Le Syndicat national de l’édition phonographique, association interprofessionnelle notamment en charge du calcul des ventes d’albums et de singles et de l’attribution de certifications, vient d’apporter une correction notable à sa manière d’aborder les équivalences streams. A compter du vendredi 27 avril, seuls les écoutes en streaming issues de la consommation premium seront comptabilisées pour établir les top ventes ainsi que pour fixer les seuils de certifications. De plus, l’ensemble des seuils de certification de singles sont rehaussées de 50%. Pour le SNEP, il s’agit de mettre en adéquation les ventes et les revenus des artistes, ainsi que de s’adapter aux nouvelles dynamiques apparues à la suite de l’adoption des ventes fusionnées incluant les équivalences streams en 2016. En décembre dernier, Billboard avait également minoré le poids du streaming financé par la publicité dans la comptabilisation des ventes, mais la décision du SNEP est autrement plus radicale…
— Ventes Rap (@VentesFRap) April 24, 2018
Cette première mesure est d’une importance capitale puisqu’elle aura une influence directe sur les chiffres de ventes des artistes et donc sur leurs certifications. Il est important de préciser que la comptabilisation des chiffres de ventes par le SNEP n’influe par sur les revenus des artistes, les revenus issus du streaming financé par la publicité seront versés de la même manière qu’avant. En revanche, il est possible qu’elle ait un léger impact négatif pour certains artistes qui avaient axé leur communication sur leur succès commercial. Il est difficile d’estimer l’impact exact qu’aura la décision sur les ventes des artistes, il variera fortement d’un genre musical à un autre et surtout d’un artiste à un autre en fonction de leur public. Le SNEP appuie sa décision en précisant que les consommateurs payants sont majoritaires au sein des utilisateurs du streaming en France, cependant cette proportion est loin de l’appliquer à des genres comme l’électro ou les musiques urbaines, où le streaming représentait plus de 70% des ventes en 2017. En revanche, la décision n’aura aucune influence sur les services d’achat de streams qui utilisent des batteries d’ordinateurs et des comptes premium pour rehausser les écoutes d’artistes moyennant rémunération. Certains estiment que cela reviendrait à mettre de côté une part encore importante des consommateurs et ses choix musicaux, notamment le public le plus jeune, et dont à désavantager les musiques urbaines… Cela semble également aller à l’encontre de la nouvelle politique commerciale des plateformes de streaming, qui cherchent à attirer autant que possible de nouveaux utilisateurs gratuits.
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D’un autre côté, la décision de rehausser le seuil de certification des singles aura une importance beaucoup moins grande en pratique. Depuis la prise en compte du streaming, le format single a connu un regain d’intérêt trompeur, l’écoute d’un morceau étant comptabilisée simultanément dans le calcul de ses écoutes et dans celui des ventes de l’album dont il est issu. Rehausser les seuils de certifications qui n’indiquent finalement que des volumes d’écoute n’aura pour incidence que de rallonger sensiblement l’obtention du single d’or et de raréfier celle du single de platine. Il s’agit encore une fois de valoriser le choix d’écoute, c’est-à-dire de placer les certifications de singles à un seuil où l’on constate un véritable engouement des auditeurs pour un titre. De la même manière, les abonnements payants permettent à l’auditeur de réaliser l’écoute intégrale d’un album là où, en dehors-des écoutes sur ordinateur, le streaming financé par la publicité ne donne droit qu’à une lecture aléatoire et donc partielle du projet. Contrairement à l’achat d’un album en physique ou en numérique qui est une démarche active par excellence, la consommation de titres gratuite sur les plateformes de streaming est bien souvent passive puisqu’imposée. Cette logique refuse cependant de prendre en compte la prégnance de l’usage de playlists, y compris parmi les usagers payants…