DJ Weedim a maintenant un peu moins d’une vingtaine d’années de carrière au compteur, et ne semble pas prêt de s’arrêter. Résident de grosses soirées sur Paris, Weedim a également fondé le label French Bakery et pour se concentrer de manière accrue sur des artistes comme Biffty et 2 Cheese Milkshake. On retrouve d’ailleurs ces deux artistes sur Boulangerie Française vol. 2 sorti le 16 février dernier et sur lequel on a pu entendre 13 Block, Alkpote, Cheu-B, Jok’Air, Iron Sy, Roméo Elvis, Di-Meh et Slimka ou encore A2H… Plus récemment, il a collaboré avec une douzaine d’artistes, l’agence Sourdoreille et ARTE Concert pour un projet en réalité virtuelle intitulé MC360…
Hip-Hop Reverse : Avant toute chose, comment vas-tu en ce moment ?
DJ Weedim : Tout va bien aujourd’hui. Je sais pas comment l’expliquer, il fait beau, c’est le retour du printemps ça doit être ça.
HHR : T’es DJ, Producteur, beatmaker, mais au final tu te considères comme faisant partie des trois catégories ou tu souhaites mettre une casquette en avant ?
DJ Weedim : Déjà, je ne me considère pas, je mets pas un mot sur ce que je fais. Après, en ce moment, on se concentre sur la production. Je fais toujours autant de tournées, avec Biffty et d’autres mecs, donc j’endosse tous les rôles et je suis actif dans tous.
HHR : Il y a des chsoes qui arrivent avec Biffty d’ailleurs…
DJ Weedim : Ouais, il y a l’album La Potence, qui est prêt et qui arrive au mois de Juin. Les premiers extrait vont bientôt débarquer. Toutes les vidéos seront faites par Julius, ça sera un beau projet.
HHR : T’as fait tes premiers pas dans le monde du rap avec Joey Starr, à l’époque, est-ce qu’il y a des choses que t’as apprises avec lui et que tu continues toujours à mettre en place ?
DJ Weedim : La dégustation de rhum, c’est-à-dire que tout se passe au niveau du palet, mais musicalement non, à part que je suis complètement fan du personnage.
HHR : T’as la réputation d’être un DJ qui écoute beaucoup de rap américain, est-ce que tu t’inspires également du mode de fonctionnement des DJ américains ?
DJ Weedim : Pas sépcialement mais il y a peut-être un moment où ça m’a motivé, même DJ Khaled à l’époque, il y a 10 ans, il faisait ses trucs. Avant, j’étais très dancehall et Khaled était venu mixer à un festival Fully Loaded à Miami, en 1999 ou 2000, un truc comme ça. Il était arrivé, il avait tout niqué. C’était incroyable… Quand il avait commencé son set, il avait crié son nom et après en patois jamaïcain, il disait que c’est lui qui avait la plus grosse voix dans le rap. Dans l’année qui a suivi ce festival, dans beaucoup de sons jamaïcains, ils avaient samplé les propos de DJ Khaled. D’ailleurs, il avait mis son premier son tellement fort qu’il avait fait péter tout le système.
HHR : Et à l’heure actuelle, c’est qui le meilleur producteur américain selon tes critères ?
DJ Weedim : Il n’y a pas de meilleur, mais c’est TM 808 qui me parle le plus. Après j’aime plein de choses, j’ai vu que Timbaland était en studio avec Smokepurp, ça va être la folie.
HHR : Depuis quelques années, t’as placé pour de nombreux rappeurs français, si tu devais mettre en lumière une collaboration que t’as faite et qui n’a pas assez été exposée, ce serait laquelle ?
DJ Weedim : Je suis toujours dans ce qu’il va arriver, donc dans l’immédiat t’as 2 Cheese Milkshake, il y a Biffty aussi, mais il a déjà son nom, il bosse afin d’être plus imposant dans le rap français. C’est au tour de 2 Cheese d’avoir de la lumière sur lui. On a de belles chansons qui sont faites, ça devrait sortir avant cet été normalement.
HHR : Beaucoup d’auditeurs t’ont découvert avec Alkpote, et votre collaboration a permis de redonner un second souffle à sa carrière, mais il y a des rumeurs disant que vous seriez en froid ou que ne vous travailleriez plus ensemble…
DJ Weedim : Non, on collabore plus ensemble pour le moment, mais on est absolument pas en froid, on joue encore ensemble la semaine prochaine ou dans très peu de temps dans un festival à Nantes. Il n’y a pas d’histoire, juste lui avait ses trucs à faire de son côté, moi aussi. Puis on est surtout pas l’abri de refaire un morceau ensemble à l’avenir, surtout qu’il est présent dans Boulangerie Française Vol. 2, ce qui montre qu’il n’y a aucune histoire.
HHR : Second éventuel sujet sensible, en 2014, t’avais produit le morceau Christian Estrosi d’Infinit’ pour lequel ce dernier avait eu des poursuites judiciaires, est-ce que t’as également fait l’objet de ses poursuites ?
DJ Weedim : Ouais, je suis passé devant le juge, qui m’a auditionné. Donc t’arrives devant le juge, tu te dit ça va aller, mais en fait ils traitent le sujet de façon très sérieuse donc tu rigoles pas vraiment. C’était relou parce que j’avais rien fait, et Infinit’ aussi. On fait juste de la musique. Au final, on a été acquittés, l’autre s’est affiché, c’est un parano égocentrique.
HHR : Par rapport à Boulangerie Française Vol. 2, et son format compilation, est-ce que t’avais pris une claque quand t’avais écouté les compilations de rap français des années 90 ? (Hostile, Première Classe…)
DJ Weedim : Ouais parce que c’est arrivé avec un autre son, c’était pas un artiste unique sur le projet, c’était des compilations, donc plein d’univers différents. Les rappeurs étaient rassemblés parce qu’il y avait un DA, et ces disques font partie des classiques du rap français, c’est de la méga musique. Après ce ne sont pas ces compilations qui m’ont poussé à en faire. Juste, j’ai connu ces trucs là, ça fait partie de ma culture et j’ai fait Boulangerie Française juste pour moi.
HHR : T’as déjà pensé à faire des compilations dans lesquelles, il y aurait uniquement des collaborations ?
DJ Weedim : Très sincèrement, c’est ce que je voulais faire mais en fait c’est juste pas possible. J’ai pas réussi à le faire avec les artistes avec lesquels je voulais le faire. Parfois, c’est compliqué de mélanger des rappeurs.
HHR : Ca t’a demandé beaucoup de temps et d’énergie pour faire la compilation ?
DJ Weedim : Ouais, dès que tu fais un truc bien, faut que tu cadres les choses, te concentrer, donc oui ça l’est. Mais comme je dis à chaque fois, je me suis pas levé un matin, en me disant, c’est bon, je vais faire l’album Boulangerie Française, je bosse, je suis en studio toute l’année, j’ai des morceaux qui traînent à droite à gauche. A un moment, tu te dis faut sélectionner quelque chose, rajouter des morceaux et ré-enregistrer. Je peux pas dire combien de temps ça a pris mais à un moment, tu passes à la vitesse supérieure et t’enclenches le truc. J’ai décidé de finir ça en juillet dernier, et je l’ai sortie en février.
HHR : T’as pas rencontré trop de galères dans la réalisation du projet ?
DJ Weedim : Les rappeurs sont des collaborateurs, c’est comme dans le monde du travail, tout le monde essaye d’être le plus professionnel possible. Parfois, niveau timing, c’était compliqué, mais tu viens faire le morceau dès que t’es disponible, on s’arrange avec les emplois du temps de chacun pour mener à bien le projet. C’est surtout une question d’organisation.
HHR : Etant donné que t’avais déjà sorti le volume 1, c’était plus facile de faire venir certains artistes en montrant ce rendu final ?
DJ Weedim : Par exemple, Jok’Air, quand je lui ai posé la question, il a dit oui tout de suite. Il était sur le volume 1, il l’est également sur le second. Entre la première et la seconde, il y a eu deux ans d’écart, on a sorti pas mal de disques majeurs, l’album de Vald (ndlr : Agartha), l’album d’Alkpote (ndlr : Sadisme et Perversion), donc plus de personnes ont tendu l’oreille sur ce que je faisais car je bossais avec des gens un peu plus major.
HHR : En tant que DJ, t’as fait des tournées avec Alkpote, Vald, Seth Gueko, Biffty, de nombreux festivals, des premières parties d’artistes américains, qu’est-ce qu’il te reste à atteindre désormais dans cette profession ?
DJ Weedim : Je suis pas dans l’accumulation de choses, je fais ce qu’il faut faire pour que le label avance. On a tout ce qu’il faut, on doit continuer à produire de la musique, à trouver de nouveaux artistes et donc développer notre truc. Maintenant, avec le PTPFG, on a même notre propre festival Le Souye Fest, nos propres vidéos, une marque de fringue, des graphistes, on est comblés.