Le rap marseillais fait de plus en plus parler de lui, des artistes comme Jul et SCH font désormais partie intégrante du paysage du rap français, un fait qui aurait encore été surprenant il y a 4 ans de cela. Mais quel avenir se réserve cette nouvelle génération de rappeurs marseillais?
➡️ Une scène locale en pleine ascension au niveau national
On ne va pas revenir dessus, si l’évolution moderne du rap marseillais a vraiment commencé en 2012 et 2013 avec Zbatata, c’est Jul qui commercialement a restitué à Marseille sa place dans le rap français depuis 2014. Bien sûr, Jul à lui seul génère des bénéfices qui feraient pâlir d’envie beaucoup de PME françaises, il a réussi en trois ans à obtenir quatre disques de platine, deux triples platines, un disque de diamant et à faire certifier disque d’or un album gratuit… Mais au-delà de Jul, on constate que de plus en plus d’artistes marseillais font leur bout de chemin dans le rap français, ainsi SCH propulsé par Lacrim s’est retrouvé chez Universal pour sortir A7 qui obtiendra un double platine, Anarchie qui sera certifié platine, et Deo Favente sur le point d’obtenir également un disque de platine. Avec Pochon Bleu, Naps semble aussi à deux doigts de décrocher un disque de platine, tandis qu’YL a été signé chez Def Jam. Elams lui a sorti son projet Réussir ou mourir chez Rec 118, la nouvelle écurie de Parlophone France (Warner). Ce n’est que le début, car beaucoup d’artistes comme Dibson, Chris Karjack, Kofs, Soso Maness ou Numbers attendent leur tour…
➡️ Et si le rap marseillais rencontrait la musique latine?
Difficile de passer à côté aujourd’hui, la pop latino a la côte, d’ailleurs le single de Luis Fonsi et Daddy Yankee Despacito a été consacré comme la vidéo la plus vue au monde sur YouTube… Justement, le rap marseillais actuel tire une partie de son potentiel commercial d’influences latines. Ces influences, ce sont d’abord celles de Marseille, la cité phocéenne a été exposée à des échanges de populations issues du bassin méditerranéen qui ont contribué à forger son identité. Mais surtout ces influences, ce sont celles ramenées par Jul au niveau des mélodies, entre chanteurs de pop italiens comme Tiziano Ferro et pop latine des années 1980. Justement, la question qui se pose, c’est ce qui adviendrait si ces deux styles commercialement porteurs se rencontraient pour de bon… En 2015, l’Amérique Latine représentait à elle seule plus de 8% de la population mondiale, avec plus de 600 millions d’habitants, mais elle est aussi une porte ouverte au marché américain, où la population latino est de plus en plus implantée. Autrement dit, le rap marseillais ferait bien de regarder du côté de l’Espagne et du Portugal s’il songe à s’exporter.
➡️ Une nouvelle génération de rappeurs prête pour la relève
Au-delà des artistes plus plus exposés de la ville, au-delà même de ceux qui se préparent à être révélés, une nouvelle génération de rappeurs marseillais se prépare à prendre les rennes. A 22 ans, Panther a déjà côtoyé une bonne partie du rap marseillais, de Ghetto Phénomène à Dadhino en passant par Naps… « Je suis un vagabond, depuis que je suis petit. C’est pour ça que je connais tout le monde. » En effet, Panther n’a pas passé toute sa vie dans les Quartiers Nord: « Quand j’étais petit, je suis parti habiter en Martinique parce que ma mère est partie là-bas et elle m’a emmenée avec elle. » Désormais, Panther se prépare à relancer sa carrière de rappeur plus sérieusement, notamment en travaillant avec son cousin Francklin, beatmaker et habitué du studio de L’Adjoint. « Je peux faire des trucs sombres, des trucs ambiancés aussi. Les trucs d’afro-trap, j’ai déjà essayé, j’arrive à le faire mais je me vois pas faire ça. » En effet, Panther reste attaché à l’ancienne école, notamment à Tupac qui est une influence majeure pour lui. « Moi je suis un mec, je peux t’écouter des sons qui datent… J’étais même pas né… Et je les écoute en boucle tous les jours. »
Nouvellement exposée au public, regorgeant de rappeurs talentueux et prêts à s’investir dans leur art, Marseille s’est définitivement ancrée dans le paysage du rap français. Cependant, il reste une étape à franchir, celle d’essayer de s’exporter à l’étranger, pour éventuellement devenir une nouvelle capitale du rap français. En 2003 aux Etats-Unis, Diddy avait tenté d’exploiter la nouvelle popularité du dirty south en créant Bad Boys South, une branche de son label. Et s’il était temps d’en faire de même à Marseille?