour un media français, le manager présent sur les lieux avait demandé si un rappeur français avait déjà essayé de rapper en anglais car ‘le premier qui fait ça va décrocher la cagnotte’. Est-ce que ça te parlerait de faire de la musique pour le marché anglophone ?
Ah ça c’est une bonne question, bien trouvée. (rires) Beaucoup de médias m’ont posé la question mais jamais comme ça, et honnêtement j’ai jamais calculé ça. Il y a pas longtemps je relisais des textes que j’ai écrit quand j’avais 10/12 ans et y avait déjà des passages en anglais, en anglais nullissime, comme le français d’ailleurs, mais le délire c’était juste de faire rimer un mot anglais avec un mot français. Quand j’ai revu ces textes, je me suis dis ‘j’ai trop été matrixé par Kanye West et Rap Genius’ ! Mais pour te répondre, jamais je me suis dis ‘je vais aller aux States puis au Canada puis au Nigéria’…
Tu restes Léonidas, tu t’en fous des gros empires autour tu fais ta musique pour ceux qui te donnent de la force déjà en fait.
Exactement t’as tout compris.
T’as sorti le son Fuck Afrotrap, c’était quoi l’initiative du morceau ?
Déjà c’est pas contre l’afro-trap ça aurait pu être fuck drill, fuck hi- hop, ou fuck n’importe quel genre ; je l’ai fait parce que dans la musique quand t’as des gens qui innovent et qui arrivent avec une nouvelle façon de faire qu’on avait pas l’habitude de voir, au lieu de pousser ces gens et de les installer comme fondateurs du genre, on va essayer de subtiliser leur travail dans le mauvais sens. C’est pas comme s’ils essayaient de rendre hommage à MHD, c’est juste ils suivent la tendance en espérant rentabiliser le talent d’un autre.
Dans 100pac tu fais référence a Nate Dogg donc Nate ou Snoop ?
(il hésite quelques secondes) Snoop, Snoop, Snoop, c’est dur mais Snoop !
Jay-Z ou Kanye West ?
Jay-Z ! Pour moi Jay-Z c’est plus un hall of famer que Kanye West, les puristes et les butés de musique vont te dire Kanye West mais Jay-Z on étudie ses textes à l’école, il gagne des prix qu’aucun autres rappeurs n’ont gagné, il est milliardaire et il a Beyoncé.
Future ou Chief Keef ?
J’ai beaucoup saigné Future, je trouve qu’à chaque nouvel album il sait se renouveler et à chaque fois un nouveau succès est au rendez-vous. Après je connais quelques sons de Chief Keef qui sont des classiques de la drill mais j’ai pas saigné plus que ca.
Youssoupha ou la Psy4 ?
La Psy4 juste parce que c’est Marseille, parce que j’aime beaucoup Youssoupha ! D’ailleurs s’ils comptent vraiment se reformer je serais leur premier fan.
Le meilleur rappeur comorien en France ?
Le meilleur rappeur comorien en France ? (répète-t-il comme si c’était évident) Soprano, bah c’est Soprano parce que pour moi un bon rappeur sur n’importe quelle instru il te choque, qu’il rap ou qu’il chante, et Sopra sait le faire. C’est fascinant. D’ailleurs c’était un truc assez spécial d’être invité à son Planète Rap parce que je l’écoutais en grandissant et là je rappe à côté de lui.
Ca tombe bien j’allais te parler de ce Planète Rap et du Cercle, comment tu t’es retrouvé dans le Cercle ? C’est passé par L’Adjoint ou directement par Sofiane ?
Non c’est Fianso il m’a envoyé un message sur Insta et on a répondu présents.
D’ailleurs t’es fier de ta performance ? Et tu la classerais à quelle hauteur ?
Un peu quand même… Modestement. Première place… Modestement.
Comme tout Marseillais t’es un grand passionné de foot ; tu as fais un freestyle Manchester dont le nom n’a pas été choisi au hasard. Tu me fais un top 3 all time des joueurs de Manchester ?
Van Der Sar parce que c’était le doyen, il choquait tous les attaquants avec son maillot jaune là, Nani un bon joueur technique 5 étoiles et j’allais dire Cristiano mais je suis obligé de mettre Cantonna en fait.
Tu me fais ton 11 de légende ? Même le 10 de légende avec 100 Blaze en pointe.
Tu savais que j’allais me mettre en attaque. Alors attends, je vais te faire une belle compo en 4-3-3. Au goal Van Der Sar mais attention, Mandanda sur le banc, il faut respecter les légendes de Marseille ! A gauche, Marcelo parce que je suis un grand fan du Real, Ramos et Ferdinand en défense centrale, à droite Dani Alves. Les trois au milieu Kroos, Modric et Messi, t’as de la passe précise et de la vista et devant CR7 et Papin en pointe et moi à droite.
Attends t’as dis être fan du Réal ? J’avais plus de questions à te poser mais on va pouvoir parler de cette saison alors !
(rires) On reviendra sur ce sujet plus tard hein…