Dans un dossier publié en octobre dernier, le média Street Press s’est associé à la plateforme DIVA pour mettre en lumière les agissements du rappeur Retro X, accusé de viol et d’agressions sexuelles par huit femmes. Quelques mois plus tôt, ce dernier avait dévoilé son album Le ciel en licence chez Because Music. La maison de disques indépendante avait également participé à la conception de la compilation Emodrill – Le nouveau Western, dans laquelle Retro X apparaissait pas moins de huit fois. Dans un communiqué publié le 6 janvier, un groupe de salariées de Because Music et Because Éditions ont fait part des remous provoqués en interne par la découverte de ces faits. En octobre, le président des deux sociétés, Emmanuel de Buretel, découvre un recueil de témoignages collectés au sein de son effectif : « Choqué et surpris de l’étendue du problème, il propose de débuter immédiatement une enquête interne afin de mettre en lumière les faits et comportements que nous lui rapportons, et ainsi de prendre, le cas échéant, les décisions qui s’imposeront. » La maison de disques mandate alors maître Carole Pascarel pour réaliser une enquête interne, qui révèle « une ambiance sexualisée […] marquée par des paroles inacceptables et relevant de l’humiliation et du sexisme jusqu’au racisme et à l’homophobie ». Because met alors en place des sanctions disciplinaires, notamment le licenciement de son directeur général, et des mesures destinées à lutter contre ces pratiques, notamment l’ajout d’une clause dédiée à ses contrats…
Because introduit une clause contre les violences sexuelles dans ses contrats
Parmi ces mesures, le communiqué évoque une modification du règlement intérieur de l’entreprise, ainsi que l’ajout aux contrats destinés aux artistes et à leurs producteurs de clauses contre les violences sexistes et sexuelles. Vincent Le Nen, conseiller en stratégie et manager d’artistes, commente : « En ce qui me concerne, dans la musique, je n’ai jamais vu une telle garantie dans un contrat. Le plus souvent, on voit des clauses relatives au contenu de la musique, par exemple textes contraires à l’ordre public, pour se décharger en cas de poursuites. En l’occurence, mon hypothèse est que ces clauses permettraient une rupture anticipée du contrat. Ce qui m’interroge, c’est la possibilité de les activer sur la base de témoignages, même très précis. Ça nécessiterait sûrement une décision de justice, qui interviendrait dans un délai relativement long. Ça reste un geste fort de l’inscrire dans un contrat, pour matérialiser cette obligation de l’artiste. » Dans un contexte général de prise de conscience des dérives des industries culturelles et notamment de l’industrie musicale en matière de harcèlement et de violences sexistes, cette pratique encore peu répandue pourrait-elle devenir la norme ?