Cette année, nous avons eu la chance d’assister au Festival des Ardentes, véritable carrefour du rap depuis plusieurs années situé à Liège, en Belgique, et qui affichait cette année une programmation de rap, notamment français, tout simplement dantesque. Avec plus de 100.000 festivaliers, Les Ardentes réalisent une année record et réunissent un public quatre fois plus important qu’en 2006 ! Les organisateurs y voient d’ailleurs « la confirmation du succès de l’ancrage urbain du festival », et on se gardera bien de les détromper puisqu’à l’exception de Damian Marley et de Massive Attack (qui ont un certain ancrage urbain, notamment Damian Marley pour ses collaborations avec des artistes comme NaS et Cypress Hill), la totalité des têtes d’affiches étaient des rappeurs.
➡ Les cinq meilleures performances de rappeurs du festival
5️⃣ Moha La Squale : En moins d’un an, le rappeur du 20e arrondissement a réalisé une ascension fulgurante. Émergeant des quartiers chauds de Paris, Moha La Squale a été incapable de contenir sa joie immense lors de sa performance aux Ardentes. Son euphorie contagieuse – hurlant ses textes, sautillant sans s’arrêter, saluant vigoureusement la foule à la fin de chaque morceau – a ravi, touché et embrasé une foule de fans et de curieux. Le nouveau prodige du rap français, venu défendre son premier album Bendero, a sans aucun doute marqué la Belgique.
4️⃣ Skepta : Le pionnier de la grime a pris ses quartiers sur le Parc poussiéreux après quatre jours de frénésie. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce détail était non négligeable, la poussière était si dense dans l’air que la voix de Skepta était fortement affectée au point qu’il quitte la scène après seulement cinq minutes. Toutefois, son absence fut de courte durée et, se confondant en excuses et en congratulations à l’adresse du public à la fin de chaque morceau, le rappeur a délivré comme rarement avec un backeur littéralement incandescent. Un show riche en émotions.
3️⃣ Damso : L’année dernière, Damso s’était déjà représenté sur le festival pour un show déjà culte. Cette année, c’est sur la grande scène que le rappeur du 92i a pu observer l’impact de sa musique sur le public rap ; le parterre plein à craquer rappait par cœur l’intégralité des morceaux joués, très centrés sur les projets Batterie Faible et Ipséité, la faute à un Lithopédion encore trop récent. Surtout, le final épique de Mwaka Moon durant lequel Kalash s’est invité sur scène a achevé d’embraser une foule acquise d’avance à sa cause. En Belgique, Damso est roi.
2️⃣ Orelsan : C’est dire si Orelsan, booké en fermeture du troisième jour du festival, était attendu. Le Parc, noir de monde, a eu la chance d’assister au show millimétré du Caennais, construit autour du succès unanime de La Fête est finie. Accompagné d’un groupe, le rappeur a débuté et conclu son show par les mêmes morceaux qui introduisent et ferment son disque – San et Notes pour trop tard – dans lequel il a distillé les implacables Basique, Paradis, La pluie ou encore Bonne meuf qui ont fait vibrer un public extrêmement varié : bambins, adolescents, jeunes adultes et même quinquagénaires ont vibré ensemble devant l’énergie d’Orelsan, qui a convaincu tout le monde, sans exception.
1️⃣ Wiz Khalifa : Venu promouvoir son projet Rolling Papers 2, paru ce vendredi, Wiz Khalifa a été à la baguette d’un show à la hauteur de son statut. Devant un public conquis d’avance massé en nombre au Parc en fermeture de la journée, le rappeur de Pittsburg dévoilait une forme physique toute nouvelle sans toutefois avoir abandonné la weed, au plus grand bonheur de ses fans. En enchaînant ses plus gros morceaux – au hasard Black And Yellow, Young Wild And Free, See You Again, We Dem Boys, Roll Up ou encore 23 – on se rend compte de la profondeur de la discographie d’un des rappeurs les plus appréciés des festivals, qui a su mettre l’ambiance grâce à un jeu de scène imparable.
➡ Les trois pires performances de rappeurs du festival
3️⃣ Niska : Programmé sur la scène de la Wallifornia Beach, le rappeur a déchaîné les passions ; avant même son arrivée, les festivaliers étaient tellement nombreux que certains d’entre eux ont grimpé sur les poteaux ou les arbres pour apercevoir la star d’Evry. Pas préparé à cet afflux, le festival n’a pas organisé de couloirs pour les festivaliers qui se sont télescopés, certains étant bloqués derrière la scène alors que Niska débutait son set. Aucun reproche à Niska, qui a déroulé les morceaux qui ont amorcé et fait la réussite de Commando, son dernier album paru en septembre 2017. Chasse à l’homme et l’incontournable Réseaux ont retourné le parterre et fait virevolter la poussière comme rarement dans l’histoire des Ardentes.
2️⃣ Playboi Carti : La première star américaine à se présenter sur les scènes liégeoises a déçu. Déjà, par sa ponctualité, en effet le rappeur a accusé un retard de 45 minutes. Agacée, la foule n’a pas réagi aussi intensément que prévu aux hits du rappeur d’Atlanta, seul R.I.P semblait avoir vraiment fait mouche, alors que Magnolia n’a pas eu l’effet escompté. A peine 25 minutes de show, et Playboi Carti a tourné les talons sans un regard pour les festivaliers qui se sont pressés en nombre pour lui.
1️⃣ Lil Pump : Le Floridien a lui aussi déçu. S’il a embrasé la scène avec ses titres violents tels que D Rose, ESKETTIT, Drug Addicts, il a été parfois agressif avec la foule, menaçant plusieurs fois d’interrompre le show si cette dernière ne faisait pas ce qu’il lui dictait. Ses allures de rockstar, ses plongeons dans la foule et ses acrobaties sur les poutres n’ont pas fait oublier cet affront , et alors que Gucci Gang retentissait, les festivaliers étaient moins à la fête que prévu. Dommage, alors que le rappeur avait tout pour signer un show historique devant une horde de fans prêts à sauter jusqu’à en mourir de fatigue.
➡ L’inclassable performance des Migos : frustrante, exaltante, mémorable
Le groupe star à trois têtes d’Atlanta était sans conteste le moment le plus intense du dernier jour du festival. Pourtant, difficile de classer leur prestation dans le haut du panier. En effet, les Migos sont arrivés plus d’une heure en retard, au grand regret de ceux qui se sont privés du show intense de Skepta pour ne pas manquer une minute des trappeurs les plus en vue du moment. Surtout, ils semblaient parfois hors du coup, surtout Offset, qui s’est révélé extrêmement flemmard. Parallèlement, les morceaux de Migos sont d’une telle efficacité létale que seulement quelques mesures au-dessus d’un léger playback ont suffi pour régaler un public complètement déchaîné. T-Shirt, Bad And Boujee, Hannah Montana, Narcos, Motorsport, Pipe It Up, Slippery, Deadz, Stir Fry… La richesse de leur discographie les a même dispensés de jouer Versace. A la baguette, Quavo n’a laissé aucun temps mort à la foule qui a exulté sans interruption durant près d’une heure. Frustrant, exaltant, mémorable.