Au nord de Marseille, le quartier de Fond Vert fait plus souvent la une des journaux pour la qualité de sa drogue que pour la qualité de sa musique… Pourtant, originaire de Fond Vert, Soso Maness démontre démontre clip après clip une maîtrise tout le potentiel dont il recèle depuis 2013. Proche de Jul à l’époque de Liga One, Soso se fait connaitre avant tout par ses talents de kickeur, mais il basculera au fil des années vers un style chanté qui finalement fait toute sa force…
➡️ Du kick au chant, l’évolution de Soso Maness de 2013 à 2016
Le premier gros succès solo de Soso, c’est le clip de Toto Riina: une prise sur le front de mer, une prise au quartier et la sauce commence à prendre. Musicalement, le morceau est intéressant parce qu’il se situe au croisement des débuts de la trap et de la fin du dirty south, dont on retrouve encore des procédés purement involontaires. La suite? Un clip tourné en Bulgarie, puis Neymar, un premier son chanté qui préfigure le futur de la production musicale de Soso, mais desservi par une maîtrise encore hasardeuse d’autotune… Malgré son potentiel indéniable, Soso piétine entre la série de freestyles #DLB et son morceau Plata o plomo en 2015, par manque d’originalité. Le déclic se produit quelques mois plus tard en 2016, avec Merlish, un morceau d’été qui marque un grand pas en avant pour le rappeur marseillais: la qualité du clip, la prod, la maitrise d’autotune, la mélodie sont enfin au rendez-vous, et le résultat se fait sentir. Avec près de 5 millions de vues, Merlish est pour le moment le grand succès de la carrière de Soso, mais surtout celui qui marque une bonne fois pour toutes son passage au chant.
➡️ Des mélodies de rap inspirées de variété française et de pop latine
Comme la plupart des artistes qui se sont rapprochés du label Liga One à un moment ou un autre de leurs carrières (de Jul à Mayel Jimenez), Soso a du mal à cacher l’influence de la pop latine sur sa propre production musicale. Ce qui est intéressant, c’est que contrairement à d’autres il parvient à réaliser une synthèse entre cette influence prégnante, l’influence de la variété française, l’influence de la trap et du dirty south de ses premiers morceaux, et l’influence des prods house à la Kore. Cette variété d’influences permet à Soso d’avoir une palette musicale assez large, entre Emmenez-moi, où il reprend le classique de Charles Aznavour de la prod à la mélodie, et Mic Alpha, où la prod a des consonances house très fortes, le rappeur semble capable de maîtriser absolument tout type de prod, passer du kick au chant le plus naturellement du monde. Dans KTM, un autre succès de Soso sur une prod de l’adjoint, on peut entendre au détour d’un couplet « avec ma guitare appelle moi Gipsy King », le rappeur assume pleinement son passage à une forme de rap chanté, avec la particularité caractéristique des rappeurs marseillais de conserver sous cette apparence dansante des paroles très crues.
➡️ Un potentiel qui mériterait d’être pleinement exploité
Dans Rentre dans la danse, son dernier featuring avec Biwai, Soso Maness finit par révéler pleinement son potentiel pop rap, un potentiel dont la richesse et la variété mériteraient vraiment d’être explorées. Entre les sonorités douces et le débit ralenti d’Emmenez-moi et les sonorités club et la cadence rapide de Rentre dans la danse, il est difficile de dire ce qui convient le mieux à Soso tant il semble à l’aise sur n’importe quelle prod. ces morceaux ne révèlent en réalité qu’une fraction de son potentiel, fraction qui ne demande qu’à être enrichie de nouvelles influences, de prods très diversifiées, et peut-être d’une plus grande productivité. A Marseille, où le pop rap devient une institution, Soso Maness a clairement les capacités techniques d’en devenir le numéro 1, reste à savoir s’il souhaite s’en donner les moyens. Dans tous les cas, il faut garder à l’esprit que la production musicale de Soso Maness recèle de plus de profondeur qu’elle ne le révèle au premier abord, et que le rappeur de Fond Vert est clairement une figure à suivre pour les amateurs du genre.