Je n’suis pas l’Dieu Tout Puissant mais j’suis celui d’la rre-gue
Qui es-tu Benash ? (Pour les néophytes)
Benash, ex-membre de 40K Gang (anciennement SDHS Family), groupe repéré par Booba qui éclata fin 2015, a laissé pour seuls rescapés au 92.i (label appartenant à Booba qui comporte en son sein notamment Damso, Shay, Siboy) Darki et Benash. Ce dernier fut exposé au grand public en solo grâce au tube de Booba sorti en septembre 2015 « Validée », sur lequel il est en featuring. Aujourd’hui, un an et demi après avoir attiré l’attention du public avec quelques discrètes apparitions, « le dieu de la rre-gue » sort son premier opus pour clôturer le mois de mars.
Le compte à rebours avant le 31 Mars
Souvent critiqué pour être très (voire trop) inspiré du boss de son label, Benash passe de test en test pour se créer une couleur musicale. C’est avec un featuring assez intéressant dans « Cauchemar » avec Alonzo sur la mixtape Capo dei Capi de l’originaire de la cité du Plan D’aou, et un très bon couplet dans « Zer » sur l’album Nero Nemesis de son mentor accompagné de Siboy (son associé du 92.i), qu’il démontre peu à peu ses capacités. Un an avant la sortie de son album, il sort son meilleur solo avec le très introspectif « Larmes » :
Je viens du bled, ma tristesse a toute sa raison
Le clip de « CDG » sorti fin février annonce son retour, s’en suit son feat avec le boss du 92.i, « Ghetto » qui se cale sur le même créneau que « Validée » et cumule 4 millions de vues sur Youtube en 1 mois dans sa version audio (titre qui annoncera l’album) et son clip qui comptabilisera un peu plus d’un million de vues en moins d’une semaine.
Le chef de guerre déclare l’armistice
On notera qu’en sport comme en chant, certains sont nés doués et n’ont que peu à faire pour être comptés parmi les meilleurs (bien que le talent ne suffise jamais) ; les autres doivent travailler dur afin de pouvoir rattraper (voir surpasser) les premiers. Nashbé lui, fait plutôt parti des seconds selon moi, il n’est pas forcément né doué et doit travailler et faire preuve d’inventivité pour se créer une couleur musicale ainsi qu’une fanbase.
En effet, Benash est un artiste encore en construction et CDG en est la preuve: les différentes inspirations sont perceptibles, ce n’est aujourd’hui un secret pour personne, Benash avant d’être un rappeur ou un membre du 92.i est un fan de Booba, chose dont il ne se cache pas et dont il aime s’amuser en portant des vêtements similaires à celui-ci. Il ira même jusqu’à affirmer en interview utiliser inconsciemment la célèbre gimmick de Booba « izi » pour faire ses propres backs dans ses morceaux entre autres.
Pour comprendre cet album, il faut également savoir que Benash écoute beaucoup de rap américain : l’inspiration de Future se fait sentir sur des titres tels que « CDG » ou « Curry » qui possèdent des refrains bruts et répétitifs, qui ont la faculté de rapidement être mémorisés, à l’image du rappeur d’Atlanta qui a pu s’illustrer sur des titres comme « No compadre » ou le banger « New level » d’A$AP Ferg, pour lequel le patron de Freebandz participera.
L’album se situe au croisement entre le « banger de rue » et la musique à influence afro/caribéenne. Cependant, d’inspiration en inspiration, Benash se perd parfois entre ce qu’il fait de mieux (musique à inspiration afro et son auto-tuné plus introspectif) et ce qu’il veut faire, comme ses modèles musicaux (la plupart des « banger de rue » bien que certains soient assez corrects). Cela pourrait repousser une partie des auditeurs lorsque sa musique s’oriente trop vers du « Booba-like » ; toutefois, certaines inspirations sont justifiées au niveau lyrical par exemple. Benash, qui s’inspire encore de son rappeur préféré bien qu’il n’ait pas la finesse de ce dernier, arrive à faire garder certaines phrases à l’esprit en se prenant très peu au sérieux « Fuck les supers Nana vive Mojojo », « Je fais pas de délit mineur j’ai pas la dégaine d’un prêtre » ou encore en jouant sur l’autodérision « Mon crâne, mon crâne, mon crâne est mon seul atout »
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Le boulonnais a également, de son côté, l’appui fort des membres du 92.i qui viennent tour à tour donner un apport non négligeable au projet, chose qui s’avère intéressante car sur chacun des featuring avec eux, le rappeur a délivré de très bonnes prestations à l’image de « Check », où durant le 3ème couplet suite au très bon couplet de Siboy, Benash accélère son flow pour mieux coller à l’instru, sûrement pour éviter de se faire « boire sur son propre son ».
Bilan :
Benash a décidé (comme dit en interview) de faire un album plutôt qu’une mixtape comme premier projet solo. Un choix ambitieux qui pourrait être a double tranchant. Cependant Benash, souvent vu comme « le mouton noir du 92i » par ses détracteurs, nous délivre un premier projet plus que correct. Fort de son association avec les membres de son label (qui le rendent également meilleur par un esprit de « compétition ») et également porté par de très bons morceaux à inspiration afro/caribéenne comme « Coco », « 237 », « Bye Bye », « She Loves Me », démontre que son travail commence à payer.
Non, ce n’est pas encore l’album de la consécration pour Benash (on déplorera la présence de musique dispensable comme « Chauds dans la ville » et l’absence de Kalash sur un projet où il aurait facilement trouvé sa place, ainsi que l’absence de morceau dans la veine de Larmes) mais CDG est un projet qui fait espérer de bonnes choses pour l’avenir du rappeur et même celui du 92.i tout entier. Et qui par ses morceaux forts, peut engendrer des hits qui vous feront danser tout l’été.
Morceaux à retenir :
Ivre (Featuring Damso, Shay) ( Prod by Junior Alaprod)
Coco (Prod by Christopher Ghenda & Junior Alaprod)
Check (feat Siboy) (Prod by 1712 Beatz)