Jeudi 12 mars à 20h, alors que le président Emmanuel Macron entame une allocution exceptionnelle sur les mesures prises contre la pandémie du Coronavirus, la France commence à prendre conscience de l’ampleur du phénomène. Selon le bilan communiqué par les autorités, on recense déjà au sein de l’hexagone 2.876 cas de contamination et 61 morts, des chiffres qui pourraient augmenter exponentiellement dans les semaines à venir… Outre le risque sanitaire qu’il représente, le Coronavirus n’a pas tardé à avoir un impact sur l’économie nationale et internationale. Jeudi, les places boursières européennes affichent en fin de journée des chutes records avec notamment -12,28% au CAC 40, la pire séance de son existence, mais aussi -12,24% à Francfort, -16,92% à Milan et -9,99% à New-York. Comme des milliers d’entreprises françaises, plusieurs acteurs majeurs du secteur de la musique en France ont vu leurs locaux se vider au cours des derniers jours et la tendance devrait s’accentuer suite aux mesures relatives au chômage partiel annoncées par le gouvernement. Mais au-delà de ces effets à court terme, quels risquent d’être les effets du Coronavirus sur l’industrie musicale française et comment les acteurs peuvent-ils les anticiper ?
Vivendi, Live Nation, Spotify : la débâcle boursière évitée ?
Le 12 mars, les marchés financiers font face à une situation de crise. En France, le CAC 40 enregistre la plus forte chute de son histoire (-12,28%), tandis qu’à Wall Street, le Dow Jones réalise sa plus mauvaise journée depuis 1987 (-9,99%). Cependant, le secteur du divertissement figure, avec celui de la santé, parmi les moins impacté par le nouvel immobilisme forcé imposé à une bonne partie du pays. À quelques jours du pic de la crise, les éditeurs de jeux vidéos Activision Blizzard, Ndemic Creations et la plateforme de streaming Netflix affichent encore des résultats en hausse… La société de conseil MKM Partners va jusqu’à regrouper une trentaine de sociétés dans un indice intitulé « Stay At Home », qui inclut notamment Tencent Music et Amazon, mais pas Apple, trop dépendant de ses usines chinoises. Si la plupart des sociétés citées en bourse exerçant des activités dans le secteur de la musique subissent une forte chute le 12 mars, toutes compensent le jour suivant par une hausse conséquente. Néanmoins, certaines d’entre elles enregistrent une baisse soutenue du cours de leurs actions sur la durée : c’est le cas de Live Nation, dont les activités ont largement été touchées par l’épidémie, et dont le prix de l’action diminue progressivement depuis un pic au 19/20 février (76,08$).
Musique enregistrée : physique à la baisse, écoutes à la hausse
Le 10 mars, la SACEM assurait ses sociétaires qu’elle serait en capacité de maintenir la collecte et la répartition de leurs droits grâce à un plan de continuité d’activité (PCA) mis en place à l’occasion des grèves du début d’année. En revanche, l’accueil physique sur l’ensemble de ses sites sera fermé à compter du lundi 16 mars. Dans l’ensemble, l’économie de la musique enregistrée fait partie des quelques secteurs peu impactés par le Coronavirus : elle pourrait même en bénéficier au niveau des volumes d’écoutes en streaming, qui devraient augmenter dans les jours à venir suite à la fermeture des établissements scolaires et universitaires annoncée le 12 mars dernier. Cette prévision a été confirmée par Claudio Ferrante, fondateur de la structure de distribution italienne Artist First, dans une interview pour Music Business Worldwide. En revanche, la fréquentation des points de vente physiques risque de baisser. À noter notamment que le Record Store Day (Disquaire Day en France, Belgique, Suisse et Luxembourg) a été repoussé au samedi 20 juin par l’organisation américaine en accord avec le CALIF (Club Action des Labels et des Disquaires Indépendants Français). L’urbain, dont la structure des ventes repose en moyenne à plus de 80% sur le streaming, risque de n’accuser qu’un impact limité, voire de bénéficier de la crise sanitaire qui agite le pays…
Le spectacle vivant touché en plein coeur par la crise
Si la musique enregistrée accuse le choc, le spectacle vivant traverse pour sa part une période difficile, comme l’a souligné le Président du Centre national de la musique, Jean-Philippe Thiellay. S’il est encore difficile d’avoir des chiffres exacts à ce stade de la crise, ce dernier précise néanmoins que les ventes de billetterie des spectacles maintenus enregistrent une baisse de 50% à 60%. Le 13 mars, un arrêté interdisant les rassemblements de plus de 100 personnes porte un sérieux coup aux petites structures : sur 65.000 spectacles par an en France, 60% sont organisés dans des salles de moins de 200 places. En réponse, certaines des principales sociétés du secteur ont formé un groupe de travail sur les mesures à adopter : Live Nation, AEG, WME, Paradigm et UTA ont ainsi collectivement annoncé la suspension des tournées pour le reste du mois de mars. Une autre question, non moins importante, se dessine à l’horizon : celle des festivals. Tandis qu’aux Etats-Unis l’annulation du festival texan SXSW et son incapacité à assurer le remboursement des billets faute d’assurance, puis le report de l’évènement Coachella, les rumeurs vont bon train dans l’hexagone. Le Festival Chorus (La Seine Musicale), où devaient notamment se produire Booba, Zola, Kalash, 13 Block, Ärsenik et S.Pri Noir, a d’ores et déjà été annulé…
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