Fait assez rare pour être mentionné, le premier album solo de Dadju dépasse le seuil des 500.000 ventes à quelques jours de son premier anniversaire ! Un dénouement logique au vu de l’évolution hebdomadaire des ventes de Gentleman 2.0, évolution relancée le 5 octobre dernier par la sortie d’une réédition incluant 10 titres supplémentaires, dont un featuring avec Kalash et un second avec Alonzo, MHD, Naza et Vegedream. Après trois semaines d’absence dans le top urbain, cette réédition relance l’exploitation du projet à hauteur de 17.131 ventes dès sa sortie. Pauline Raignault, responsable du pôle urbain du label de Dadju Polydor (Universal Music France), n’avait d’ailleurs pas fait mystère de cette volonté de relance lors de l’entretien qu’elle nous avait accordé : « Ce que j’aime bien dans notre stratégie, c’est qu’on a réussi à switcher de single en single avant que ça se casse la gueule. Il y avait de la matière aussi, parce que sur un premier album, on a treize titres certifiés dont deux single de diamant. J’ai jamais travaillé sur un projet qui a obtenu autant de récompenses, c’est une première. Le mérite revient en premier lieu à l’artiste qui fournit une matière à exploiter. »
Pour Dadju, l’étape suivante est celle du désenclavement. En effet, un regard sur la répartition des écoutes YouTube du chanteur dans l’hexagone nous apprend que ces dernières sont sur-représentées en région francilienne, malgré l’apparition d’un public assez concentré en région lyonnaise et sur l’île de La Réunion. Ce constat, qui doit être considéré avec du recul parce qu’un tel phénomène de centralisation est observable sur la plupart des chaînes YouTube d’artistes urbains, est confirmé par les tendances d’écoutes sur Spotify, où quatre villes franciliennes (Paris, Courbevoie, Montreuil et Boulogne-Billancourt) figurent parmi les cinq principaux foyers d’écoutes aux côtés de Lyon. Pauline Raignault le confirme, l’objectif de Polydor en termes de développement d’artistes est aussi d’asseoir leur position en province : « Le bassin d’acheteurs d’Île-de-France est limité, si on est capables d’avoir des artistes qui parlent à la France entière c’est magnifique. Après, les développements sont plus longs quand t’es établi à l’échelle locale : t’as un vivier, tu tapes dessus, ça sort, tu fais tes scores tranquille. Ce qui est intéressant reste de passer au-delà de ta zone régionale, on prend beaucoup de temps pour sonder la France entière. » Du fait de ses références musicales, de son univers et de ses collaborations qui l’ancrent dans la pop urbaine, Dadju semble pourtant calibré pour le public parisien plus que pour aucun autre. Un constat qui prend des allures de défi pour l’artiste et son entourage, mais qui lui permet également de se dégager une marge de progression pour la suite de sa carrière…
➡ Les certifications d’albums et premières semaines
Une cover sobre, une promotion axée sur les médias généralistes (plutôt que de faire appel à un média urbain, le rappeur fait le choix de publier sur sa chaîne YouTube un entretien avec la journaliste Juliette Fievet), Kery James a fait le choix de sortir son album dans la perspective d’en faire une tribune pour ses revendications et ses combats plus que dans une optique commerciale. Le résultat, une première semaine à 5.879 ventes avec une nette prédominance des ventes réelles (74%) là où Mouhammad Alix réalisait fin 2016 un démarrage à 13.655 ventes hors-streaming (8.752 exemplaires physiques et 4.904 téléchargements). Pour autant, le rappeur qui s’apprête à fêter son 41ème anniversaire n’est en rien passé à côté de ses objectifs. Sur YouTube, sa collaboration avec Kalash Criminel, un brulot à charge contre les Etats-Unis et leur président Donald Trump et le solo J’rap encore ont dépassé les trois millions de vues, et les deux extraits suivants Amal et A la Idéal J s’apprêtent tous deux à franchir la barre du million de vues. En dehors de ces extraits d’ailleurs, les écoutes de l’album sont réparties de façon très égale sur Spotify (entre 66.149 et 129.707 écoutes par morceau).
🇫🇷 Kery James score 5'879 ventes en première semaine avec l'album #JRapEncore pic.twitter.com/d75sGQLQT4
— Ventes Rap (@VentesFRap) November 23, 2018
L’autre démarrage marquant cette semaine, c’est celui du marseillais Kofs, qui se classe à la 26ème place du Top 200 France avec son premier album V. Une première entrée dans les charts honnête, qui s’accompagne d’ailleurs de chiffres encourageants. Sur Spotify, neuf des dix morceaux les plus écoutés du rappeurs marseillais sont extraits de l’album. On constate d’ailleurs, plus encore que pour Kery James, que les streams sont répartis de manière très égale sur l’ensemble du projet (entre 138.547 et 223.969 écoutes par morceau, à l’exception des extraits clipés Violence et Secrétaire, de Je saigne sorti deux semaines en avance et de Caractère qui bénéficie de la présence d’SCH). Cette répartition est une conséquence de la construction très cinématographique du projet, dans la lignée de JVLIVS d’SCH mais dans une perspective très différente, qui tient d’ailleurs beaucoup de la participation de Kofs au film Chouf en 2016.
🇫🇷 Kofs score 4'159 ventes en première semaine avec l'album #V pic.twitter.com/tik0r8Y0rO
— Ventes Rap (@VentesFRap) November 23, 2018
Soprano score 17.125 ventes en deuxième semaine, soit 39% de son score de première semaine. Une régression rapide caractéristique de projets comme Phoenix, dont la structure des ventes repose essentiellement sur les ventes réelles. A l’inverse, le streaming a tendance à assurer des transitions plus progressives pour la majorité des artistes urbains. On constatait en effet la semaine dernière que : « Columbine impressionne non-seulement par sa position dans le Top Le pilier de la croissance commerciale de Soprano est donc bel et bien le format physique, là où les téléchargements ont légèrement baissé d’un album à l’autre (3.023 contre 2.252, soit une chute de 26%) et où les équivalents streaming n’ont quasiment pas évolué (4.050 contre 4.301, soit une augmentation de 6%). En comparaison, la répartition moyenne des modes de consommation des albums urbains du Top 200 est passée de 5% en téléchargement et 22% en physique au premier semestre 2017 à 3% en téléchargement et 17% en physique au premier semestre 2018. Plus encore que cette de Maître Gims (61% de ventes réelles pour Ceinture Noire en première semaine), la structure des ventes de Soprano est à l’opposé exact de celles des nouvelles générations de rappeurs. » Cette évolution n’empêche pas le marseillais se se classer haut la main en deuxième place des albums urbains et en troisième position du Top 200.
📀🇫🇷 L'album #Phoenix de Soprano est certifié disque d'or !
(50.000 ventes physiques + digital + streaming) pic.twitter.com/xNadE2GRNs
— Ventes Rap (@VentesFRap) November 19, 2018
Au vu de la brochette de têtes d’affiches mandatées sur cette compilation dévoilée en avril dernier, le disque d’or semblait s’imposer. Après une première semaine à 5.883 ventes dont 10% seulement de ventes physiques et de téléchargements, le projet a réussi à se maintenir à flot et figure cette semaine à la 162ème position du Top 200 France, derrière Agartha de Vald. A noter que l’ensemble des ventes du projet repose à plus de 98% sur le streaming, et que la consommation en téléchargement est nulle. Comme nous l’avions constaté en analysant la première semaine de Game Over : « Il faut dire que les compilations sont connues pour ne pas être très porteuses commercialement, il s’agissait surtout pour le studio 50K et ses fondateurs Ibra et AKM d’intérêts promotionnels, on pourrait même parler de branding, c’est-à-dire de diffusion de 50K en tant que marque de fabrique au sein du public rap français. »
📀🇫🇷 La compilation #GameOver de 50K est certifiée disque d'or !
(50.000 ventes physiques + digital + streaming) pic.twitter.com/yWQQjfG43E
— Ventes Rap (@VentesFRap) November 21, 2018
➡ Récapitulatif des singles certifiés or, platine et diamant
Plus de trois ans après sa sortie, On verra confirme sa place parmi les singles majeurs de la carrière du rappeur parisien en décrochant un single de diamant. C’est également l’un des rares morceaux à s’être vu décerner cette certification depuis la hausse des seuils de certification des singles et le changement du mode de comptabilisation du streaming par le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP) en avril dernier. Il faut dire qu’On verra a les armes qu’il faut pour se défendre, le morceau est encore le deuxième le plus écouté de Nekfeu sur Spotify, quatrième sur Apple Music et premier sur Deezer ! Il a également dépassé les 83 millions de vues sur YouTube, ce qui en fait de loin le plus visionné de la carrière du rappeur parisien sur la plateforme vidéo…
💎🇫🇷 Le single #OnVerra de Nekfeu est certifié diamant !
(50.000.000 équivalent streams) pic.twitter.com/8bALfeDjUt
— Ventes Rap (@VentesFRap) November 21, 2018