Il y a quelques mois, Infinit avait sorti le morceau polémique Christian Estrosi, dans lequel le rappeur antibois tournait en dérision l’actuel maire de Nice. C’est tout naturellement que Infinit a décidé de remixer le son, afin de prolonger le buzz. Ce qui est intéressant dans ce morceau, c’est de voir certains artistes comme Alkpote ou Eff Gee poser ensemble, alors qu’ils n’ont pas le même style. De plus, avec cette instrumentale, cela a permis à certains rappeurs (je pense notamment à Nekfeu et Alpha Wann) de voir ce qu’ils peuvent donner sur des sonorités plus « modernes ». Le résultat est là, leurs couplets sont efficaces. Ce qui est bien dans ce genre de remix est de voir des rappeurs un peu moins connus se mélanger et avoir un peu d’exposition, notamment les membres de Denbas Fondation (Mr Agaz et Millionaire). Dans la globalité, j’ai aimé ce morceau mais mes préférences vont au couplet d’Infinit (pour la technique) et à Alkpote (surtout pour sa phase « je baise des cougars comme Vivian de Secret Story »).
On a pu remarquer une évolution de Kaaris dans les derniers extraits de son album, notamment sur 80 Zetrei. Conscient du fait que la formule Or Noir n’est pas éternelle, et qu’associée à la recrudescence de la trap en France elle lasserait sans doute vite le public, le rappeur sevranais a su renouveler complètement le genre en lui apportant une dimension différente, tant au niveau musical qu’au niveau lyrical. Sans complètement quitter le domaine de l’égotrip, Le bruit de mon âme est un morceau plus réfléchi, ou du moins dans une optique complètement différente. Musicalement, le rappeur a posé sa voix, allant jusqu’à chanter sur le refrain, et a utilisé une prod très complète et riche, tout en restant douce et contemplative. Une question reste cependant sur toutes les lèvres: pourquoi y a-t-il un jet-ski dans la piscine, dans le clip?
KRK, rappeur de Bobigny, n’avait pas sorti de son depuis un peu plus d’un an. Dans son style assez atypique, KRK signe un retour en grande pompe, en faisant une démonstration de flow, en variant dans chaque couplet. J’ai aimé ce côté sale, sombre et très rue. Ce morceau tranche avec ce qu’il avait fait avant sa pause dans le rap, je trouve que c’est un changement plutôt réussi. Je le trouve plus efficace dans ce genre de son, ça lui permet d’exploiter toutes ses capacités, et la trap correspond parfaitement à ce style sombre. A suivre en 2015, un nouveau clip devrait arriver sous peu.
Solo le Mythe est l’un des artistes dont j’attends le plus un projet en ce moment. Ses précédents sons (rgt et Rumeurs et ragots) m’avaient fait grosse impression, je trouvais son univers intéressant, très bons choix de prods avec une très bonne écriture. Valide confirme tout le bien que je pensais de lui, montrant qu’il peut rapper beaucoup plus rapidement. Moi qui me demandais s’il allait innover dans le flow, j’ai eu ma réponse et j’ai adhéré. Maintenant, on attend le projet de Solo le Mythe, vous pouvez aussi visionner notre interview du rappeur à la sortie du concert New Generation, à Saint-Denis.
Zesau ne se présente plus, rappeur des Dicidens, plusieurs projets solos à son actif (notamment Frères d’arme et Dirty Zoo), quelqu’un de reconnu dans le rap français. Sur ce son, il a ramené Rim’K, Despo Rutti, Haks et Sadek, chacun apporte son style sur une production sur laquelle on aurait pas forcément pensé les entendre. Ca fait du bien de réentendre Despo Rutti, de voir Rim’K en forme, de constater que Zesau est à l’aise avec l’autotune, d’entendre une bonne performance de Sadek (de bon augure pour son album) et d’entendre Haks débiter. Une interview de Zesau sera publiée sur Hip-Hop Reverse sous peu.
Pour moi, le meilleur featuring de L’homme au Bob de Gradur. Les deux rappeurs se sont surpassés, sur une prod entrainante, des deux côtés il y a des phases intéressantes: « Avant ça j’savais pas trop rapper, depuis rien n’a changé / Enfin si, le regard d’ta pute, j’peux dire qu’j’connais son déhanché » pour Gradur et « T’écris des textes avec la main droite / Pendant que la gauche veut se branler sur moi » pour Niro. Je trouve Niro meilleur au niveau de la technique, mais Gradur compense par l’ambiance qu’il met dans le son, du coup les deux apportent quelque chose et cela équilibre le morceau. D’ailleurs inviter un rappeur français montre que parfois cela est plus judicieux d’inviter un américain (je pense à Chief Keef), le couplet de Niro étant bien supérieur à celui du rappeur de Chicago.
Alors que Booba occupe encore et toujours l’espace médiatique certains ont tendance à oublier que l’autre moitié de Lunatic rappe toujours et que les quelques fois ou il réapparait réserve toujours de bonnes surprises. Le morceau Dialogue extrait de son 3ème album Que La Paix Soit Sur Vous fait partie de celles-ci. Ali ne surprend pas, Ali fait ce qu’il sait faire et ce qu’il sait faire il le fait bien. Une excellente instru de Grim Reaperz, une voix et un flow qu’on reconnait immédiatement et une écriture toujours aussi travaillée. Bref juste Ali.
Danse avec les loups était l’un des morceaux clefs de Certifié Vrai 2: La plakette, la dernière mixtape de Juicy P. Sur ce remix, le rappeur de Grigny a choisi d’inviter la jeunesse du 91, des rappeurs qui en ce moment font beaucoup de bruit comme Niska du groupe Negro Deep (qui s’est fait connaitre après le morceau #JaccosteEnSurvet) et les membres du groupe Equipe 2 Malade (Des flingues & des roses), mais aussi des rappeurs moins connus comme K-Point, Denzo, Youssef et Bacad. Résulte de ce mélange improbable un morceau plein d’énergie, où chaque invité complète les autres au niveau du flow, des lyrics…
Un clip qui alterne entre prises de vues de paysages, scènes d’un rituel onirique, et plans rapprochés plus classiques. Une instru à la fois posée et entrainante, simple mais entêtante. Des effets vocaux qui permettent au rappeur de renouveler son flow tout en laissant largement apparente sa voix nue. Il ne faut pas plus à Booba pour convaincre de nouveau un public qui se détachait peu à peu de la production musicale du rappeur de Boulogne, lui reprochant notamment son manque d’originalité, son usage excessif d’autotune et ses paroles de moins en moins travaillées. Dans Tony Sosa, Booba montre qu’il est encore capable d’innover musicalement, d’apporter des techniques et des idées qui influenceront certainement des morceaux à venir d’autres artistes, et relance l’intérêt des auditeurs pour son album à venir, D.U.C.