Il y a de ça quelques jours je me prêtais au jeu d’une réflexion approfondie sur l’homme et ses vertus. Après tout on ne cesse d’énumérer ses vices sur les chaînes d’informations nationales, alors pourquoi ne pas chercher les qualités qui font de nous les Rois de la Jungle. Et bien je peux t’affirmer que ce fut une perte de temps considérable et que bordel je ne me suis jamais autant fait chier; à la moindre partielle de vertu trouvée, voilà que je tombais sur les étranges affaires des politiques, la demande en mariage de Gilles Verdez, la remise en cause de l’amour véritable avec la séparation de Shanna et Thibault, le triomphe de Renaud aux victoires de la musique, Macha Django devenu gangster après une carrière dans le foot brutalement arrêtée, et finalement un extrait du clip « Éléphant » du petit ourson…. Tous mes espoirs tombèrent à l’eau ; oui, l’homme est condamné.
Ah il faut dire que nous sommes assez forts dans la médiocrité, grands gaillards que nous sommes. On tue tous ceux qui décorent le monde de valeurs, et décorent tous ceux qui n’ont de valeur que le fait de tuer, on fait parler ceux qui n’ont pas grand-chose à dire, et voilà qu’on use d’une matraque pour assouvir ses pulsions peu orthodoxes, bientôt quoi ? On va trafiquer ses vues et ses scores streaming pour mettre un disque d’or dans ses chiottes ? Mais où va le monde…
Comme à ton habitude je sais que tu meurs d’envie de savoir ce que j’ai à te raconter comme conneries aujourd’hui, et bien prépare toi t’as affaire à du très lourd. Peut-on vraiment prétendre faire du rap sans prendre position ? Bam, là tu te dis que le gars n’a pas peur de dénoncer, et qu’avachi dans son petit fauteuil de cuir il en a dans le calbard. Un peu de sérieux je te prie, on parle d’un sujet hautement important et que j’estime, avec toute la force de l’arrogance qui me caractérise, nécessaire à ceux qui souhaiteraient ouvrir un peu plus leurs oreilles et un peu moins leurs grandes gueules. Maintenant qu’on a mis les barres sur les i et les points sur les T, on peut passer au vide du sujet, point barre.
Début de soirée endiablé
De tous les petits jeux puérils auxquels j’aime m’adonner avec le temps qui m’ait offert, il y en a bien un que j’affectionne particulièrement ; c’est m’improviser DJ en pleine soirée techno pour casser mes reins et les couilles de tout le monde avec une playlist exhaustive de tous les classiques de Jul. A peine les premières notes de Tchikita retentissent que j’ai le droit aux reproches, aux cris, aux pleurs, aux rires et surtout à des insultes dont j’ignorais encore à cette heure-ci l’existence. Curieux de tout ce remue-ménage, je fais danser mes méninges alors que je suis violemment mis à la porte à coup de grands « Putain t’es chiant on s’amusait bien sans ta musique de merde », je m’interroge, je suppute, l’alcool monte, la tension aussi, mais au final, je reste dehors comme un con.
Loin de moi l’idée de m’excuser, je préfère encore tenter vainement de raisonner la masse ignorante que sont mes amis pour leur faire comprendre que finalement « Jul, ce n’est pas si mal que ça », ce à quoi on me répond comme à l’ordinaire « Ta gueule, c’est commercial et il dit que d’la merde. » Tu imagines aisément ma réaction face à ce vil blasphème envers ma religion musicale, moi qui prône l’ouverture d’esprit, voilà que les points se ferment, les mâchoires se serrent, les verres descendent, mais au final, je reste toujours dehors comme un con et je n’ai plus aucun ami.
L’OVNI serait donc nul, inutile, courageux de se ramener en jogging aux Victoires de la musique –et de se ramener tout court- talentueux d’avoir réussi à amuser plus de gens avec un signe de main que les 456 sketchs de Mathieu Madénian, musicalement mauvais, textuellement pauvre, bref, une bien belle merde dans le paysage sonore francophone.
Mais alors pourquoi connait-il ce succès si la qualité de sa musique est à débattre ? On sait tous ici que les chiffres de ventes d’un artiste ne légitiment en rien le caractère qualitatif d’un album ou d’un projet en général, et que souvent, ceux qui brassent le plus sont ceux qui le méritent le moins ; enfin, c’est une idée répandue dans la pensée commune, autrement appelée doxa, mais on m’a explicitement demandé de simplifier mon propos vu qu’a priori tous les auditeurs de rap sont des idiots. Son succès est-il donc si incohérent ?
Ca a l’air intéressant…
Je ne vous cache pas que la première fois que j’ai entendu ce garnement poser sa douce voix sur une instru c’était « Sors le cross volé », surement son premier gros classique, cumulant des dizaines de millions de vues, pour des milliards de commentaires tous très intéressants comme « Sérieux ça c’est pas du rap, allez écouter Kery James ou Médine. » Mais comment se fait-il que ce jeune de 13 ans puisse être aussi catégorique sur ce qu’est l’essence même du genre urbain ? Très proche d’insulter toute sa famille dans divers dialectes africains, je pris du recul et me mit à réfléchir plus profondément sur les sonorités de Jules Marie.
Bon, il est vrai que l’étude de ses textes nous montre que la personne n’est pas ce qu’on pourrait appeler un « artiste engagé. » On n’apprend rien sur le système qui nous entoure, sur les magouilles des politiciens, sur la vie complexe d’un banlieusard, coincé entre un avenir dans le foot bientôt compromis par une blessure au genou gauche, et un avenir pas très racoleur à rester assis toute la journée sur une chaise de jardin, à faire deux-trois hot dog bon marché pour ceux qui, eux, ne se sont pas encore brutalement blessés ; mais est-ce pour autant une raison suffisante pour affirmer avec force que ce n’est pas du rap ?
Certes, un jour, la légende raconte qu’un homme aurait remis en question la musique en se demandant s’il était possible de faire du rap sans prendre position. Au-delà du fait que certains artistes ont malencontreusement pris cette phrase au sens propre dans le bureau des directeurs de labels, la plupart des représentants des plaines musicales françaises s’y sont rattachés assez rapidement, au point de la retravailler des dizaines de fois, chacun à sa sauce, jusqu’à ce qu’on ne sache plus vraiment le nom de celui qui l’a dit en premier.
Mais prendre position ça veut dire quoi finalement ? Est-ce que c’est prendre un engagement politique et/ou social ? Servir de haut-parleur pour les oubliés médiatique des quartiers ? Parler de choses qui fâchent, comme les bavures policières, l’enrichissement passif de la haute et l’appauvrissement actif de la plèbe ? Ou est-ce simplement prendre un point de vue subjectif sur une situation de la vie quotidienne, point de vue d’ailleurs duquel peut se rattacher toute une génération d’auditeurs. Justement, peut-on parler de prise de position quand l’artiste donne un point de vue destiné à fédérer ; est-ce véritablement subjectif puisqu’il vise dès lors un rassemblement émotionnel.
Bref, comme tu peux le voir, les termes « prendre position » ne sont nullement à considérer de manière catégorique, sachant également qu’il nous est permis à toutes et à tous de faire de la musique sans obligatoirement balancer à tout va que les politiques nous enculent et que les pauvres sont esclaves de leur propre environnement ; mais ça, on y reviendra plus bas.
Un cours d’histoire
Même si j’ai pris l’habitude de crier haut et fort que le rap n’a jamais eu comme but suprême la dénonciation massive de tous les maux de ce monde, ce serait mentir que de te dire qu’il ne l’a jamais eu. En effet, les années 80/90 ont été gangrénées aux Etats-Unis par l’engagement plus ou moins approximatif de dizaines d’artistes, eux aussi plus ou moins connus. Étant la musique la plus écoutée dans les banlieues new-yorkaises et californiennes, elle possède une influence majeure sur ses auditeurs, qui, pour la plupart loin d’avoir un futur tout tracé, se complaisent dans leur quotidien amer en se convaincant que tout ça, c’est aussi et surtout la faute des riches.
On ne peut ignorer le pouvoir de la musique sur les convictions et les valeurs d’un individu quelconque ; beaucoup, et moi le premier, ont parfois appris plus d’éléments pertinents sur tel ou tel sujet en écoutant n’importe quel projet de Médine ou de Youssoupha qu’en écoutant le cours formaté de n’importe quel programme professoral. Le fait est qu’à l’époque de la naissance de la génération digitale, les jeunesses aisées new-yorkaises en quête de légitimité urbaine n’avaient pas encore mis la main sur le genre et ne se l’étaient pas encore approprié, ce qui nous laissait donc une musique trop underground pour que les gros médias puissent en parler ; et qui nous laissait aussi penser que rien ne pouvait prédire le fait qu’un jour on inviterait Nekfeu à parler littérature, Booba à Harvard, Lino à l’ENS, Three 6 Mafia aux Oscars et finalement Rohff à la radio, ce qui entre nous est déjà très bien.
On observe un véritable changement avec l’arrivée d’Outkast, duo devenu depuis une vingtaine d’années une référence mondiale dans le genre. Sur le même portage qu’A Tribe Called Quest, ils réinventent le rap, bouleversent les codes et arrivent avec une musique innovante qui détonne dans le paysage urbain tant elle est mélodieuse et musicalement très poussée.
Ovationnés par les auditeurs sudistes, décrié par l’Est et l’Ouest qui font semblant de ne ni voir ni entendre le groupe de peur de perdre une large partie de leurs publics respectifs, Outkast séduisent finalement tout le monde avec ATLiens en 1996 et Aquemini en 1999, certifiés tous deux double-disque de platine et adorés par le magazine The Source ; jusqu’à même être validé pour Aquemini comme le 500e plus grand album de tous les temps par le magazine Rolling Stone ; ok c’est la dernière place mais bon, je ne suis pas sûr que 0.9 y soit.
En plein tremplin, ils mettent une nouvelle fois d’accord toute l’industrie l’année d’après en sortant Stankonia, certifié quadruple disque de platine, avant de finalement connaître l’apogée de leur carrière avec le double-album Speakerboxxx/The Love Below, certifié onze fois disque de platine puis finalement disque de diamant, ce qui les place tout de même sur le podium des plus gros vendeurs à l’époque à côté de Biggie et MC Hammer.
En bref et en l’espace de dix ans, André et Big Boi ont pu mettre dans leurs chiottes neufs disques de platine et un disque de diamant ; autrement dit plus de vingt millions de ventes, sans oublier quelques Grammy par-ci par-là pour servir de cale-porte ; ce qui force le respect et peut nous permettre de douter qu’Hugo TSR serait le vrai GOAT du genre urbain.
Revenons au sujet de l’article
Mais que prouve donc ce succès commercial ? Certes, il nous prouve qu’il est parfois indissociable d’un succès critique et donc par la même occasion de la qualité elle-même d’un projet ; ce qui n’est toujours pas forcément le cas dans d’autres formes artistiques comme la littérature, le cinéma ou l’art contemporain –Marc Lévy, Dany Boon et Koons je vous vois- mais il nous prouve aussi que l’on peut affirmer clairement faire du rap tout en démocratisant le genre.
« Démocratiser », ça signifie toucher l’audience habituée à la Variété, à la Pop, au Rock, bref à tous les autres styles musicaux qui, eux, n’ont déjà plus rien à prouver à qui que ce soit. Pour se faire, il faut par essence simplifier ses écrits, parler à tout le monde, s’ouvrir aux sonorités les plus élémentaires et les plus écoutées par le plus grand monde ; donc comme tu peux l’imaginer, démocratiser c’est un mot pas tellement apprécié par les artistes en fin de carrière, qui d’ailleurs connaissent à peu près tous le même schéma d’évolution : rester cantonner au style qui leur a fait connaître le succès, cracher allègrement sur ce qui se fait de nouveau, montrer sa passion inébranlable pour le rap d’avant, enchaîner flop sur flop, ne pas comprendre ou faire semblant, changer de style, connaître un flop un peu moins grossier pour finalement retourner sa veste comme tout bon politique ; oui les mêmes qu’ils se sont évertués à critiquer, ce qui nous donne une jolie ribambelle d’insultes de la part de leurs anciens auditeurs qui crient au satanisme, à l’opposé de leurs nouveaux auditeurs qui pensent que c’est un jeune qui va monter.
La démocratisation aux Etats-Unis, ce sont Kanye West et Kid Cudi qui s’en sont occupés, précédés par les groupes des années 90 qui se sont imposés rapidement dans les soirées de bobos rebelles mais qui ont difficilement connu le succès commercial escompté. On a nommé ça le Hip-Hop Alternatif ; ne poses-pas de question je ne sais pas qui est le blaireau qui a trouvé ce nom.
En France c’est un peu plus compliqué, car évidemment tout nous arrive en retard et le rap n’est pas exempt. Outre-Atlantique on parle du tout début du 21ème siècle, et sur le pays de la colonisation et des matraques dans le cul on ne l’a vécu que vers 2009/2010. Tu vas me dire que dix ans de retard ce n’est pas si grave que ça, et bien tu te trompes honteusement puisqu’en dix ans on peut faire beaucoup de choses, et j’aurais pu citer Hitler pour illustrer mon point ; bah justement je viens de le faire, comme quoi avoir un nazi sous la main ça sert toujours, et ça, Pétain l’avait bien compris.
Là où le Gangsta Rap a apporté l’imagerie violente et les textes trash au rap, l’alternatif lui a apporté la vocation artistique. Les rappeurs tentent beaucoup plus, essayent, expérimentent, ratent souvent mais se démènent à perpétuellement rajouter de nouveaux codes en additionnant deux-trois ingrédients de plus aux anciens. Certes, la base reste la même depuis trente ans, mais le genre s’est ouvert et continue de s’ouvrir toujours aujourd’hui, d’ailleurs il s’étend actuellement vers une sorte de punk-rap –je vous conseille là-dessus le très bon article du collègue Napoléon LaFossette sur xxxTentacion.
Ceux qui n’osaient pas pousser la chansonnette et qui laissaient faire les femmes, apparemment trop nulles pour faire un couplet entier, s’étonnent aujourd’hui d’emprunter le chemin de la variété et d’être invité aux Victoires de la Musique, plus généralement appelées « Aidez-moi j’suis en manque d’argent. », « Trop bien, un concert gratuit. » ou encore « Super je pourrais me servir de la statuette pour réparer ma table. »
C’est bientôt terminé?
Quand on admet une vocation artistique à tel ou tel genre, on admet aussi par la même occasion la destruction totale de toutes formes de limites et donc des codes alors piliers dudit genre. Justement, un des plus gros du rap, celui auquel personne ne touche de peur de prendre la foudre, c’est bien la richesse textuelle –quelle belle transition pour revenir au cœur du sujet.
Les refrains ont certes gagné en musicalité, les couplets quant à eux ont perdu de leur beauté et c’est un fait. Aujourd’hui il est beaucoup moins habituel d’entendre du piano-voix, ce qui caractérisait souvent LE son qui met tout le monde d’accord dans un album et qui montre le talent littéraire que peut avoir un artiste. Même si certains réussissent avec brio le pari d’être tout à la fois mélodique et intéressant à lire, bon nombre sont ceux qui préfèrent avoir le choix, et se dirigent donc soit vers la musicalité, soit vers le texte.
La plupart des artistes actuels en arrivent donc au point de non-retour, où ils doivent faire des sons pour tout le monde, des albums fédérateurs, où il y en a pour tous les goûts. Ils prennent une marmite, mettent deux-trois sons pour leurs nouveaux auditeurs ; ceux qui n’ont pas toujours grandi avec les mêmes influences que le rappeur lui-même, deux-trois sons en featurings avec l’ancienne et la nouvelle génération pour montrer tant bien que mal d’où l’on vient et où l’on va, un ou deux sons programmés pour les radios, les clubs, les concerts, pour finalement terminer sur LE son destiné à conquérir même le plus insensible des lascars. Sniff.
Alors si ce n’est évidemment pas l’unique solution pour ne pas tomber dans l’oubli, c’est l’une des plus répandues et ça Dosseh l’a résumé à merveille :
« Un jour un ami m’a dit: Ton problème c’est qu’tu rappes trop fort / Tu gaspilles ton énergie pour ketchi, tu donnes du cavier aux porcs / Alors j’ai dû simplifier mes écrits / Mais y’a des fans qui sont pas d’accord / Ils réclament du Dosseh tah l’époque / Désolé mais la loi du plus grand nombre l’emporte / (…) / L’underground ne remplit ni les poches ni le bide des gosses / Sur la vie d’mes proches, quand on veut être un boss on s’inspire des boss. »
Pour ensuite terminer sur un « Les phoques sont-ils vraiment tous gays / Pour qu’on dise pédé comme un phoque / J’me pose la question pour d’vrai / Ça m’intrigue n*gga what the fuck. » Comme quoi, pas besoin de faire quinze ans d’études pour rivaliser avec Socrate.
D’accord, j’ai décroché
Prendre position dans le rap est donc devenu chose complexe, puisqu’à force de continuellement vouloir déranger les mœurs et remettre en question toutes formes d’institutions pour peu qu’il y ait un risque qu’elles nous la mettent à l’envers, le public brandit les drapeaux de « Moraliste» et « d’Éducateur », des drapeaux à double-tranchant car si l’on argumente mal sa pensée, ce qui est souvent le cas étant donné qu’on n’écrit pas un livre mais qu’on doit tenir sur trois minutes, les conséquences peuvent être désastreuses tant pour les fans de l’artiste que pour la carrière de celui-ci.
Quand l’auditeur vit une situation compliquée, ou qu’il en a simplement ras-la-casquette du monde dans lequel il voit grandir ses gosses, peu sont ceux qui, aujourd’hui, sont prêts à subir sept minutes de revendications sociales, de haine anti-tout, de colère envers on ne sait plus tellement qui ou quoi, de pleurs, de sanglots, bref ; d’un mec qui te rappelle au combien ton existence ne mène à rien et que tu ferais mieux de t’enfuir sur une île déserte, alors tu prends un billet d’avion mais vu que t’es pauvre, bah tu pars en Normandie.
En résumé, faire la morale est mal vu. A l’heure où les médias ne vivent que sur les atrocités du monde, qu’on nous rabâche sans cesse que rien ne va plus, que tout fout le camp, qu’on entend au café qu’il n’y a plus vraiment de saisons et que Michel ne sait plus trop comment s’habiller, que chaque individu, pour si peu qu’il soit fonctionnaire ou étudiant, va de problèmes en problèmes et n’a l’impression d’avancer que vers le mur de la pauvreté et de l’ennui ; ces mêmes individus qui n’ont plus confiance en rien, qui ne croient que ce qu’ils voient et qui ne voient pas grand-chose d’intéressant à croire, ces mêmes individus qui ont besoin de transparence, de se divertir, de sortir de leur environnement, de s’évader ; à ces gens-là je dis de prêter l’oreille plus que d’ordinaire, alors quitte à ce que le rap ait perdu son essence, et que sa richesse textuelle se dégrade peu à peu, et bien soit ; quitte à ce qu’un artiste se travestisse pour faire du commercial et pour amuser ceux qui l’écoutent, et bien soit ; quitte à ne plus chialer sur un vieux son de rap français, et bien soit. A ces gens-là je dis que le désengagement est nécessaire, qu’à l’heure où tout le monde se met à détester tout le monde, et où râleurs, réac et progressistes s’évertuent à raconter que d’la merde pour si peu qu’on leur accorde un peu de temps, ne rien dire fait parfois plus de bien que n’importe quel discours. A ces gens-là je dis qu’on a tous bien besoin de se déhancher ; et ça, Jul le fait mieux que personne.
Puis qui sait, si le rap est le seul son hardcore depuis que le rock n’a plus de couilles ; peut-être qu’un jour Vianney nous rappellera que la variété est le seul son casse-couille depuis que le rap n’est plus vraiment rock.
Lansky se déhanche aussi sur twitter ; @lanskyyyy