La rentrée 2017 a été dense en projets et il y en a eu pour tous les goûts. Pendant que le haut des charts est occupé par le gros trio Orelsan-Niska-Ninho, beaucoup d’autres projets sont veni, ont vidi et un peu vici aussi, chacun à sa manière. Par conséquent on a décidé aujourd’hui avec Mylan de vous présenter les intros qui, selon nous, méritent de retenir toute votre attention. A vous les studios.
? Doums – Intro
Frère, on bédave comme si c’était légal mais c’est pas me-da / Des zones de non-droit où les Hongrois cachent les murders
Un couplet unique, ça fait toujours son petit effet. Surtout quand on se rappelle tranquillement l’avoir déjà écouté quelque part, alors on laisse les douces notes envahir ses oreilles et on se remémore avoir découvert ce phrasé tranchant, ces rimes percutantes et ce beau piano de fond à l’occasion d’un passage du MC du nord de la capitale chez Colors Berlin. Comme tant d’autres -Sopico, ISHA ou Siboy dernièrement- il avait réussi à représenter le rap français de la bonne manière sur une scène à exposition internationale. Ici, il réussi à entamer son premier EP en solo de la meilleure des manières. Respect monsieur.
Alex
9️⃣ Freeze Corleone – THC
Très loin d’toi, à des années lumières de Hubble / Chen Zen, j’ai les techniques de propagandes de Goebbels
Le 11 septembre reste une date phare pour quiconque souhaiterait faire son petit-effet. De Jay-Z à Médine, beaucoup ont jugé juste de profiter de l’exposition internationale annuelle de l’événement pour publier un projet. En 2017, c’est Freeze Corlene qui s’y est collé, pour le plus grand bien de l’humanité. Aussi connu qu’inconnu, le 667 sort du lot depuis bien longtemps, Freeze en est la tête pensante, le Alpha 5.20 de la génération 2010’s. Indépendance est maître-mot, référence en tout genres, influences éparses, une voix reconnaissable entre milles, ad-libs percutants et on en passe ; les schémas de rimes et l’écriture-par-name-dropping dont il s’est fait le maître influencent tout un pan du rap français. T.H.C introduit son dernier projet en date, entièrement produit par TheHashClique (SBOY et Bobby San), qui comme tous les projets du Freeze, se situe entre un talent fou et une triste banalité. Avis aux amateurs, le jour où NK’F s’occupera d’une de ses tapes, le monde connaîtra l’apocalypse.
Alex
8️⃣ Sneazzy – Sérieux
Fils de pute en freestyle, tu nous sors toujours le même sketch / Fils de pute en festival, j’suis toujours sur le main stage
Sneazzy (anciennement West) continue sa série DBSS avec le troisième volet. Au menu : ego-trip, banger, et morceaux à inspiration dancehall. Quid de l’apéritif ? Sérieux, en featuring avec Hancock de la piraterime. Une intro marquante par le fait que c’est une collaboration (assez bien maitrisée qui plus est) et que le morceau contient comme à l’accoutumé avec le rappeur : un beat-switch. Dernière démonstration de skills avant un véritable album ?
Mylan
7️⃣ Ninho – Comme prévu
Et si tout le pays est anorexique, c’est que le président a double-menton
C’est amusant, ce morceau aurait aussi bien pu servir d’introduction que d’outro, on n’y aurait vu que du feu. C’est peut-être là le secret de la durabilité de Comme Prévu dans les charts malgré le nombre de sorties depuis le 8 septembre, ce côté où les thèmes se rassemblent tellement autour d’un unique prisme -la rue- qu’on ne se perd jamais vers d’autres pensées, et ce pendant quinze titres. Chapeau l’artiste: « la rue » sont les deux premiers mots du premier couplet qui ouvre l’album, tout se passe sûrement comme prévu après tout. La technique est banale mais efficace, chaque rimes retombe dans les bras d’un kick ou d’une snare et embrasse un ad-lib percutant ; entre égo-trip, leçon de vie et deux-trois phrases à tendance d’aphorismes, Ninho prend le temps de s’introduire une nouvelle fois, histoire de prévenir tous ceux qui n’étaient pas encore au courant.
Alex
6️⃣ OrelSan – San
J’voulais écrire pour les haineux, mais j’vais faire mieux / Écrire pour ceux qui m’aiment, eux
Le mélange entre une intro et un medley. Le genre d’intro qui donne l’impression d’avoir écouté l’ensemble avant même d’avoir commencé à écouter le reste. Une progression dans laquelle OrelSan répond visiblement à des questions qu’il avait laissé en suspend sur les projets précédents ; un procédé très ressemblant à celui utilisé par Nekfeu sur Humanoïde -l’intro de Cyborg. Orelsan plonge l’auditeur dans sa lettre (d’adieu) avec une tirade marquante.
Mylan
5️⃣ Nepal – Niveau 1
Le zen dans la cess, un looser ressasse son bilan à sec / Les keufs cherchent des arabes, f’raient un perfect en vidant la Seine
La saison automnale venait de pointer le bout de sa poire. Qui dit automne dit pluie, mauvais temps, début du froid. Fini les coups de soleil et la peau bronzée et place au cul blanc et au nez pâle. Le niveau de l’eau monte avec la pluie, le niveau du rap également, la pluie ici c’est Népal. Sans prétention aucune, il entame son projet sur un entraînement, rien ne sert d’aller plus loin, le niveau 1 suffit pour montrer à tout le monde que le rap lui arrive à la cheville. Le pire c’est qu’il a raison le bougre.
Alex
4️⃣ Sadek – Bender
Mi-hyène, mi-robot, je n’ai plus d’oxygène / Dorénavant, j’m’entraîne à respirer d’l’azote
Bender est un des personnages principaux de la série Futurama, classique si elle en est. Vulgaire, cynique, pervers, égoïste, instable, alcoolique, détaché, émotionnellement proche d’une brindille, avare… C’est l’allégorie de tous les vices de l’homme sous forme de machine. Si Sadek entame son dernier -et monumental- album VVRDL sur une intro nommée ainsi, c’est seulement la suite logique des thèmes qu’il avait déjà promptement utilisé sur NLC : les vices et les erreurs des hommes l’ont conduit à devenir une machine, sans le moindre reste d’empathie si ce n’est pour sa famille.
Alex
3️⃣ Niska – Story X
Même sur une jambe, je leur ferai la guerre
Une des intros les plus puissantes de ce top, bien qu’elle ne soit pas celle qui représente le mieux son projet. Niska fait ce qu’il sait faire de mieux « rapper » dans un semblant de story telling. Ce son est l’hymne de guerre de Niska : il est parti en mission commando pour braquer le rap français.
Mylan
2️⃣ Hornet la Frappe – Dead Ca
J’t’ai tendu l’bras, tu m’as coupé jusqu’à l’épaule
HLF l’autoproclamé. Le rappeur du 93 nous délivre une intro qui fait office de démonstration et sert de parfait avant-goût pour le reste du projet. Enchainement entre couplet rappé, pont chanté et refrain scandé avec des backs qui donnent l’impression qu’il est accompagné d’une foule, on assiste à la naissance d’un futur grand morceau sur scène.
Mylan
1️⃣ Hamza – Life
Whisky autant âgé que ma MILF
Il est à la première place, sans surprises. Il faut dire que le jeune bruxellois a su tirer son épingle du jeu : une mélodie douce, un refrain entraînant couplé a une utilisation vocale maîtrisée de A à Z, le tout sur fond d’introspection, auto-tune reléguée au second plan. L’intro capte instinctivement l’attention de l’auditoire, on se voit déjà brusquer ses petits membres pendant 3min48, il en reste encore une cinquantaine. 1994 est son année de naissance, nom éponyme de ce projet qu’il ramène comme une carte de visite, c’est cohérent de lui donner vie sur le premier morceau.
Alex