Contrairement au classement des meilleurs albums de l’année, ce classement s’appuie, au-delà du ressenti subjectif, sur une série de critères objectifs au nombre desquels on compte le succès commercial, la capacité à mobiliser son public en concert, la présence sur la scène rap hexagonale au travers de collaborations ou encore le suivi de carrière. Il y a quelques années, un tel exercice aurait pu sembler particulièrement répétitif mais la consommation de plus en plus dense des musiques urbaines a donné naissance à un paysage en constante évolution. Les têtes d’affiches du moment ne sont plus contraintes à la productivité, des artistes comme PNL, Nekfeu ou Gims ont tendance à laisser passer plusieurs années entre chaque sortie d’album. Dans le même temps, Jul et Ninho tirent leur force de leur présence constante, et ces deux modèles de carrière cohabitent en s’adressant à un public de plus en plus fractionné de différentes manières. Petit tour de piste des meilleurs rappeurs de l’année 2019, de quoi jeter un regard rétrospectif sur une fin de décennie mouvementée…
20. Da Uzi
C’est un représentant du 93 qui ouvre le classement en la personne de Da Uzi. Depuis déjà quelque temps, le rappeur est en pleine ascension et 2019 a été une année capitale pour sa carrière. Attendu au tournant après sa signature en major chez Rec. 118, il n’a pas déçu, bien au contraire. Dès le mois de janvier, il a envoyé sa toute première mixtape solo, un opus à la fois très réussi et pétri de promesses concernant son futur artistique. Mexico, classé à la troisième place de notre top des albums de l’année, est bâtie sur l’authenticité d’un homme écorché vif qui a beaucoup à raconter à travers une plume singulière. Ce n’est toutefois pas le seul fait d’armes de Da Uzi. Connu du grand public grâce à sa série de freestyles La D en personne, il a tenu à réitérer l’expérience lors de la rentrée dernière. Il a lancé une toute nouvelle ère avec WeLaRue, pour l’instant composée de quatre épisodes excellents, tant au niveau de l’habillage musical que des flows variés et innovants du rappeur originaire de Sevran. C’est logiquement qu’il s’offre une place dans le classement des meilleurs rappeurs de l’année, avec l’espoir qu’il en grimpe les échelons dans les années à venir.
19. Alkpote
Il y a encore quatre ans, personne n’aurait pu imaginer Alkpote à ce stade de sa carrière. Au milieu des années 2010, le rappeur n’arrive plus à vivre du rap et est contraint de travailler dans un entrepôt pour nourrir sa famille. En 2019, s’il n’est pas et ne sera jamais au niveau commercial de ses rejetons comme Lorenzo ou encore Vald, il a néanmoins réussi à se constituer un business model que beaucoup lui envient. Il doit ce retour en grâce à une productivité à toute épreuve mais aussi à la trap. En effet, ce sous-genre du rap sied à merveille au rap crasseux d’Alkpote qui a su toucher une frange d’auditeurs jeunes, la plus à même de consommer. En parallèle, il a développé toute une gamme de produits dérivés à son effigie qui se vendent comme des petits pains. Cette année, il a diversifié ses activités jusqu’à devenir animateur de #CheckFood, une émission phare du média rap belge Check. Musicalement, il a frappé une fois encore avec un tout nouvel album, Monument. Entièrement produit par BBP, ce disque a permis au rappeur de varier ses horizons musicaux : sur des beats moins acérés qu’à l’accoutumée, il s’offre même quelques lignes un peu plus personnelles entre deux monstruosités. Grâce à cette recette, il a tout simplement effectué le meilleur démarrage de sa carrière dans le top albums. Sur tous les fronts, Alkpote mérite amplement sa place dans le gratin des artistes qui ont fait l’année rap.
18. Hamza
Le jeune rappeur originaire de Belgique continue son inlassable ascension. L’année dernière, il a réussi à arracher le premier disque d’or de sa carrière grâce à sa mixtape 1994 sortie sous la houlette de Rec. 118. Cette année, il se devait de faire au moins aussi bien… Le contrat est rempli ! En effet, Hamza a débuté l’année très fort en publiant le tout premier album de sa carrière. Baptisé Paradise, il a été l’occasion pour le Belge de se définir clairement une nouvelle direction artistique : le projet précédent certes bon péchait par une hétérogénéité préjudiciable. Le H a quelque peu délaissé sa musique tropicale pour étirer un ensemble très sombre. Le disque a été porté par un puissant banger avec SCH ret a lui aussi décroché un single d’or. Pour marquer l’année une bonne fois pour toutes, Hamza a dû redoubler d’efforts. De ce fait, Paradise a d’abord été rallongé de sept titres lors d’une réédition publiée en plein été. Le 13 Block s’est rajouté à un casting déjà cinq étoiles. En outre, le rappeur a balancé de manière surprise la mixtape Santa Sauce 2, trois ans après le premier volet. Ce cadeau plein de drip au pied du sapin parachève l’année triomphale de Hamza, assurément un des rappeurs de l’année.
17. Niro
Après avoir été un des premiers à maîtriser l’art de la trap en France, le rappeur originaire de Blois n’a cessé de se démarquer grâce à une productivité à toute épreuve : vous pouvez être sûr qu’il sortira a minima un projet par an. Depuis quelques années, Niro étoffe ses sorties en innovant sans cesse lors de chaque sortie d’album. On se souvient notamment d’OX7 et M8RE, deux disques sortis à une semaine d’intervalle, le second de manière totalement surprise. Cette année, Niro a sorti une nouvelle idée de son chapeau. Plutôt que de simplement balancer son album sur les plateformes de streaming, il a choisi de le découper en plusieurs EP. Ainsi, Stupéfiant s’est dévoilé en quatre étapes et sur plusieurs semaines, permettant au rappeur d’occuper l’espace médiatique sur une longue période et de faire de son album non pas un événement, mais quatre. Cette stratégie marketing mise à part, Niro a encore une fois signé une des meilleures sorties de l’année. Constant, il se devait de figurer également dans celui des meilleurs rappeurs.
16. Vald
Le grand retour de Vald était très attendu par ses fans. En 2018, il a propulsé sa carrière à un tout autre niveau : XEU est de loin son plus gros succès commercial (double platine) alors que Désaccordé a été le morceau le plus écouté de l’année en streaming. Logiquement, les attentes étaient grandes quant à la suite des événements. Elle s’est faite attendre jusqu’en octobre dernier, date à laquelle le rappeur a partagé son tout nouvel album studio Ce monde est cruel. A l’instar de nombre de ses homologues, Vald a mis sur pied une stratégie marketing efficace pour écouler un maximum de copies. Il a rendu disponible en précommande quatre versions de son album, toutes contenant un titre inédit différent. Grâce à l’engagement de son public, il a effectué un des meilleurs démarrages de l’année en première semaine avec plus de 40.000 exemplaires vendus. SCH et Maes en invités stars ont fini de braquer la lumière sur un album scruté par tous. Malheureusement, Ce monde est cruel peine à convaincre, la faute peut-être à une collaboration avec Seezy qui commence à montrer ses limites et à l’enfermer en termes de développement artistique…
15. Djadja & Dinaz
Cette année encore, le 77 est à l’honneur. L’année dernière, c’est Timal qui avait fait sensation avec son tout premier album Trop chaud réussi en tout point et couronné d’un disque de platine. Cette année, c’est Djadja & Dinaz qui reprennent le flambeau. Présents sur le devant de la scène depuis déjà quelques années, ils n’ont jamais cessé de charbonner. Alors qu’ils semblent en marge du rap français, ils ont réussi à faire mouche à chaque sortie d’album. Celui publié en 2019, Drôle de mentalité, n’a pas fait exception à la règle. Annoncé par l’excellent Possédé, le disque a rapidement gagné les coeurs des fans qui répondent toujours présent. Il a conquis par sa qualité intrinsèque au point de se frayer une bonne place dans notre classement des meilleurs albums de l’année ; il a conquis commercialement en allant arracher un quatrième disque de platine consécutif suite à une réédition XXL de treize titres (portant le total à trente). Le pays n’a qu’à bien se tenir : le 77 a bien du talent à revendre.
14. SCH
C’est incroyable mec, SCH est encore dans le classement des meilleurs rappeurs de l’année ! En 2018, nous l’avions classé en troisième position. Fort de JVLIVS, un album considéré par beaucoup comme le meilleur de sa carrière, il avait convaincu la critique avec un essai conceptuel dans lequel une narration mafieuse avait pris le pas sur le reste de son univers. En 2019, le rappeur réalise une année plus discrète, qui s’explique par le fait que Rooftop, son tout nouvel album, soit sorti très tard et n’ait été teasé que trois semaines plus tôt. En parallèle, il a profité de 2019 pour asseoir sa domination en terme de visuel. Les clips de Haut standing et R.A.C sont deux réalisations abouties esthétiquement et qui servent parfaitement leurs propos respectifs. Le reste du temps, SCH s’est fait très discret médiatiquement, laissant la place à d’autres têtes d’affiche qui ont tout simplement eu plus d’impact que lui cette année. Néanmoins, le succès commercial du projet, qui réalise le plus gros démarrage de sa carrière en termes de volume de consommation, et sa réception globalement positive font une fois de plus l’un des artistes incontournables du moment.
13. PLK
Cette année, PLK a fait bien plus que confirmer son statut de grand espoir du rap français : il s’est mué en tête d’affiche ! Après avoir gagné en popularité grâce à une productivité rare et à son album Polak, disque de platine, le rappeur parisien a sorti l’artillerie lourde pour 2019 : il a passé un nouveau cap dans sa carrière prometteuse en publiant à la rentrée sa toute nouvelle mixtape Mental. En amont de cette sortie capitale dans sa carrière, PLK a montré à tous qu’il avait l’étoffe d’une star du rap français en signant plusieurs singles qui sont devenus des tubes de l’année. Parmi eux figurent bien évidemment Un peu de haine et Problèmes, deux titres très entêtants chantés sous autotune. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la recette du Parisien a su trouver son public : il a démarré très fort dans les charts en se classant à la deuxième place du top albums avec près de 18.000 exemplaires vendus. Une prouesse d’autant plus à saluer que l’artiste a souffert de la concurrence de Niska, en pleine deuxième semaine d’exploitation à la suite de la sortie de Mr. Sal. On se demande ce qui va bien pouvoir arrêter PLK en 2020, lui qui part en tournée…
12. Booba
Sans avoir sorti le moindre album ni s’être battu contre Kaaris, Booba se positionne aisément dans le ventre mou de notre classement des meilleurs rappeurs de l’année. Le rappeur n’a pas besoin de publier de galette pour être omniprésent sur le devant de la scène. Armé de son compte Instagram et de son aptitude à faire des tubes, il a encore fait des étincelles en 2019. Pas moins de quatre morceaux sur lesquels il figure ont été certifiés diamant cette année : Friday, Petite fille, Madrina avec Maes et Médicament avec Niska. En outre, il a signé quelques sorties en solo qui ont su trouver une bonne place dans les charts et dans les coeurs des fans. A sa sortie, PGP a été le morceau le plus streamé en 24 h (avant d’être détrôné par Goutte d’eau de Ninho). Dans un registre bien plus pop, il a brillé avec Arc-en-ciel, un morceau vieux de dix ans originellement destiné à Alizée. Tout semble trop facile pour Booba qui n’a qu’à lever le petit doigt pour que les regards se tournent vers lui. Pas de chance pour la concurrence, il devrait sortir son prochain album en 2020…
11. Zola
Après plus d’un an de suspense, Zola est enfin là où tout le monde l’attendait : au sommet des charts. Star en devenir depuis le début de l’année dernière, il s’était bien gardé de dévoiler ses cartes rapidement, préférant travailler à fond sur un tout premier album solo qui a vu le jour au sein du label de DJ Kore, AWA, en avril dernier. Cicatrices, un projet de rookie réussi, a été l’occasion pour le jeune rappeur du 91 d’asseoir son autorité sur la nouvelle génération de rappeurs. Son style explosif et sa stature de rockstar ont permis à sa musique de s’exporter facilement dans les playlists des fans. Des bangers aux morceaux les plus estivaux, chacun des titres a fait mouche, particulièrement Papers avec Ninho qui est assurément un des plus gros morceaux rap de l’année. Hors rap, Zola est devenu une égérie pour le compte d’Adidas, preuve que son image est elle aussi très prometteuse. Au bord du top 10, l’artiste pourrait bien le craquer dès 2020.
10. Niska
Après avoir fait certifier son deuxième album studio Commando disque de diamant en 2018, le rappeur originaire d’Evry s’est trouvé confronté à des enjeux plus élevés que jamais. Niska commence son année sous le sceau de l’international, entre une collaboration avec Diplo en février, puis une interview pour le journal britannique The Guardian dans laquelle il revient notamment sur la perception du rap français outre-Atlantique. Dans le même temps, il amorce son retour en douceur avec le clip de Giuseppe, dans lequel il dévoile en exclusivité la Air Max 720 en coloris Sea Forest… Un bon moyen de faire comprendre qu’un cap a été franchi en termes d’image. Dans les mois qui suivent, Niska prend d’assault les charts à grand renfort de collaborations à succès : Maman ne le sais pas avec Ninho, Médicament avec Booba, RR 9.1 avec Koba LaD, mais aussi les plus discrets Vréalité avec Kekra et Liquide avec Shay. Le 6 septembre, le rappeur fait son retour avec un troisième album studio intitulé Mr. Sal. Construit sur le modèle de Commando, ce dernier souffre néanmoins d’un manque de renouvellement de la part de son interprète. Malgré tout, Niska figure sans conteste parmi les artistes les plus importants de la scène rap française en 2019.
9. Gambi
Certainement le nom le plus inattendu de cette liste ! Il y a quelques mois encore, Gambi n’était qu’un rappeur aux dents longues parmi d’autres. Après s’être construit une audience au travers de la série de freestyles Makak en 2018, le rappeur de la cité de La Redoute (Val-de-Fontenay) est repéré par l’équipe Rec. 118 alors que ses premiers singles solos commencent à faire du bruit sur YouTube. C’est durant l’été 2019 que sa carrière finira par prendre un tournant décisif avec le succès inattendu de Hé Oh, qui finit par se classer en tête du Top Singles après quelques semaines d’ascension continue. Dans la foulée, c’est au tour de Popopop d’exploser les records avec son actif l’un des plus gros démarrages de singles de l’année. Une performance impressionnante, voire carrément inédite dans la mesure où Gambi n’a toujours pas annoncé son premier projet ! Le rappeur entame alors une série de collaborations triées sur le volet, de Stevez avec le phénomène marseillais TK à Bouge moi de là avec son mentor Jul, sans oublier Gasolina avec Hamza. Ces quelques apparitions achèvent de situer Gambi comme un acteur incontournable de la scène rap hexagonale, porté par une maîtrise instinctive des codes du marketing viral…
8. Soprano
Après le succès sans précédents de L’Everest en 2016 et 2017, le rappeur marseillais a remis les couverts sur la table l’année dernière avec Phoenix, un projet dans la lignée des précédents, à cheval entre rap et chanson française. En 2019, Soprano enchaîne une première partie de son Phoenix Tour et le tournage de la huitième saison de l’émission TF1 The Voice. À la rentrée, il annonce une série de dates supplémentaires puis réalise une date évènement à l’Orange Vélodrome, en plein coeur battant de sa ville natale. Au total, ce sont pas moins de 800.000 spectateur qui se sont déplacés pour voir Soprano en concert tout au long du Phoenix Tour, ce qui fait de lui l’un des plus gros artistes lives de l’urbain français. À l’approche des fêtes de fin d’année, très exactement un an après la sortie de Phoenix, il dévoile une réédition intitulée Du phoenix aux étoiles. Dans ce nouveau projet, le marseillais adopte une musicalité plus rap, notamment au travers de collaborations avec Ninho, Jul et Alonzo. La stratégie s’avère payante, le compteur s’affole durant les semaines qui précèdent Noël et le rappeur décroche un nouveau disque de diamant.
7. Koba LaD
En 2018, la sortie de l’album VII avait laissé une bonne partie du public de Koba LaD sur sa faim. À l’approche de la nouvelle année, le rappeur du bâtiment 7 s’est trouvé confronté à un double défi : celui de montrer sa capacité à réaliser un album qualitatif et à évoluer musicalement, celui de se maintenir à niveau sur le plan commercial durant cette évolution. Rapidement, il s’impose comme l’un des nouveaux featurings incontournables du rap français et s’invite sur les projets de Heuss L’enfoiré (George Moula), Lartiste (Piwi), Ninho (La vivance) ou encore Alonzo (Ça a changé). Mieux, chacune des performances du jeune prodige ne semble insipide et son apport sur chacun de ces projets est bel et bien réel. Après le succès de ses premiers extraits solos, il finit par dévoiler son nouvel album studio, L’Affranchi, en avril. Sur ce projet de quinze titres, Koba développe une esthétique poussée et une couleur musicale identifiable qui manquaient à VII. En septembre, L’Affranchi se voit agrémenter de quatre titres supplémentaires et finit certifié disque de platine, en partie grâce au succès de RR 9.1 qui s’impose parmi les principaux singles de l’année. Mission accomplie.
6. Jul
Comment ne pas mentionner l’exceptionnelle année 2019 de Jul ? Comme à son habitude, le marseillais a imposé son actualité parmi les temps forts de l’année grâce à une productivité difficile à soutenir. En l’espace de 12 mois, son public a ainsi eu le droit à deux albums studios, Rien 100 Rien et C’est pas des LOL, un album gratuit et une réédition… Ainsi qu’une application à son nom que Jul ambitionnerait de transformer progressivement en véritable réseau social destiné à le rapprocher de ses fans. Après plusieurs années d’ascension, le J a fini par se stabiliser et à atteindre un rythme de croisière au niveau commercial, une situation confortable qui lui a permis de créer un nouveau label nommé Rien 100 Rien et d’y signer un duo prometteur : le phénomène masqué TK et le tourquennois Gips. Légèrement en deçà de ses capacités sur ses projets de l’année, Jul n’en reste pas moins un performeur hors-pairs et le démontre lors de ses nombreuses collaborations avec Heuss L’enfoiré, Soprano, L’allemand, Ghetto Phénomène ou encore RK. Une saison bien remplie de plus pour celui qui se classe une année de plus parmi les artistes les plus écoutés de l’année en streaming dans l’hexagone.
5. Gims
À l’instar de Soprano, avec qui il partage certains points communs au niveau des choix de carrière, Gims signe une année 2019 remarquable. Certifié disque de diamant en 2018 avec son troisième album studio Ceinture Noire, le leader de la Sexion d’Assaut ambitionne de dépasser le million de ventes pour une troisième fois consécutive. Pour cela, il mise sur la réédition Transcendance, qui voit le jour en avril, qui s’inscrit également dans la stratégie générale d’export à l’international du rappeur parisien. Pour accroitre sa visibilité et conscient du fossé qui sépare le rap français de son cousin américain sur le plan de la considération, il décide de miser sur les géants d’Amérique latine : ses collaborations avec Maluma et J. Balvin figurent parmi les cartons de l’année et se voient gratifier d’un paquet de certifications en Europe et dans le monde. 2019, c’est également l’année durant laquelle Gims devient le premier rappeur à remplir seul le Stade de France. Un évènement qui n’apaise pas ses ambitions puisqu’il enchaîne presque aussitôt sur une nouvelle réédition, plus courte, destinée à célébrer une décennie de carrière. Un nouveau succès à son échelle, qui permet à son auteur de dépasser la barre des 800.000 ventes…
4. Heuss L’enfoiré
Fin 2018, Heuss L’enfoiré apparaissait encore comme un rookie prometteur mais dont le potentiel commercial restait largement incertain. Douze mois plus tard, le rappeur révélé par l’émission Rentre dans le cercle s’impose comme l’un des plus gros vendeurs de l’année, à l’intérieur comme à l’extérieur. Heuss, qui ouvre l’année avec son premier album En Esprit, signe un projet solide à l’ADN musical fortement marqué et bourré de hits potentiels. Le résultat ne manque pas de se faire sentir avec Khapta, Les méchants et Aristocrate, qui cartonnent dans les clubs et chichas de l’ensemble de l’hexagone. On le retrouvera également tout au long de l’année en collaboration sur certains des plus gros projets du moment, qu’il s’agisse de Rien 100 Rien de Jul (GTA), On est fait pour ça de Naps (Rappelle-toi), Mr. Sal de Niska (Moula) ou encore Rooftop de SCH (Super Silver Haze). Non-content de ses cartons en solo, il termine l’année sur deux nouveaux hits en compagnie de Gradur (Ne reviens pas) et Jul (Moulaga). Chacun de ces deux titres se classe parmi les plus gros démarrages de l’année en streaming et sur YouTube, en grande partie grâce aux couplets obsédants de Heuss.
3. Nekfeu
Après un peu moins de trois ans d’absence, le grec le plus célèbre de la capital a décidé de faire son retour, mais pas de n’importe quelle manière. Après plusieurs semaines de teasing mystérieux pour un « album au cinéma », ce sont plus de 100.000 spectateurs qui assistent simultanément à la séance unique du documentaire consacré à son processus créatif et plus généralement au contexte de création de son troisième album studio. Dans la foulée, Les étoiles vagabondes fait son apparition sur les plateformes de streaming et de téléchargement. Une semaine plus tard, la version physique est disponible. Deux semaines après la sortie de l’album, une deuxième partie intitulée Expansion est à son tour mise en ligne, puis rendue disponible au format physique une semaine plus tard. Cette stratégie d’exploitation consistant à étaler la semaine de sortie du projet sur un mois entier est un succès inespéré et le projet finit en tête des plus vendus de l’année. En août, le documentaire finit par être accessible sur Netflix et offre un gain de visibilité non négligeable à l’album. En misant sur une communication minimaliste, Nekfeu maximise l’impact de chaque sortie et crée l’évènement tout au long de l’année…
2. Ninho
Si Destin peine à se classer parmi les meilleurs projets de l’année sur le plan qualitatif du fait d’une identité musicale trop peu marquée malgré un travail de production remarquable, on ne peut pas en dire autant du parcours de son interprète durant les douze derniers mois. Véritable hitmaker en puissance, on retrouve Ninho sur une flopée de singles à succès tout au long de l’année, à commencer par Vida loca en collaboration avec 4Keus Gang. Porté par le succès de Goutte d’eau, Maman ne le sait pas, Putana et La vie qu’on mène, son nouvel album traverse l’année avec une stabilité remarquable. Dans le même temps, le rappeur de Nemours se promène de succès en succès sur une bonne partie des albums de 2019 : Cicatrices de Zola (Papers), Stone d’Alonzo (C’est elle), L’Affranchi de Koba LaD (Quotidien), Rien 100 Rien de Jul (Tel me), la compilation Game Over 2 (Kim Jong-Il), Mr. Sal de Niska (Méchant), Ategban de Vegedream (Elle est bonne sa mère), Du phoenix aux étoiles de Soprano (Musica), Rooftop d’SCH (Mayday)… Systématiquement, chaque titre figure parmi les plus écoutés du projet et contribue au rayonnement de Ninho.
1. PNL
C’est PNL qui décroche la palme pour l’année 2019. Comme Nekfeu, le duo des Tarterêts fait son retour après une longue absence puisque le blockbuster Dans la légende avait vu le jour en septembre 2016 ! Depuis, peu d’actualité en dehors de deux singles sortis durant l’été 2018, histoire de prendre la température. Que ce soit commercialement ou sur le plan de la qualité, PNL s’offre la meilleure sortie de l’année avec Deux frères, probablement le seul album vraiment mémorable de 2019. Durant les semaines qui précèdent sa sortie, le duo s’offre une campagne de communication dont l’impact s’avèrera si important qu’elle va littéralement modifier les standards du rap français pour le reste de l’année. La force de PNL reste sa capacité à intégrer la promotion de ses projets dans son univers artistique, en créant une continuité visuelle entre un live YouTube et le début du clip d’Au DD ou encore en annonçant une tournée en plaçant des capsules futuristes dans plusieurs villes de l’hexagone. Malgré un après-sortie mal négocié, le duo sort grandi de cette année 2019 dont il est incontestablement l’un des principaux centres de gravité.