Qui dit période estivale dit aussi covoiturage, bracelets en tissu et flopée de festivals. Ces évènements en plein air qui voient des milliers de personnes converger vers le même point pour communier dans le joie et la bonne humeur sur des rythmes endiablés. Dimanche dernier, lors du festival Lollapalooza, Nekfeu s’est vu interrompre par le groupe de rock The Killers visiblement agacé par le dépassement de plus de 10 minutes de son temps de passage. Cette scène insolite, symbolise à elle seule l’observation suivante : le rap empiète de plus en plus sur les plates bandes du rock dans les programmations de festivals. On observe en effet ces dernières années, une présence plus accrue des rappeurs face au sacro-saint mouvement rock’n’roll. On retrouve la discipline dans tous les grands rendez-vous, des Eurockéennes à Rock En Seine en passant par Dour et Les Ardentes. Attardons nous un peu sur le cas du festival des Vieilles Charrues par exemple. Si on fait un bilan des 20 dernières années, le rap termine au pied du podium avec 86 représentants devancé de justesse par la pop (90 artistes), l’électro (150 artistes) et l’indétrônable rock (226 artistes). Cependant, cette année, le rap a dominé les débats avec une présence évaluée à 25%. C’est plus que tous les autres genres sur cette édition.
Orelsan, Damso, Vald, Roméo Elvis, Nekfeu, Lomepal, BigFLo & Oli : le genre musical le plus écouté en France, bénéficie de nombreux ambassadeurs qui peuvent compter sur une bonne presse et un public très friand de ce genre d’évènement. Un public qu’il faut satisfaire en proposant le meilleur divertissement possible. Grands, petits, jeunes et plus vieux affluent de toute part pour voir performer leurs artistes préférés. Ces individus représentent non seulement une valeur marchande mais aussi un gage de réussite non négligeable pour les organisateurs. Aujourd’hui des artistes comme Orelsan, Roméo Elvis ou encore Lomepal sont archi bankable. C’est du véritable pain béni qui assure à chaque sortie une prestation de qualité. Cela incite les organisateurs à les reprogrammer pour l’année suivante et le public à courir les voir dès que l’occasion se présente.
L’édition 2018 des Solidays à vu une ribambelle de rappeurs défiler sur la Scène RADAR. Au menu, une programmation 100% rap et très éclectique allant de Jok’Air à Chilla en passant par le rookie de l’année Koba LaD qui a dû écourter son passage face à une foule survoltée ayant fait céder les barrières à trois reprises. L’autre grande révélation de 2018, c’est Moha La Squale, que le public pouvait retrouver en juin dernier sur la scène du We Love Green Festival. Sur des festivals comme Marsactac ou encore Garorock on a pu aussi observer des artistes dont les prestations lives constituent l’essence de leur identité. On peut citer notamment, le trio génevois composé de Makala, Di-Meh et Slimka qui sévit sous la bannière XTRM Tour. Une manière de dire que ce n’est pas la notoriété pure qui permet aux artistes d’accéder à ces évènements mais également leur présence scénique et la qualité de leur tourneur. Ces festivals sont une belle vitrine pour le rap qui ne cesse de s’inviter dans tous les recoins de l’espace francophone et même du monde avec MHD porte étendard français en avril dernier sur la scène du Coachella. Le rap domine de plus en plus et tend progressivement vers la dictature, un monde dans lequel les programmations seraient exclusivement composées de rappeurs comme c’est le cas pour le Demi Festival qui se tiendra du 8 au 11 aout à Sète.