Parigos en Tachnini ou encore posse bruxellois: nombreux sont les artistes qui aujourd’hui écrivent en s’inspirant de nos vieilles idoles tels que la Scred Connexion ou la Fonky Family. Ces jeunes MCs, qui sont désormais validés et diplômés de la grande et prestigieuse École du micro d’argent, ont su faire leurs preuves. Qu’on écoute du 1995, La Smala ou encore Georgio, il est impossible de nier l’existence d’une petite référence au Old School, tant bien au niveau du beat qu’au niveau des lyrics, ou comme dirait un de ces artistes: aux «rimes, samples et flow».
Ça fait du bien, une petite pointe de nostalgie entre deux/trois sons trap, je vous l’avoue. Mais ce qui est encore plus plaisant, c’est de voir que ça marche ! Je trouve que c’est plutôt une bonne chose de redécouvrir ce genre de rap associé à la Stan Smith et au mythique survet’ Lacoste, qui sont de nouveau au goût du jour. Je ne suis pas de ceux qui appellent ça du «rap de petit parisien», moi je me contente d’apprécier et de me laisser bercer par ces sons en tirant sur ma Mya en faisant des ronds de nostalgie. Et si je vous dressais une petite liste de mes rappeurs ou posses préférés qui s’inscrivent dans cette catégorie d’artistes ?
1995
On commence tout doux avec un groupe qu’on connaît et qu’on apprécie tous plus ou moins: 1995. Le collectif est composé de six MCs à peu près tous originaires de Paris: Alpha Wann, Sneazzy West, Nekfeu, Areno Jazz, Dj Lo & Fonky Flav. Rien qu’en prononçant ces blases à haute voix, on ressent déjà l’effet Old School. Des pseudos bons à taguer sur les vitres du RER B. En quoi ce posse s’inspire-t- il de l’ancienne école du rap? Eh bien tout simplement par ses lyrics, qui sont d’ailleurs de grande qualité, aux thèmes abordés et le recours au sample ou à de vieilles instrumentales hip-hop pour inspirer leurs diverses réalisations.
Cependant, ça va bien faire quatre années que le groupe n’a rien sorti, si ce ne sont les divers projets solos des membres du posse. La Source est à mon avis le meilleur exemple que je puisse vous proposer. En effet, on a affaire à un beat lourd et bien mis en avant, qui permettrait aux bboys et bgirls les plus talentueux de la planète de poser leur chorégraphie dessus sans le moindre problème. Y’a pas à dire, l’instrumentale est bien exploitée et on sent bien l’effet Old School à travers l’utilisation de samples jazzy hip-hop». Un vrai retour à la source du rap…
La Smala
On enchaîne avec ce groupe belge que j’admire beaucoup: la Smala. Si vous croyez en eux, vous croyez en la sorcellerie, je vous l’assure… Un mélange de beats (énorme boulot de la part de Dj X-Men, qu’on félicitera au passage) et de flows envoûtants, le tout assaisonné de rimes et de punchlines qui mettraient des baffes à un géant sans la moindre difficulté. Ce qui me plaît le plus chez eux, c’est sans nul doute la technicité de leurs rimes et leurs flows indomptables. Mais je suis également fan des productions lourdes de Dj X-Men, garnies de basses prêtes à faire exploser les vitres de ma petite Renault Mégane. Il est clairement impossible de ne pas bouger sa tête comme un coq à l’écoute de leurs sons. Je devrais vous laisser en juger par vous-même…
Pour vous montrer que je ne mens pas, j’ai choisi un morceau que j’aime beaucoup et qui illustrera parfaitement tout ce que je viens de vous cracher: Un seul pas. Un bass drop bien présent, un flow neutre pendant les couplets et un peu plus rythmé lors du refrain, ça m’enjaille clairement! Et comme le rap, ce n’est pas une partie de Scrabble dans laquelle on mélange des lettres pour en obtenir des mots qu’on place au hasard dans le but de faire un maximum de zumba… euh de phases, Mani & Senamo tentent de faire passer un message qui est le suivant: profite de ta vie, voyage, découvre et tente ta chance car «un voyage de mille lieues commence par un seul pas». Je vous laisse voyager avec ce son.
TSR Crew
Et encore un groupe, encore un ! Bon d’accord, celui-ci n’est pas très jeune, mais il est encore dans la course étant donné qu’il a sorti un album pas plus loin que l’année dernière. Ce collectif de MCs adeptes du graf’ reste fidèle à son style underground et n’a pas peur de cracher son venin sur la société actuelle. Je vais sûrement me faire insulter par les fans de la Scred, mais je trouve qu’ils ont un style à peu près identique à celui de ces derniers. Ce que j’aime chez eux, c’est surtout leur manière de kicker chacun leur tour une phase pendant les refrains et cracher leur rage dans le micro. Sinon on retrouve encore une fois des instrumentales du même type que celles présentées plus haut: des basses, du sample et parfois même… du scratch! Si ça ce n’est pas beau! Je ne vous ennuie pas plus longtemps et je vous laisse avec Bouteille à la Seine, sorti l’année dernière avec l’album Passage Flouté. Etant donné qu’une bouteille c’est bien trop étroit pour faire voyager tout un crew, le TSR a préféré y faire voyager ses rimes pour les faire échouer sur les plages de nos tympans.
Georgio
Bien qu’il ait été mis en avant par ses collègues de Paris Sud, Georgio possède un style légèrement différent de celui de ces derniers. On peut observer une petite différence de style entre Soleil d’hiver, qu’il a écrit en collaboration avec Hologram Lo’, et son dernier opus Bleu Noir. Etant donné que notre ami Georgio s’est lancé dans le chant, il a doucement lâché les instrus «à l’ancienne» pour se lancer dans quelque chose de plus récent. Mais ce n’est pour autant qu’il a abandonné le délire. On peut retrouver quelques sons, toujours dans le style Old School, dans Bleu Noir, comme le morceau Faut tenir par exemple. Ce n’est pas parce que Georgio a dévié vers un autre style qu’on ne doit pas considérer les bombes lyricales qu’il nous a lâché précédemment, notamment en compagnie d’Hologram Lo’.
On notera d’ailleurs que le type a quand même eu la chance d’enregistrer aux côtés du grand Koma. Ce que je préfère chez Georgio, c’est surtout son maniement de la plume qui lui permet de lâcher des couplets forts en punchlines sans la moindre difficulté. Et pour que vous sachiez comment Georgio en est arrivé là où il en est aujourd’hui, j’ai choisi de vous faire écouter Le poing levé, les yeux bandés. Cette fois on retrouve un beat doux et agréable à écouter, tout comme le refrain. Georgio précise bien que ce n’est pas parce qu’il est blanc qu’il fait partie de cette jeunesse bobo parisienne et qu’il en bavé pour être arrivé là. On a affaire à un univers assez sombre comme celui souvent rappé par IAM dans bon nombre de leurs morceaux.
Même si certains de ces artistes ne sont souvent pas très appréciés des auditeurs de rap, il est impossible de dire que le talent n’est pas au rendez-vous. Ça fait énormément plaisir de voir des MCs comme ceux-là remettre au goût du jour ce genre de musique en y apportant un peu de fraîcheur. En espérant que ça perdurera et qu’on puisse faire connaître et apprécier aux générations futures le rap qu’on a tant aimé…