Sourdoreille est un multimédia dédié à la musique et aux cultures alternatives tenu par un collectif de journalistes et de vidantes éponyme. Le collectif a également diversifié son activité en créant Sourdoreille Production, dédié à la production de documentaires et de clips, à la captation de concerts à destination de diffuseurs comme France Télévision ou Arte. L’équipe Sourdoreille s’est spécialisée en particulier sur les outils de réalité virtuelle et d’enregistrement binaural (destiné à reproduire la perception sonore de l’oreille humaine). Récemment, Sourdoreille Production a collaboré avec le studio de création FCINQ et ARTE Concert pour enregistrer en binaural et à 360° les performances de 12 rappeurs, de Cheu-B à Dinos en passant par Jarod et Guizmo. A cette occasion, nous avons eu la chance de nous entretenir avec Sami Battikh, qui cumule les casquettes de producteur, réalisateur, cadreur et monteur chez Sourdoreille.
HHR : De quoi avez-vous besoin pour mener à bien un enregistrement à 360° ?
Sami Battikh : D’une caméra 360°, mais dans les faits ce sont plusieurs caméras qui sont reliées entre elles. Nous avons filmé le projet dans un studio et nous n’avons utilisé que la moitié du 360, c’est-à-dire que de l’autre côté, il y avait toutes les lumières. Quand les rappeurs venaient faire leur freestyle, ils déambulaient sur 180° autour de la caméra. Derrière, étant donné qu’on a fait plusieurs prises, on a mélangé, on les a mis dans tous les sens en décalant un peu l’axe. Ca incitera les gens à regarder à différents endroits.
HHR : La spatialisation est-elle prise en compte par des logiciels de montage classiques ou bien des logiciels spécialisés sont nécessaires ?
SB : Effectivement, il y a des logiciels pour assembler les vidéos des différentes caméras et ensuite les logiciels de Motion Design (After Effect) ont des plug-in adaptés aux vidéos à ce format là.
HHR : Vous avec attribué une étiquette « réalité virtuelle » au projet, de quoi retourne-t-il en-dehors de l’enregistrement à 360° ?
SB : Disons que la réalité virtuelle est relative à tout ce qui touche à l’audiovisuel dans un univers immersif. La première étape, c’est le 360°, la seconde est la spatialisation sonore, mais après cela dépend de comment on regarde le projet. Si on est dans un casque de réalité virtuelle, et qu’on tourne à gauche ou à droite, le son évolue, ce sont les deux étapes essentielles de la réalité virtuelle. Ensuite, il y a l’interaction, la 3D et bien d’autres choses, cela reste dans le champ de la réalité virtuelle à partir du moment où on est en 360.
HHR : On peut donc regarder le projet avec un casque de réalité virtuelle ?
SB : C’est même conseillé, pour vivre pleinement l’expérience.
HHR : Le lecteur YouTube est-il adapté ?
SB : Oui c’est possible mais c’est mieux via l’application d’Arte, qui est adaptée aux casques de réalité virtuelle.
HHR : En 2016, Youssoupha avait fait un clip en 360°, et depuis très peu l’ont refait… Quel est l’intérêt pour l’artiste d’avoir recours à ce genre de procédé ?
SB : Nous, c’était davantage pour renouveller l’expérience des cypher, de ces enchaînements de freestyles et on voulait que le spectateur ait l’impression que les rappeurs arrivent sur lui au moment de la performance. Par exemple, il y en a un qui est à gauche, on le regarde et puis le son arrive de la droite, et c’est le deuxième qui commence son freestyle alors que l’autre n’a pas fini. Quand on met un casque ou qu’on est vraiment isolés, on entend le son du deuxième rappeur arriver et on trouvait qu’il y avait un intérêt à ce format 360°, sur l’enchaînement de freestyles.
HHR : C’est un projet amené à avoir une suite ?
SB : Ca va dépendre d’Arte, s’ils sont satisfaits ou non, mais ça n’a pas encore été évoqué.