Depuis la fin des années 1990, les supergroupes à succès sont de plus en plus rares. Le passage à un nouveau millénaire a-t-il sonné le glas progressif de ces formations exceptionnelles qui viennent capter l’attention du public sur une période plus ou moins courte pour livrer quelque chose d’intemporel, mitigé ou catastrophique ? Avant tout, il est nécessaire de distinguer le supergroupe du collectif. Un collectif est un rassemblement d’individualités qui opèrent dans un champ pluridisciplinaire (rap, vidéo, graphisme, etc) tandis qu’un supergroupe est constitué d’individualités déjà établies et reconnues dans l’optique d’un morceau, une date, un album, une tournée ou un projet. Pour illustrer la chose, des formations comme la Mafia K’1 Fry et L’Entourage sont des collectifs tandis que La Ligue (Médine, Youssoupha et Kery James) et les Néochrome Hall Stars (Alkpote, Seth Gueko, Zekwe Ramos) sont des supergroupes. Quand on balaye rapidement le paysage actuel, sans surprise, les américains dominent le sujet. De Gravediggaz au mouvement Beast Coast en passant par Black Hippy, nombreux sont les supergroupes qui jouissent d’une certaine aura tandis qu’en francophonie ils se comptent difficilement sur les doigts d’une main.
Si certains ont su embrasser un succès d’estime, presque aucun n’a vraiment connu son pendant commercial. Il faut dire que le risque est grand, aussi bien pour les artistes que pour les structures qui les accompagnent. Comment concilier les publics ? Quelle stratégie marketing adopter ? Se produire. Oui, mais sur quel label ? Quel tourneur ? Comment rebondir en cas de flop ? Telles sont les questions qui taraudent probablement les artistes, managers et autres chefs de projets quand on en vient à ce genre de formations…
L’âge d’or des supergroupes, de Gravediggaz à la Westside Connnection
Le premier supergroupe de l’histoire se nomme Gravediggaz et émerge au début des années 1990. Ses membres sont : Prince Paul, producteur qui a connu succès d’estime et succès commercial dans les années 1980 avec les groupes Stetsasonic et De La Soul ; Frukwan, rappeur du groupe Stetsasonic ; RZA, leader du Wu-Tang Clan qui évolue à l’époque sur le label Tommy Boy sous le pseudonyme Prince Rakeem ; Too Poetic, rappeur relativement connu dans le milieu underground new-yorkais au travers du groupe Brothers Grym. Pendant trois ans, les Gravediggaz patientent sagement en quête du deal parfait avec une maison de disques qui leur laissera une totale liberté artistique et un soutien financier conséquent. Le choix se porte finalement sur le label britannique Gee Street Records au sein duquel évoluent déjà des groupes assez atypiques comme Stereo MCs et New Kingdom.
Six Feet Deep, le premier album du groupe, sort en 1994 et se distingue rapidement par un type de rap qualifié d’horrorcore axé sur l’humour noir, des productions sombres et une ambiance macabre. Ce sous-genre avait été notamment popularisé par le groupe texan Geto Boys à la fin des années 1980. Dans la lignée du premier opus, le groupe sort The Pick, the Sickle and the Shovel en 1997 et Nightmare In A-Minor en 2002 après les départs de Prince Paul et RZA. Le dernier album sort un mois après la mort de Too Poetic des suites d’un cancer du colon et sonne par la même occasion la fin d’un groupe qui n’aura pas forcément connu le sommet des charts, mais qui peut se targuer d’avoir été pionnier d’un genre qui inspirera par la suite la Three 6 Mafia, Tech N9ne ou encore Eminem.
Les rappeurs de la côte ouest ne tardent pas aussi à s’allier et dès 1996 on voit émerger un autre super groupe nommé Westside Connection qui réunit les rappeurs Ice Cube, WC et Mack 10. Ice Cube est alors déjà bien bien établi avec quatre albums solos (trois platines et un double platine) ainsi que des performances remarquées au cinéma dans Boyz-N-The Hood, High Learning et Friday. WC est un éminent membre des groupes Low Profile et WC and the Maad Circle tandis que Mack 10 est fraichement auréolé d’un disque d’or avec son premier album éponyme. Après l’obtention d’un disque de platine pour Bow Down, leur premier album, puis d’un disque d’or pour Terrorist Threats, des tensions apparaitront au sein du groupe. Suite à un désaccord avec Ice Cube, Mack 10 quitte le groupe en 2005. Ce qui est déjà devenu un échantillon mythique du rap californien finira par se séparer deux ans plus tard.
Ces supergroupes qui auraient pu révolutionner le genre : The Firm, The Commission…
Acclamé pour son premier album Illmatic, Nas sort deux ans plus tard son second album It Was Written qui lui permet d’acquérir un statut de rappeur mainstream. Le morceau Affirmative Action introduit The Firm, un super groupe composé de Nas, Foxy Brown, AZ et Cormega. Cormega sera rapidement remplacé par le rappeur Nature suite à des litiges avec Steve Stoute, manageur de Nas qui voulait absolument qu’il signe un contrat avec son agence Pensionnaire du label Aftermath Entertainment de Dr. Dre, The Firm sort The Album en 1997 qui recevra un accueil mitigé mais fort de sa pléiade de stars, s’en sortira avec un disque d’or. Si on considère les années 1990 comme l’âge d’or des super groupes c’est parce qu’on prend également en compte les non-aboutissements, les superbes échecs et les magnifiques rumeurs.
La mort de Notorious B.I.G en mars 1997 semble avoir sonnée le glas sur ce qui aurait donné un super groupe des plus alléchants. Il semblerait que Biggie travaillait à l’époque sur un projet commun avec Jay-Z intitulé The Commission sur lequel figuraient des artistes affiliés comme Charli Baltimore, Lil’ Cease, AZ et Diddy dans le rôle de producteur. Imaginer ces deux mastodontes battre le fer sur plus d’une heure donne des sueurs froides mais la rue en a voulu autrement. Doit-on distinguer un super groupe d’un super duo ? Difficile à dire mais si The Commission n’était qu’un mirage, d’autres super duos iront au bout de leurs idées. On peut citer Method Man & Redman qui ont su fidéliser une fan base et développer une véritable image de marque avec des films, séries et autres produits dérivés. Run the Jewels, composé du rappeur/activiste Killer Mike et du rappeur/producteur El-P ont également su s’imposer comme une franchise durable avec trois albums ainsi que d’autres productions ici et là comme le récent show Netflix Trigger Warning With Killer Mike.
Penchons nous maintenant sur le cas Murder Inc. un supergroupe prometteur qui outre des sueurs froides, a fait couler beaucoup d’encre. En juin 1999, le magazine XXL dévoile une cover qui fera date annonçant la formation de Murder Inc. une formation composée de Jay-Z, DMX et Ja Rule. À l’époque les trois loustics sont signés en licence chez Def Jam sur les trois différentes entités que sont Roc-A-Fella, Ruff Ryders Ent. et Murder Inc. Records. Ils s’apprécient, collaborent ensemble et partagent même une scène lors du Hard Knock Life Tour de 1999. Tout semble propice à l’avènement de cet excitant trio mais soudainement plus rien, le projet prend court si proche du but. Les raisons sont floues mais on avance encore une fois des questions d’égos et de contrats.
Il faut attendre une dizaine d’années pour voir Jay-Z figurer dans une super formation lorsqu’il s’allie avec Kanye West pour le projet Watch The Throne qui fait un carton plein. On l’a également retrouvé récemment sous l’entité The Carters avec sa femme Beyoncé pour le projet Everything Is Love accompagnée d’une tournée mondiale et d’une privatisation du Louvre remarquée. Kanye West de son coté s’est associé récemment avec Kid Cudi pour former Kids See Ghosts et a publié un excellent premier album éponyme sur lequel on retrouve Pusha-T, Louis Prima, Ty Dolla $ign et Yassin Bey.
Au début des années 2010, Black Hippy et le renouveau timide des supergroupes
Au début des années 2010 émerge un supergroupe qui réunit quatre individualités fortes. Fraichement signés sur le label TDE, Jay Rock, Kendrick Lamar, ScHoolboy Q et Ab-Soul s’unissent sous la bannière Black Hippy. Jay Rock est le plus expérimenté, actif depuis 2005 il a connu deux labels (Warner Bros. et Strange Music) et pas mal de galères mais c’est le premier de l’écurie à figurer dans la classe 2010 des Freshman du magazine XXL aux cotés du regretté Nispey Hussle, J. Cole ou encore Wiz Khalifa. Kendrick Lamar est alors en pleine ascension après un premier projet remarqué intitulé Overly Dedicated, il confirme les attentes avec Section.80 puis confirmera définitivement son statut de superstar avec good kid, m.A.A.d city. Fort de deux projets Setbacks et Habits & Contradictions, ScHoolboy pose les bases de l’onde de choc que sera Oxymoron tandis que Ab-Soul bien que moins exposé se montre le plus prolifique avec d’ores et déjà quatre projets à son actif.
C’est donc ce quatuor qui sonne le retour des supergroupes outre-Atlantique sans pour autant sortir de projet commun malgré les demandes harassantes des fans. Toujours actif, leur dernier morceau Vice City remonte à 2015 et rien ne semble annoncer un quelconque retour alors que Jay Rock a sorti certainement l’un des meilleurs albums de l’année 2018 (Redemption) et que ScHoolboy Q vient de sortir son cinquième album, CrasH Talk.
En 2012 juste avant les vacances d’été, un jeune rappeur new-yorkais nommé Joey Bada$$ publie une mixtape qui va marquer les esprits. Les 15 titres de 1999 introduisent un rap technique extrêmement bien produit avec des grands noms comme MF DOOM, Lord Finesse et J Dilla. C’est aussi le retour des groupes sur le premier plan à New-York avec les Flatbush Zombies issus du même quartier que Bada$$ qui sortent la mixtape D.R.U.G.S., le A$AP Mob qui sort Lords Never Worry et les Underachievers qui délivrent Indigoism. Sans oublier le collectif de Joey, Pro Era qui se fait remarqué avec P.E.E.P. : The aPROcalypse mais doit gérer la soudaine disparition de leur leader Capital STEEZ qui se suicide en fin d’année 2012. Toutes ces formations issues de Brooklyn cohabitent et collaborent pendant des années en utilisant l’expression « Beast Coast » comme cri de ralliement sans pour autant créer vraiment d’entité officielle. Il faut attendre 2019 pour voir la chose arriver avec un super groupe qui réunit 5 membres de Pro Era (Joey Bada$$, Kirk Knight, Nyck Caution, CJ Fly et Powers Pleasant) ainsi que le trio Flatbush Zombies et le duo Underachievers. Leur album Escape From New York démontre une franche camaraderie entre toutes ces entités mais arrive à mon avis largement à contre-temps. Le moi de 2012-2014 aurait certainement plus apprécié ce projet.
Des supergroups pour la scène, pas le studio : Prophets of Rage, Gucci Gang…
Suite au lancement de la campagne de Donald Trump pour la présidence des États-Unis en 2016 un supergroupe composée de légendaires vétérans émerge en réaction sous l’entité de Prophets Of Rage. Il réunit les groupes Rage Against The Machine (Tom Morello, Tim Commerford et Brad Wilk), Public Enemy (Chuck D et DJ Lord) et Cypress Hill (B-Real). Jouant d’abord des reprises de leurs illustres titres, ils sortent leur premier album éponyme en septembre 2017. Le groupe semble plus orienté vers la scène que le studio, il était d’ailleurs récemment en concert à l’Olympia pour un show énergique qui a ravi un public totalement conquis.
Si on poursuit dans cette lignée de supergroupes scéniques on peut citer également le surprenant Gucci Gang apparu en janvier dernier lors de la publication de la programmation du festival Coachella. On avait d’abord pensé à une erreur de la part des organisateurs mais ce mystérieux Gucci Gang n’est autre qu’un super groupe composé de Lil Pump, Smokepurpp et Gucci Mane. Si les deux enfants de Guwop ont collaboré à de multiples occasions les trois n’ont jamais été réunis sur un même morceau. Smokepurpp et Gucci Mane avaient cependant partagés fin 2018 une tournée de deux mois aux cotés de Carnage, le Unusual Suspects Tour. Pour ce qui est du GG rien à signaler depuis cette performance au Coachella.
Un autre supergroupe composé de Kendrick Lamar, SZA, André 3000 et Frank Ocean a été annoncé par le biais d’un post sur le compte Tumblr de ce dernier… Sans suite. Le dernier super groupe en date est quant à lui un peu plus réel. Noname, Smino et Saba qui multiplient les collaborations depuis plusieurs années semblent vouloir passer un cap. Ils ont notamment livrés une performance de haut vol sur le Tonight Show de Jimmy Fallon. Le trio pourrait même accueillir un quatrième membre en la personne de Mick Jenkins qui viendrait rajouter encore plus de consistance à un groupe déjà très solide.
En France, les supergroupes cantonnés à la scène underground ?
Et le rap français dans tout ça ? Si les supergroupes se sont montrés plus rares dans le rap francophone on ne peut nier leur présence. Pour bien les traiter, il est important de se replacer dans un contexte qui n’est pas comparable au marché américain. Nous nous situons certes dans le top 5 mondial en terme de public, chiffres et influence mais l’échelle de notoriété est radicalement différente de celle de nos homologues outre-Atlantique. Hormis La Ligue et Team BS qui regroupent des entités relativement connues du « grand public » les supergroupes francophones sont essentiellement des rassemblements d’individualités proches évoluant dans une niche, le fameux « milieu underground ».
C’est le cas du premier supergroupe qui apparait au début années 2000. L’Armée des 12 réunit TTC, La Caution et Saphir Le Joaillier qui collaborent depuis quelques années apparaissant notamment sur des compilations comme Vague Nocturne (1998) et La Contrebande – Mixtape Vol. 1 (2000). C’est sur Kerozen Music (label de La Caution) qu’ils sortent Cadavre Exquis. Un disque qu’ils qualifient eux-même d’intemporel qui lance en quelque sorte les hostilités de ce rap que la presse spécialisée qualifie rapidement d’alternatif. D’autres pseudos superformations émergent par la suite comme L’Atelier et Le Klub Des 7 issu lui-même du Klub Des Loosers. Si TTC prend une dimension plus « pop » en 2004 avec l’album Bâtards Sensibles et le tube « Dans le club ». La Caution sort l’année suivante le double album Peines De Maures / Arc-en-ciel Pour Daltoniens qui fait également partie des disques importants de cette période.
Il faut attendre les années 2010 pour voir un autre supergroupe émerger des abysses du label Néochrome, qui telle une grande ligue de basket rassemble les meilleurs éléments de son roster pour former les Neochrome Hall Stars. Formation dans laquelle on retrouve le bourrin Seth Gueko, l’infernal Alkpote et l’impétueux Zekwe Ramos. Le projet sort en 2008 et reçoit un accueil critique favorable s’imposant comme l’une des meilleures sorties de l’année. Huit ans plus tard, Alkpote qui comme le bon vin se bonifie avec le temps trouve les parfaits complices (le groupe Butter Bullets composé du rappeur Sidi Sid et du producteur Dela) pour effectuer le nouveau coup de l’année avec le projet Ténébreuse Musique qui encore une fois fait l’unanimité.
Entre projets avortés et initiatives couronnées de succès, un format sur l’ascendant ?
Entre temps, d’autres initiatives se sont lancées avec plus ou moins de réussite. La Team BS composée de La Fouine, Sindy, Fababy et Sultan est un quatuor assez atypique. Fababy et Sultan sont alors deux membres de la génération La Relève (pas celle de Deezer) au sein de laquelle on retrouve également Sadek, S. Pri Noir et Still Fresh. Sindy quant à elle est remarquée en 2013 par La Fouine par le biais de l’émission Popstars dans laquelle il est jury. L’album éponyme du groupe sort en février 2014, il est certifié disque d’or quatre mois plus tard et le groupe s’arrête rapidement à la suite des départs successifs de Sindy et Fababy. L’autre supergroupe qui aurait pu aller titiller un disque d’or s’il s’était décidé à faire un album, c’est La Ligue. Le cerbère du rap conscient constitué de Médine, Youssoupha et Kery James apparait en 2013 sur le titre « Contre nous » de l’album Dernier MC. En attendant l’hypothétique album de La Ligue ses membres apparaissent sur les projets respectifs de chacun. La dernière apparition en date figure sur l’album Polaroïd Expérience du lyriciste bantou sorti en septembre dernier.
Si on s’intéresse aux têtes d’affiches et noms récurrents des festivals actuels, impossible de louper Lomepal ou encore Caballero qui avec son acolyte JeanJass figurent parmi les artistes les plus bankables du moment. Back in 2014, Lomepal et Caballero formaient une entité nommée Le Singe Fume Sa Cigarette en compagnie d’Hologram Lo (produceur et DJ d’1995). À l’issu de ce projet publié gratuitement en 2012, ils s’allient avec le duo nantais Fixpen Sill pour former le Fixpen Singe. Lo est remplacé par l’architecte sonore Meyso qui va beaucoup travailler avec Lomepal par la suite. Bien qu’ils sortent deux clips et un projet cinq titres, le Fixpen Singe s’inscrit comme le Gucci Gang et les Prophets Of Rage dans une optique scénique avec une tournée drivée par le média Grünt et la tentaculaire agence belge Back In The Dayz.
Enfin pour finir si on devait mentionner le dernier supergroupe francophone en date on irait du coté de Dakar, Lyon et Paris pour essayer de catcher le 669 alliance des deux groupes que sont le 667 et Lyonzon. Déjà très nombreux, leur alliance dépasse aisément la barre de la vingtaine de rappeurs. Le 667 est surtout proche du RTT Clan (Noma, Mini, Gouap) qui fait partie de Lyonzon. Si la LDO est dans un délire ésotérique et une identité musicale plus marquée, Lyonzon s’est notamment fait remarqué par un freestyle Benibla, un goût prononcé pour le no melody et des lives Instagram bien animés. « 669 », le seul morceau à leur actif révèle certaines affinités mais encore des grandes inégalités entre les membres de la secte et certains gars du Rhône.
Ces supergroupes qui pourraient changer la donne dans les années à venir
Après ce grand tour d’horizon sur les supergroupes dans l’espace et dans le temps, imaginez la situation suivante. Vous êtes producteur d’un gros label et on vous donne un budget illimité pour produire le prochain supergroupe qui doit exploser les charts de France et de Navarre. Vous devez faire votre choix parmi les groupes proposés ci-dessous. Plutôt grosse prise de risque ou plat du pied sécurité ?
Lala &ce, Joordee et Retro X, super émo
S’affranchir du statut de rappeur SoundCloud n’est pas chose facile mais force est de constater que nous rentrons dans une ère post-soundcloudienne dans laquelle les anciennes tête d’affiche du nuage orange peuvent prétendre à d’autres horizons. C’est déjà le cas avec Freeze Corleone au vu des streams qu’il génère avec PBB mais c’est également le cas de Lala &ce, Joordee et Retro X. Sur les dernières années, les multiples collaborations entre ces trois activistes d’un émo rap assumé démontrent une rare alchimie. Si Joordee affiche depuis le début de l’année un rythme lil-bibien avec 6 projets à son actif, Retro X a signé récemment son label DGBE en licence chez Because tandis que Lala vient clairement de passer un cap avec son premier projet Le Son D’Après qui a eu une plus gros impact que ses sorties précédentes. Le phrasé nonchalant et susurré a des beaux jours devant lui.
Koba LaD, Diddi Trix et Gambi, les voix lactées
Si ce supergroupe ne verra certainement jamais le jour, on peut imaginer ce que serait l’association de ces trois voix atypiques. Koba LaD et ses aiguës fantasques, Diddi Trix et sa voix suave envoutante et Gambi qui a su profiter d’un contexte footballistique favorable pour s’auto-proclamer sosie vocal de Kylian Mbappé. Outre ces voix lactées, la communication s’axera sur le coté mauvais garnements du rap français qui chient sur les codes. Un rap crapuleux totalement décomplexé. Joey, Marky et Dee-Dee font de la trap.
Columbine & Djadja & Dinaz , et merci la Sacem
De passage dans l’émission La Sauce chez nos confrères d’OKLM Radio en avril dernier, le groupe Columbine évoquait son grand amour pour la musique de Djadja & Dinaz. « Le son de notre bande de pote c’est vraiment ‘J’fais mes affaires’ de Djadja & Dinaz pour nous c’est un classique au même titre que ‘Le monde ou rien’ de PNL » déclarait Foda C. Ces mots ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd et des potentiels gros tubes peuvent sortir de cette association pas si improbable entre les collocs rennaises et les tours de Seine-et-Marne.
Alkpote & Philippe Katerine, l’amour passionnel
Enfin vous pouvez miser sur les deux magnifiques vétérans que sont Alkpote et Philippe Katerine. Depuis leur coup de foudre au Planète Rap de Lomepal un soir de 20 décembre 2017, les deux tourtereaux filent le parfait amour. Pour preuve, leur récente collaboration sortie le jour de la fête des mères qui s’intitule sobrement Amour accompagné d’un clip totalement fantastique qui correspond parfaitement à l’univers de ces deux personnages. Un format 7-8 titres avec des invités de marque comme Lomepal, Vald et Jok’Air ferait un bien fou à n’importe qui.
Les super groupes sont des formations complexes et multiformes qui n’embrassent pas toujours un succès retentissant mais un accueil critique souvent favorable et le bonheur de fan bases comme celle de la Ténébreuse Musique prêtre à mettre plus de 15 000 balles pour voir aboutir la chose. Dans le paysage rap francophone si des clashs persistent entre têtes d’affiches on vit globalement dans une ère sympathique de paix et entente globale. Dinor fait des collaborations avec Mister V et Roméo Elvis, l’émission Rap Jeu nous offre des grands moments de divertissements et plus d’initiatives comme Game Over, Le Cercle, 93 Empire ou encore La Relève – Deezer vont certainement voir le jour dans un futur proche… Avec à la clé un nombre croissant de supergroupes ou du moins de projets collaboratifs comme on a pu le voir récemment outre-atlantique avec Revenge Of The Dreamers III du label Dreamville.