Squale Sadique
Quelques mois après l’interview que nous avons eu la chance de réaliser, le groupe de trappeurs sevranais sort sa deuxième mixtape (après XIII). Le projet s’intitule Violence urbaine émeute, peut-être en hommage à la série de projets de LIM. Annoncé depuis un certain temps déjà, le projet avait créé une certaine attente et un engouement autour des extraits publiés sur Youtube.
Le premier point fort de la mixtape et plus généralement des morceaux de 13 Block réside dans le talent du groupe pour les refrains. Cette aptitude est renforcée par une promo efficace consistant à insérer des annonces de la mixtape au début de chaque extrait, et qui en fin de compte a fait que même sans avoir écouté tous les morceaux de la mixtape beaucoup de refrains étaient déjà en tête. je pense notamment à Crack Spot et Insomnie, qui a été clipé récemment. Tant au niveau du choix des mots que des effets vocaux, de la superposition des pistes, le groupe détient vraiment l’alchimie du refrain. Cette alchimie transparait aussi bien sur F.S.R (« ils peuvent dire que je suis un singe mais je serai un singe riche ») que sur LKTEB (« On reconnait les ienclis juste en guettant leur look »), l’un des premiers extraits du projet.
La promo, comme évoqué précédemment, a été réalisée avec beaucoup de soin. Le quatuor sevranais a pris soin de dévoiler en tout et pour tout à peine deux morceaux de la mixtape, plus un troisième très tardif, mais en intercalant aussi entre ces extraits des freestyle hors-projet qui ont permis de maintenir l’engouement à un niveau stable. Fortement influencés par les formules d’outre-Atlantique, on le ressent notamment avec le jingle « Hot Defff Records » au début de chaque son à la manière des mixtapes de Chicago, le groupe apporte un soin particulier à la réalisation des clips. On retient qu’ils nous avaient confié en novembre qu’ils assimilaient un clip à un « feat avec le caméraman ». Dans un rap français où la culture du visuel se développe de plus en plus, il est essentiel de placer à sa juste valeur l’importance du support vidéo.
Sur Violence urbaine émeute, ou Vue, le groupe parvient à créer la surprise non pas sur une paire de morceaux mais sur une bonne moitié de projet. Bien sûr, le groupe reste en grande partie fidèle à la recette qui a fait son succès à savoir de la trap énergique largement influencée de la drill de Chicago, influence qui ressort dans le seul featuring de l’album avec le rappeur Gino Marley. Qu’il s’agisse de Vue, Crack Spot, 2,3 Kils ou encore Vers l’enfer, aucune surprise majeure. En revanche, on n’attendait ni l’excellent Vrai négro, un morceau plus introspectif et détendu où les influences d’Atlanta ressortent plus clairement, ni Dans mon étrangère ou Truand, dans lesquels on ressent même l’influence (diluée) de la cloud. Les trappeurs y voient l’occasion de placer chant, autotune et variations de couplet, toujours avec leur efficacité coutumière.
Enfin les quatre rappeurs se démarquent pas leur capacité à installer une atmosphère très particulière sur leurs morceaux. C’est particulièrement le cas de Detess, dont le timbre de voix grave constitue à la fois le point faible au niveau des variations de flow et le point fort sur le plan de l’ambiance. C’est le cas dans Guerriers, où son couplet est vraiment très travaillé de ce point de vue (« à l’école du crime j’ai déposé mes cv mes premiers 100G et mes derniers savons »), mais aussi dans son couplet d’ouverture sur Implication (« pas besoin d’être à la Sorbonne, compacter sans la pesette, tailler au millimètre »). L’ambiance de l’album est vraiment sombre, le thème récurent tourne autour de la criminalité dans la tradition de la trap américaine.
Tarek
*se craque la nuque et les doigts*
Merci au poto Squale qui a très bien résumé cet excellent projet , un jour je saurai raconter un album avec sa culture ses références, sa passion, ses.. Oui bon ok j’arrête ça fait suceur… Pour ma part je me sentais obligé d’en parler quand même. Cette mixtape est un des meilleurs projets trap que j’ai entendu depuis très longtemps au niveau des sonorités, du début à la fin on reste dans des mélodies assez sombres avec des piano inquiétants une atmosphère bien lourde.
On dit souvent que la France a du retard sur les Etats-Unis mais personellement je trouve ça super actuel on se croirait vraiment à Atlanta avec quand même une petite french touch, enfin plutôt une « 93 » touch. Une chose est sûre, c’est le département qui a le mieux assimilé cette tendance. Dans l’ensemble au niveau des instrumentales « tout est noiiiir » comme dirait un haîtien de Mami célèbre aussi pour sa citation « blan cocaîne fé lajan ». Seule petite exception le morceau Vrai négro un peu plus mélodieux, ça me fait penser à du Chief Keef à l’époque de Finally Rich, l’instru me fait vraiment planner j’imagine un clip dans la neige avec des joints de la taille de mon avant bras.
L’alchimie de 13 Block sur les prod de l’équipe d’Hotdeff Records est rélle comme Kaaris et Therapy, CR7 et Benzema, Stephen Curry et la defense des Spurs. Le côté mélodieux un peu plus léger des prod de Zewowe (Vrai Négro, Vers l’enfer, Hors la loi, LKTEB avec Binkz Beatz), les variations de mélodie de Bunker (VUE avec Morex On The Track, Insomnie avec Binkz Beatz, Truand, Dans mon étrangère, Pas de boss), le côté vraiment sombre de Binktz Beatz (Crack Spot, Libérez, LKTEB, Olaskurt) et l’agressivité des prod de Diks 68… C’est du très lourd.
En gros, j’ai réllement kiffé le projet surtout au niveau des prods et pour terminer sur une note imagée, quand je débat (ou plutôt m’engueule) avec les potos Squale et Tplume on finit touours par tomber daccord sur une chose, quand on écoute du 13Block il y’a un certain parfum, une forte odeur de la rue, clairement, ça « pue la street ».
Salam!