Vingt-ans après leur première étoile, les Bleus tenteront d’aller décrocher dimanche un deuxième sacre mondial face à la Croatie du génial Luka Modrić que nous espérons retrouver dans la poche de N’Golo Kanté à la fin du match. Tout au long de cette campagne en terres tsariennes, les hommes de Didier Deschamps auront su monter en régime en démontrant une générosité, une rigueur et efficacité devant le but. Sur le plan extra-sportif, le public a pu se délecter des aventures du Winchester FC d’Ousmane Dembélé, des sonorités crachées par l’enceinte de Dj Presko et des pâtes aux gruyères de Kylian Mbappé. La sphère rap, a aussi eu son lot de rebondissements avec les péripéties du chat noir Fouiny Babe, la rencontre inédite entre le troll multicolore 6ix9ine et l’enfant terrible Mario Balotelli et encore 6ix9ine mais cette fois-ci paré d’un ensemble du PSG pour le tournage d’un clip à Bry-sur-Marne dans le 94. Bref une équipe de millionnaires qui court derrière un ballon et qui pourtant nous ressemble terriblement. À l’horizon d’un évènement d’ores et déjà historique nous avons tenté de trouver les semblables des Bleus dans le paysage rap actuel.
➡ Hugo Loris/Orelsan, les vétérans plus en forme que jamais
À bientôt 32 ans, Hugo Lloris livre certainement sa plus belle copie dans une grande compétition internationale. Portier des Bleus depuis 2009, il a connu la débâcle de 2010, les éliminations successives de 2012 et 2014 ainsi que la cruelle défaite de 2016. Fort de toutes ces expériences, il a répondu présent sur les deux dernières confrontations face à l’Uruguay et la Belgique en gardant ses cages inviolées. Dans la tourmente à ses débuts, Orelsan a lui aussi su faire face aux critiques pour s’affirmer comme l’un des patrons du rap français. Sorti en octobre 2017 son dernier album, La fête est finie est à l’heure actuelle certifié disque de diamant. En tête d’affiche de quasiment tous les festivals estivaux, Aurélien Cotentin confirme chaque soir son statut de grand artiste.
➡ Benjamin Pavard/PLK, se faire un nom à force de travail
Encore inconnus du grand public il y a quelques temps, Benjamin Pavard & PLK peuvent se targuer de s’être fait un nom par la force du travail. Pilier du VfB Stuttgart dans lequel il évolue au poste de défenseur central, Pavard à su compenser l’absence d’alternative défensive sur le couloir droit français en affichant une régularité sans faille. Membre du groupe Panama Bende dans lequel on annonçait plus Aladin 135 comme potentielle tête d’affiche, PLK s’est rapidement imposé comme une option de choix avec notamment sa signature sur le label Panenka Music. Drivé par le fin tacticien Fonky Flav’ il a élargi sa palette musicale afin de proposer des titres comme le planant All Night et le jogabonitesque Dis Moi Oui. Si la praline de Pavard qui est venu nettoyer la lucarne d’Armani l’a élevée au rang d’héros national, PLK aura l’occasion de briller sur la scène de l’Olympia en janvier 2019.
➡ Raphaël Varane/13 Block, une présence à toute épreuve
« Toi t’es là quand c’est la paix, t’es pas là quand c’est la guerre », comme le dit si bien Zed la vie nécessite une présence à toute épreuve. Un élément que Raphaël Varane semble avoir assimilé parfaitement au vu des performances livrées dernièrement. Après avoir décroché sa quatrième C1 avec le Real Madrid, Varane lorgne vers un titre de champion du monde. Intraitable dans les airs et sur terre, l’ancien lensois peut même rêver d’un éventuel Ballon d’Or qui rappellerait celui de Cannavaro en 2006 après le sacre de l’Italie. Faisant actuellement partie des meilleurs groupes actuels de l’hexagone, 13 Block démontre une solidité toute aussi remarquable. « La sueur, la soif et les sous » comme credo et un succès d’estime qui trouvera peut-être le chemin des filets des certifications d’ici peu.
➡ Samuel Umtiti/S.Pri Noir, rigueur et efficacité sont la formule de la réussite
Double champion de France de football américain avec les Flash de la Courneuve, S. Pri Noir connaît très bien les notions de rigueur défensive et d’agressivité. On se rappelle que c’est à la suite de forfaits successifs que le marabout Umtiti s’était retrouvé titulaire dans la charnière centrale française lors de l’Euro 2016 aux cotés de Laurent Koscielny. Depuis, Big Sam s’est imposé comme l’un des tous meilleurs à son poste malgré quelques méformes et le souffle de Kimpembe qui se faisait de plus en plus bruyant sur sa nuque. En envoyant son pays en finale, il s’est assuré l’immunité jusqu’en 2020. Pareil pour son homologue S. Pri Noir qui semble avoir trouver la formule pour rester au top des charts avec son album Masque Blanc sur lequel il expose toute sa versatilité entre découpages de prod et balades autotunées. Sans oublier un nouveau feat avec Nekfeu qui lui assure des dates jusqu’en 2020. L’art de répondre présent au bon moment.
➡ Lucas Hernandez/Timal, hargneux et inattendus mais déjà incontournables
Pensionnaire de l’école Colchoneros où il évolue sous les ordres de Diego Simeone, Lucas Hernandez est un autre élément que l’on attendait pas dans le 11 français il y a encore quelques mois. Tout juste revenu de blessure le titulaire annoncé Benjamin Mendy s’est révélé trop juste physiquement et le choix de DD de ne pas appeler Ferland Mendy a laissé un boulevard au plus espagnol des français. Un boulevard qu’il a su emprunter avec détermination et qui est désormais le sien. La grinta, le mordant et un peu de vice, Hernandez est le type de joueur dont cette équipe avait besoin. Une hargne qu’on retrouve aussi du côté de la maison Daymoliton où un certain Timal à su tirer son épingle du jeu devant d’autres éléments prometteurs comme Badjer et Cinco en signant chez Sony / ATV France en avril dernier. Trop chaud.
➡ N’Golo Kanté/Jul, de l’amour et de la constance
Nous avons ici en toute honnêteté et sans exagération, deux hommes qui attirent naturellement la sympathie. Pas une once de négativité ne semble émaner de ces deux êtres, au contraire il n’y a que de l’amour. De l’amour et de la constance dans les prestations et sorties. Milieu de terrain XXL, Kanté est tout simplement le meilleur à son poste actuellement, avalant kilomètres sur kilomètres pour le bien du collectif avec une récupération d’une rare propreté et une relance toute aussi carrée. De l’autre côté, Jul jouit certes d’une adhésion populaire moins unanime mais force est de constater que même ses plus fervents détracteurs peinent à aller plus loin que l’expéditif « c’est de la merde ». Si son dernier album Inspi d’Ailleurs affiche des chiffres en baisse par rapport à ses précédentes sorties, le marseillais reste une valeur sûre de rap-jeu français et je reste convaincu qu’une rencontre entre ces deux hommes pourrait mettre fin à bien des fléaux.
➡ Paul Pogba/Ninho, le poids d’un lourd héritage effacé par une efficacité à toute épreuve
Très tôt annoncé comme le nouveau Patrick Vieira d’un coté et comme le nouveau Rohff de l’autre Paul Pogba et Ninho ont longtemps porté le poids d’un lourd héritage. Chacun a pris son temps pour confirmer les attentes placées en lui. De kickeur confirmé, Ninho est devenu pourvoyeur de singles efficaces tandis que Paul Pogba rangeait progressivement ses dribbles fantaisistes pour se montrer plus discipliné défensivement. Vivement critiqué après une campagne de préparation en demi-teinte, Pogba ne fait qu’exceller sur cette CDM 2018 dans un registre plus sobre comme le montre son marquage à la culotte sur son coéquipier mancunien Marouane Fellaini en demi-finale. Ninho de son coté a réalisé la même chose avec M.I.L.S 2.0 : rassurer les amoureux de la première heure et convaincre définitivement les plus sceptiques. Si la puissance marketing de La Pioche et largement supérieure à celle de Ninho, un dernier parallèle peut être fait sur le goût vestimentaire de ces deux bonhommes.
➡ Blaise Matuidi/Niska, l’analogie inévitable de la Coupe du Monde
➡ Kylian Mbappé/Koba LaD, les deux plus gros cracks français
Face à face, probablement les deux plus gros cracks français dans leurs disciplines respectives. Du haut de ses 19 ans, rien ne semble pouvoir arrêter Kylian Mbappé qui grille toutes les étapes à une vitesse fulgurante avec une maturité qui en fait d’ores et déjà un prétendant au Ballon d’Or. Tout va aussi très vite pour Koba la détaille qui a signé en mars dernier chez Def Jam France pour sortir dans la foulée l’EP Ténébreux. Kyky et Koba c’est aussi deux voix de cartoons qui leur donnent un attrait unique ainsi qu’un mélange d’assurance et d’egotrip renvoyant l’impression d’écouter parfois une personne de 40 piges. D’un coté, le catégorique « moi tu me parles pas d’âge…tu parles peut-être quand j’suis pas là mais qu’j’suis là tu m’parles jamais d’âge, tu m’parles que de football et de niveau » et de l’autre le désormais culte « moi j’sais c’que je te raconte, en vrai si tu bé-tom c’est que t’es con. La prison ça rend pas plus fort, ça fait perdre des thunes et beaucoup de temps ». Dix-huit ans le loustic.
➡ Antoine Griezmann/Moha La Squale, victimes de leur surmédiatisation ?
Ils sont partout ! Dans le métro, dans les rue, à la télé, posant pour Nike, Puma, Huawei, Shoes Up, Gillette, Clique, Les Inrocks ou encore PokerStars. La Griezmannia que nous subissons durant ce mondial n’a d’égale que la couverture médiatique que connait Moha La Squale, révélation rap 2018. Outre leur capital sympathie, ces deux joyeux lurons partagent des parcours sinueux. Jugé trop frêle et recalé à plusieurs reprises par des centres de formation français, le petit Grizou est contraint de s’exiler en Espagne où il se révèle sous les couleurs de la Real Sociedad. Appelé chez les Espoirs, il participe lors d’une mise au vert à une virée nocturne qui lui coutera un peu plus d’un an de suspension. C’est après ça, que la lumière surgira, comme pour La Squale qui connait la rédemption en s’inscrivant aux Cours Florent après un séjour à Fleury-Mérogis pour trafic de drogues et petits larcins. Si la comparaison entre les deux vécus est bien évidemment légère, l’aspect sur lequel cette analogie est intéressante concerne le coté enfantin qu’entretiennent les deux personnages. Visible par exemple à travers les célébrations Fortnite de Griezmann et l’alter-ego Bendero de La Squale, sorte de Mowgli des blocs.
➡ Olivier Giroud/Maître Gims, les très inévitables et pourtant très critiqués
Quatrième meilleur buteur de l’histoire de l’équipe de France à égalité avec Zinédine Zidane avec 31 pions, Oliver Giroud n’a pour l’instant inscrit aucun but dans la compétition. Le Giroud bashing s’apparente beaucoup au Gims bashing dans la manière dont les critiques sont souvent systématiques, injustifiées et concentrées sur le style proposé plutôt que le résultat. La passe roulette-talonade d’M’Bappé était magnifique certes, mais le retour de Dembélé l’était tout autant. Dimanche, Giroud peut être sacré champion du monde. Agé de 31 ans, il n’est plus qu’à 3 longueurs de David Trezeguet et 10 longueurs de Michel Platini pour devenir le deuxième meilleur buteur de l’histoire de l’EDF. À 32 ans, Gandhi Djuna est à plus de 5 millions d’albums vendus en carrière et semble être le seul en mesure d’atteindre le légendaire disque de diamant.
➡ Presnel Kimpembe/Naza/Ohmondieusalva, ambiance et audace capillaire
Évoluant dans une rotation à trois en club aux cotés de Marquinhos et Thiago Silva, Presnel Kimpembe a été titularisé face au Danemark pour reposer l’indéboulonnable Umtiti. C’est plus dans le rôle de DJ qu’il s’est épanoui tout au long de la compétition, grâce à une enceinte Beats et un compte Premium Spotify. Pour ambiancer et gâter le coin, il pouvait compter sur son acolyte Mendy jamais très loin. Dans l’art de la déconnade il se rapproche plus de l’intenable Naza mais en matière d’audace capillaire il tend plus vers l’incisif Ohmondieusalva.
➡ Ousmane Dembélé/Zola, deux rêveurs aux portes de la réalisation
Si l’un rêve d’apporter une ambiance sud-américaine au morose club de Winchester FC qui croupit dans les méandres de la septième division anglaise, l’autre a réalisé le rêve de nombreuses personnes biberonnées à GTA : San Andreas avec le clip California Girl.
➡ Nabil Fékir/Kekra, une impression de facilité dans le foot comme dans la musique
Qui se cache sous le masque de Kekra si ce n’est autre que Nabil Fékir ? L’insolence de sa célébration face à Saint-Etienne en novembre dernier correspond parfaitement à l’état d’esprit du rappeur de Courbevoie. L’autre élément troublant est aussi cette impression de tout faire avec facilité sans vraiment se forcer. Nabil ne court pas il trottine, Kekra ne rappe pas il glisse.