Si il y a un enseignement à tirer de ce vendredi 22 décembre, c’est que les rappeurs accordent une grande importance à la période des fêtes de fin d’année, et plus particulièrement à Noël. En effet on a eu droit à une mixtape de Gucci Mane, un projet commun entre Travi$ Scott et Quavo, et à une réédition de la collaboration entre Jeremih et Chance The Rapper. Véritables cadeaux aux fans entre deux projets plus consistants, et parfois gratuits, ces projets de Noël contribuent grandement à la fidélisation d’un public toujours avide de nouveautés. Cependant, lorsqu’on observe la scène hexagonale, on remarque que cette pratique est bien trop peu courante.
➡️ Des cultures différentes, une signification différente
Pour expliquer cette différence, on se penchera sur la symbolique que revêt Noël dans chacun des pays. En effet, aux États-Unis cette fête à un poids très important. En raison d’une religion chrétienne très ancrée et une société conservatrice, les rappeurs n’hésitent pas à honorer la tradition, en plaçant des mixtapes, albums ou autres EPs sous le sapin. Gucci Mane, en coutumier du fait, avait même eu l’inspiration de sampler Jingle Bells pour l’intro de The Return of East Atlanta Santa, un procédé qui avait déjà été utilisé (entre autres) par Run-DMC en 1998 dans Christmas in Hollis…
On notera que cette pratique est loin d’être exclusive au rap, puisqu’à la télévision on retrouve souvent des épisodes réalisés pour l’occasion comme ceux des Simpson. De même, le cinéma s’inscrit dans le mouvement avec l’exemple de Friday After Next, qui a pour scénariste et acteur principal Ice Cube, ou encore The Star Wars Holiday Special, offert aux fans avant le deuxième épisode de la trilogie (et dont la qualité est plus que douteuse, mais là n’est pas le débat). Ce phénomène existe même, à moindre échelle pour Halloween, avec récemment la mixtape commune de Kodak Black et Plies. En opposition en France , offrir du contenu spécial, n’est pas dans les habitudes quelque soit le domaine considéré. De plus, bon nombre de rappeurs étant issus de cultures différentes, ne partagent pas cet attachement à Noël.
➡️ Une question de différence de productivité entre rappeurs français et américains?
On a souvent reproché aux rappeurs français un manque de productivité criant par opposition aux rappeurs américains. Le meilleur exemple outre-atlantique est Gucci Mane, du haut de ses 90 projets. En France, la norme à souvent été d’espacer les sorties de plus de deux ans. Le rythme de sorties de Booba etait même salué lorsqu’il alternait annuellement entre albums et nouveau volume d’Autopsie. Aujourd’hui, la durée espaçant chaque sortie a grandement baissé, et Niro est un bon exemple de cela, puisqu’il a sorti 8 projets depuis 2012. Malgré des progrès dans ce domaine, peu de rappeurs peuvent se permettre de délivrer plus de 10 titres, encore moins si les projets sont gratuits.
Quelque cas en France .
Si cela se fait plus aux Etats Unis, en France, on observe depuis peu un regain d’intrêt pour la fête de Noël de la part des rappeurs . Si on avait eu droit au titre Noyeux Joël de Zekwe feat Niro, ce n’est que plus tard qu »on a eu le droit à de vrais projets réalisés pour l’occasion. En 2012, Disiz avait sorti Extra-Xmas, composé de 6 titres disponibles gratuitement sur des plateformes telles que Haute-Culture. On pourra également citer Hamza, qui a mis à l’honneur le concept avec la mixtape Santa Sauce parue l’an dernier, seulement deux mois après la sortie de 1994.
En conclusion, il est normal de retrouver plus de projets de Noël outre-Atlantique, puisque ce concept appartient à la culture locale. Néanmoins, nous observons que cette pratique est de plus en plus courante dans l’Hexagone, et comme la plupart des initiatives venant des Etats-Unis, elle finira sûrement par s’implanter après un temps de latence.