Le pari de Vestiville était de réunir sur trois jours des têtes d’affiches internationales du rap et des musiques urbaines dans un cadre d’exception : A$AP Rocky, Trey Songz, Gims, Dadju, Giggs et Stefflon Don le vendredi 28 juin ; Migos, Lil Pump, Lil Skies, Jason Derulo, Niska, Kalash, Vegedream et Ja Rule le samedi 29 juin ; Cardi B, Future, Meek Mill, Tory Lanez, Lil Baby, Soolking et Ryan Leslie le dimanche 30 juin. Un line up alléchant pour « l’un des festivals urbains à la croissance la plus rapide au monde ». Car côté chiffres, Vestiville n’est pas en reste et ambitionne de réunir 125.000 festivaliers sur 3 jours, soit plus que Les Ardentes qui en 2018 revendiquaient une fréquentation record avec plus de 100.000 personnes. Pour cela, les organisateurs choisissent d’établir l’évènement à Lommel, modeste commune stratégiquement situé au nord de la Belgique, au confluent des publics français, allemand, belge et néerlandais. Tout semble soigneusement planifié, et pourtant… Vendredi 28 juin, alors que des foules de festivaliers posent leurs bagages à Lommel, Vestiville et A$AP Rocky annoncent sur leurs réseaux sociaux que le maire a décidé d’interdire la tenue du festival, faute de garanties de sécurité suffisantes pour le rappeur new-yorkais et le public. Rapidement, l’évènement tourne au chaos. Sur les réseaux sociaux, on commence déjà à qualifier Vestiville de Fyre Festival version belge…
Today at 5:00 PM the mayor of Lommel decided to not let Vestiville start. After consultation with the security services and ASAP Rocky’s security officer, it was decided that the safety of the artist and the public could not be guaranteed.
— VestiVille (@VestiVille) June 28, 2019
➡️ Comme un air de déjà-vu à Vestiville… Une redite belge du Fyre Festival ?
Comment oublier le Fyre Festival, ce fiasco complet immortalisé par un documentaire Netflix intitulé Fyre Festival : The Greatest Party That Never Happened. Organisé en 2017 par Billy McFarland et Ja Rule, il promettait moyennant des sommes comprises entre 500 et 250.000 dollars un séjour dans une île paradisiaque rythmé par les prestations de têtes d’affiches internationales. Organisé trop tardivement et mal planifié, le Fyre Festival se solde par un véritable tourbillon médiatique et une condamnation pour fraude contre Billy McFarland. Difficile de ne pas garder ce scénario en tête vendredi 28 juin, quand les premiers témoignages des festivaliers commencent à attirer l’attention des réseaux sociaux. Sur place, le public piétine et crée un chaos incontrôlable alors que les organisateurs annoncent sur les réseaux de Vestiville que l’espace de campement restera ouvert en attendant la mise en place d’une évacuation concernée en accord avec les autorités locales. Mieux, certains festivaliers qui s’étaient laissés tenter par un forfait VIP à 6.700 euros pour 5 personnes font état d’une réalité bien différente des promesses des vidéos promotionnelles. Une anecdote d’autant plus évocatrice qu’elle rappelle fortement certains aspects du Fyre Festival, où les problèmes de logement des festivaliers ont constitué l’un des problèmes les plus épineux pour les organisateurs.
Regardez Vestiville je suis mort mais venez ksar a ma tente ! pic.twitter.com/STy8yK0cqd
— YUNG DUMB BAE (@YungDumbBae) June 28, 2019
➡️ Un échec prédit de longue date ou un simple emballement médiatique ?
En janvier, le portail belge Moustique affichait déjà de sérieux doutes quand à l’évènement, et pour cause. Malgré ses ambitions démesurées, Vestiville aurait été organisé par l’équipe de Vestival, un autre évènement créé en 2013 aux Pays-Bas et dont les premiers pas avaient suscité beaucoup d’interrogations parmi les professionnels du secteur. Pourtant, les éditions suivantes de Vestival s’étaient déroulées sans anicroches. Interpelés, les organisateurs du festival auraient niés les faits reprochés. Interrogé par 7sur7, Peter Vanderkrieken s’indigne : « Faux festival? Ces rumeurs nous rendent malades. Nous ne sommes pas une associations de scouts qui organisons un festival. Je suis dans le métier depuis quinze ans. Nous avons un plan à dix ans pour Vestiville. » Selon lui, c’est le nombre important de festivaliers qui aurait fini par paniquer les autorités locales. Il apparait en effet que malgré l’énorme couverture presse de l’évènement, Vestiville semble assez éloigné du Fyre Festival en bien des points. Les quelques centaines de festivaliers restés sur place sont d’ores et déjà pris en charge par les autorités locales et devraient être acheminés vers la gare de Mol par navettes. Malgré une réaction plus maîtrisée, il semble difficile de penser que Vestiville parviendra à combler le déficit d’image causé par les évènements survenus après l’annulation de sa tenue…