Le 8 août, les deux frères des Tarterêts ont annoncé la sortie à la mi-septembre de leur nouvel album intitulé Dans la légende un peu moins d’un an après le succès de Le monde chico. Depuis la sortie de QLF en mars 2015, le duo s’est propulsé à toute vitesse parmi les têtes d’affiche du rap francophone en empruntant un parcours atypique: en indépendance totale, sans interviews ou presque… Inutile de préciser que Dans la légende est plus qu’attendu, tous les extraits du projet ont connu un succès considérable sur YouTube (presque 50 millions de vues pour DA, 14 millions pour J’suis QLF et 10 millions pour La vie est belle).
Une réplique de la vague cloud trap
À la convergence du cloud rap et de la trap, la cloud trap dont PNL s’inspire fortement est essentiellement représentée par Lil Durk. Ces derniers mois, le jeune rappeur de Chicago a vu sa popularité décliner alors qu’il était présenté comme l’un des uniques survivants à l’oubli de la vague drill de 2014: sa mixtape 300 Days 300 Nights sortie en décembre cumule à peine 300 000 téléchargements sur Datpiff, soit 200 000 de moins que ses classiques Signed to the streets et ce malgré son étonnant succès en écoute, et son album Lil Durk 2X a réalisé un démarrage décevant en comparaison de Remember my name qui a atteint les 50 000 exemplaires écoulés.
Ce phénomène est également observable en cloud rap. Alors que la sortie de Warlord, le nouvel album de Yung Lean, est passée totalement inaperçue et que le jeune suédois stagne de plus en plus au million de vues sur ses dernières vidéos, le précurseur du genre Lil B n’a pas sorti de projet depuis bientôt 9 mois (lui qui nous avait gratifié d’une vingtaine de mixtapes pour la seule année 2012). Sa dernière apparition sur le projet de son producteur Clams Casino n’a pas non plus eu un grand retentissement… Globalement, la vague du cloud rap en Europe n’a pas survécu au passage de 2014 à 2015, ce qui n’est pas du meilleur augure pour PNL.
Le duo essonois en perte d’identité?
Les premiers clips de PNL se caractérisent par l’effacement des artistes, c’est le cas dans Je vis, je visser, La petite voix et Plus Tony que Sosa où les deux rappeurs sont quasiment absents à l’image pour laisser place à des mises en scènes prenant place aux Tarterêts, c’est aussi le cas dans les premiers clips où ils apparaissent comme Différents, Gala Gala et Simba, où ils apparaissent toujours au milieu des habitants du quartier. Même J’comprends pas qui est pourtant très centré sur le duo laisse une place importante à des scènes scénarisées ou à des apparitions d’habitants du quartier. On retrouve beaucoup moins cet esprit « QLF » dans les derniers clips de PNL…
Dans Oh lala, Tchiki Tchiki, La vie est belle entre autres, les rappeurs se placent au centre du clip et sont quasiment omniprésents à l’image. L’univers assez sombre du duo qu’on retrouvait encore dans Porte Mesrine ou Abonné semble s’être également estompé dans les extraits de Dans la légende, mais on retrouve toujours l’impression poignante de solitude qui caractérise PNL. Exception à la règle, le clip de DA est encore une fois tourné aux Tarterêts au milieu de la foule des habitants, comme un dernier adieu à l’ancien univers du groupe. reste à savoir si le duo réussira à négocier ce virage sans créer un vide dans leur identité musicale…
Une production musicale très répétitive
Au fur et à mesure que le duo dévoile les extraits de son nouvel album, on est de plus en plus confronté à l’impression dérangeante d’entendre le même morceau avec un clip différent. Japon, Mexique, Namibie, Islande, les deux rappeurs basent en grande partie le succès de leurs morceaux sur les clips, et ça fonctionne. Mais derrière les prises de vue paradisiaques, l’impression d’entendre le même refrain en boucle: un nouveau lieu de tournage et un nouveau gimmick, la recette du succès à la PNL. Comme une confirmation, le refrain du dernier extrait de l’album: « On voyage, j’m’en bats les couilles j’suis faya / J’vogue sur une plaquette d’aya / J’sais pas pourquoi j’déraille »…
Alors qu’on a bien du mal à distinguer J’suis QLF de J’suis PNL, on est frappé par la faiblesse lyricale de Tchiki Tchiki rattrapée par cette même instrumentale qui a valu au clip sa suppression de la chaîne YouTube de PNL. De ce point de vue, les sonorités particulières du refrain de La vie est belle et Humain, le nouvel extrait dévoilé sur Facebook, laissent espérer à une légère évolution sur le strict plan musical. Malgré tout, il est à craindre que les frères emportés par leur succès cèdent à la facilité et dévoilent un Le monde chico partie 2… Dans la légende sera un tournant pour PNL, l’album de la stagnation ou de la confirmation sur lequel le duo négocie sa place dans le rap français.