Depuis la sortie de son single Ghost en septembre 2018, la chanteuse et rappeuse belge Aly Bass a connu une montée en puissance remarquable. Sur YouTube, son dernier clip en date Appel manqué, tourné en Islande et enregistré sur une instru signée Kozbeatz (Ninho, Kofs), approche du million de vues. Un an en arrière, elle cumulait encore quelques dizaines de milliers de vues à peine sur chacun de ces singles. Derrière cette ascension, un travail acharné tant sur la qualité de sa musique et son rapport à son public que sur la création en général avec entre autres une collaboration avec la marque de prêt-à-porter du groupe Inditex, Bershka, et le magazine lifestyle britannique Dazed. Entre temps, Aly Bass s’est attelée à la préparation d’un nouvel album studio à paraître chez Arista (Sony) après l’accueil positif de son premier opus torturé intitulé Je 2 Société. C’est à cette occasion que nous avons pu la rencontrer pour discuter de ses projets à venir, de son rapport au processus créatif dans sa globalité et bien entendu sur ses ambitions dans le domaine de la mode. Interview exclusive avec une artiste qui ne manquera pas de faire parler d’elle dans les mois à venir…
REVRSE : T’as fait la première partie de Leto le 20 décembre dernier à Bruxelles, est-ce que tu appréhendais cet évènement ?
Aly : Franchement non, j’appréhendais pas trop parce que j’ai pas fait beaucoup de sons. Par contre, le concert Bershka était ma première vraie scène depuis que j’ai sorti un projet. C’était que mon show à moi et c’était un peu stressant.
REVRSE : Bershka, c’était ta première scène ?
Aly : Non ce n’était pas la première mais c’était la première fois qu’une soirée entière m’était dédiée, un concert juste pour moi. C’était au Palais de Tokyo, c’était rempli, j’ai beaucoup aimé parce que les places sont parties super vite et… C’était un moment incroyable.
REVRSE : Tu préfères la scène ou le studio ?
Aly : C’est une question compliquée. J’adore les deux en vrai. Je préfère quand même la scène. Tu interprètes en même temps que tu chantes, alors qu’au studio c’est plus comme quand t’es en train d’étudier et de préparer un bon travail. Je le vois vraiment comme un taff et une recherche, ça peut me saouler quand j’arrive pas à avoir ce que je veux. Alors que sur scène, le morceaux est déjà fini, j’ai plus qu’à kiffer et me laisser aller.
REVRSE : Tu as passé beaucoup de temps en studio ?
Aly : J’ai même passé énormément de temps en studio, il faut savoir que ça fait vraiment longtemps que j’enregistre du son. Je préparais déjà un album avant Je 2 Société, donc disons que nous avons passé un bon 8 mois enfermés, oui.
REVRSE : As-tu un titre favori dans ton album à venir ?
Aly : Oui j’en ai un, c’est aussi le seul feat de l’album, qui n’était pas du tout attendu et qui s’est fait naturellement. J’adore l’artiste et le titre en lui même est vraiment beau.
REVRSE : Comment décrirais-tu cet album comparé à Je 2 Société ?
Aly : Je 2 Société c’est de la colère sans limites. L’album à suivre c’est plus cet état de tristesse calme, un état des lieux et un constat. C’est un projet plus calme qui correspond à ce moment où tu as tout cassé, où tu t’assois et tu pleures parce qu’au fond tu étais triste. C’est cette ambiance là. Les sons de ce prochain album vont vraiment être plus doux. Je 2 Société montrait essentiellement la personne que je peux être quand on me cherche, ce qu’on peut trouver…
REVRSE : D’où t’es venue cette passion pour la musique ?
Aly : Cette question là, je ne saurais pas y répondre. J’ai commencer à écrire des sons à 11 ans, avec l’Eurovision. J’ai demandé à ma mère quand est-ce que j’ai commencé à chanter et elle non plus n’a pas su me dire exactement. J’ai toujours fait ça, dès l’enfance. Je chantonnais. Je parlais beaucoup, je chantais beaucoup. Ma première séance de studio, j’avais 9 ans et demi ! À l’origine je suis chanteuse, le rap est venu après. J’ai toujours été très littéraire, j’écoutais beaucoup de rap car le texte y était beau. Quand j’ai fais de la musique et que je suis passée par une période sombre de ma vie, j’arrivais plus à chanter. Il fallait extérioriser ma haine et je me suis servie du rap.
REVRSE : Si l’album à venir est plus calme, nous allons pouvoir t’écouter chanter ?
Aly : Oui ! Il y a du chant, du rap et un petit truc pour vous rappeler que je peux balancer un Je 2 Société 2 à tout moment !
REVRSE : Niveau mode, comment s’est passé ta collaboration avec Bershka ? Tu peux nous en parler ?
Aly : Oui ! En fait c’est Dazed, un magazine à Londres qui m’a contacté pour me dire qu’ils voudraient que je fasse une collaboration avec eux. À ce moment, je ne savais pas que c’était pour Bershka mais j’ai quand même accepté parce que le projet me plaisait. Il s’agissait de collaborer sur la création d’une pièce commercialisable et de l’associer à un concert à Paris. J’ai été à Barcelone pour créer la pièce, on a fait une sorte de mini-collection et on a shooté tout ça. Ça s’est super bien vendu en plus ! On a vite dû restocker. Franchement, je suis super contente de cette collaboration. Si c’était à refaire je le referais. Ça m’a appris une autre ficelle et je me suis rendu compte que j’aimais bien la création. Quand j’ai fini un son, je ne vais pas m’imaginer le clip mais plutôt ce que je vais porter, c’est dingue ! La mode m’intéresse vraiment je pense. Ça m’a fait réfléchir à au lancement de ma propre marque, quelque chose de très « couture ».
REVRSE : En regardant ton Instagram on remarque aussi que tu as un style bien à toi, qu’est-ce qui te plaît le plus dans cet univers ?
Aly : En fait c’est un délire complètement 2000. C’est une espèce de retour en arrière. Quand j’avais 11 ans, j’ai fait l’Eurovision pour les enfants en 2005 et si tu regardes comment j’étais habillée, c’était pareil. C’est fou mais j’ai l’impression que je recherche mon enfance quand je m’habille. Ça me remet dans une époque de ma vie que j’aimais bien. J’ai toujours eu ce délire 2000, j’ai toujours été comme ça. Être insolente c’est toute la démarche de la chose, moi on m’a vraiment pas invitée. Je m’invite moi même, y compris par rapport aux vêtements. Je me fais plaisir et j’y vais à fond.