Fort d’une carrière couronnée par trois albums certifiés : respectivement Zifukoro (2016, platine), Mr. Sal (2019, triple platine) et Commando (2017, diamant) ainsi que pas moins d’une cinquantaine de singles or, platines et diamants, Niska a dévoilé le 5 novembre dernier la mixtape Le monde est méchant. En première semaine, le projet se hisse à la première position du Top Albums Streaming. Il faut dire qu’il paraît au terme de deux années de travail de fond de Niska : ses collaborations avec 4Keus sur MD et Naza sur Joli Bébé de Naza atteignent toutes deux le seuil du single de diamant. Niska et son équipe mettent également en place, tout au long de l’année 2021, une série de stratégies marketing destinées à affiner son positionnement et à préparer le terrain pour la sortie de Le monde est méchant.
Remettre au goût du jour les singles physiques
En plein boom du D2C (direct to consumer) et des boutiques dédiées dans l’univers du rap français, Niska annonce la sortie d’un maxi deux titres, comprenant son single Chargé son instrumentale. Un format qui renvoie aux belles heures du marché des singles physiques, éteint par la popularisation des plateformes de téléchargement légal et illégal dans le courant des années 2000. Et si, dans un contexte où le chiffre d’affaires du vinyle explose d’année, cette pratique pouvait retrouver tout son intérêt ? C’est le pari de Niska et de son équipe qui souhaitent faire de Chargé un évènement pour le public, au-delà d’une simple sortie de clip. Le maxi est commercialisé sous forme d’un pack single, avec un t-shirt en édition limitée, pour 20€.
À la conquête du marché africain avec Fior 2 bior
Niska a, très tôt dans sa carrière, montré un intérêt pour différents courants de musique afro-caribéens. Cette démarche est couronnée de succès quand le rappeur est invité sur le tube de Gims Sapés comme Jamais en 2015. En 2016, sur l’album Zifukoro, il tente de reproduire ce schéma avec des titres comme Elle avait son djo et Oh Bella Ciao avec la star malienne Sidiki Diabaté. De passage en Côte d’Ivoire, il enregistre en début d’année une collaboration avec Fior 2 Dior sur le single Gnonmi avec Lait. Le titre touche sa cible : devenu viral sur Tiktok (15k vidéos), il enregistre 22 millions de vues sur YouTube à ce jour. En dépit de cette caisse de résonance, le taux de pénétration du streaming audio sur le continent africain est encore trop faible pour donner lieu à une conversion notable. Néanmoins, cette sortie positionne Niska comme un artiste en avant-garde sur un marché qui pourrait bien dessiner l’avenir du rap français dans les prochaines années…
Les mêmes au service de la musique de Niska
Ce n’est un secret pour personne, Niska a tiré au moins tout autant sa force de sa musique que de ses mimiques, ses gestuelles et de son côté volontairement décalé et humoristique. De façon habile, il a su montrer autre chose que de la musique pour offrir un personnage total, toujours comique mais sans jamais friser avec le ridicule. Grosse voix, adlibs complètement insensés comme dans son tube Salé, images délirantes à tout va… Il allait de soi que Niska devait se remettre en question pour régénérer son humour, l’un des aspects qui l’ont propulsé au sommet du paysage rap français. Le rappeur a donc puisé dans le répertoire des vidéos virales, pour façonner une partie de l’esthétique de son dernier opus. Le titre de sa mixtape, Le Monde est méchant, est lui même issu d’une vidéo virale sur Twitter. Il en va de même pour le refrain du morceau Mapess. Une façon pour lui de ne jamais dénaturer ou trahir son personnage, tout en l’enrichissant.