Avec sa rubrique « Le professionnel du mois », Ventes Rap met à l’honneur les décideurs derrière les plus belles réussites artistiques et commerciales du moment. Managers, producteurs, éditeurs mais aussi artistes entrepreneurs seront ainsi invités à revenir sur leurs carrières respectives, leur éthique de travail et leur vision de l’industrie musicale. Après Rémy Corduant, c’est au tour d’Amadou Ba, aussi connu sous le nom d’Hamad de Booska-P, d’être mis à l’honneur dans cette édition.
Co-fondateur du média indépendant Booska-P en 2005, Hamad a vu son média grandir pour aujourd’hui devenir à la fois le média rap leader, et plus largement un des médias sociétaux les plus influents de France. Aujourd’hui, que ce soit sur Youtube ou l’ensemble des réseaux sociaux, Booska-P est en concurrence avec des médias tels que Brut, Clique ou encore Konbini, chacun soutenu soit par un grand groupe médiatique soit par des financiers. Cet impact médiatique et cette légitimité pour parler des quartiers populaires se sont concrétisés de manière encore plus spectaculaire au cours du dernier mois. Le 11 mai dernier, Booska-P co-organisait avec Yard « Les Flammes », une cérémonie récompensant les cultures populaires. Un véritable succès en chiffres : 1,4 million de couverture TV, 2,1 million de couverture digitale et aussi des artistes aux chiffres dopés après la cérémonie.
Organiser les Flammes : un défi titanesque
« Avec Booska-P et Yard nous voulions que ce soit impactant et fait dans le respect de notre culture. Il y a des choses à redire sur la DA, le public, etc mais quoi qu’il arrive ça bougera l’année prochaine. C’est un projet qu’on a fait pour la culture, ça nous coûté beaucoup, autant en argent qu’en énergie ! »
Hamad se félicite aussi de la collaboration poussée avec Spotify sur l’évènement : « Quand tu pars de zéro, les annonceurs sont frileux et les institutions ne savent pas ce que ça vaut. Il y avait déjà eu d’autres cérémonies avant la nôtre qui n’ont pas eu l’impact qu’elles devaient avoir. Sans Spotify, on n’aurait pas pu le faire. C’est pour cela qu’on est très reconnaissant de leur apport, et aussi de la liberté qu’ils nous ont donné pour créer la cérémonie comme on le souhaitait. C’est rare d’avoir un partenaire aussi puissant, qui te donne autant de moyens et qui te laisse autant de libertés. »
Hamad : « On veut réussir à parler de sujets profonds »
L’avenir de Booska-P, c’est évidemment un des sujets de réflexion d’Amadou Ba, qui a plusieurs pistes pour permettre au média d’évoluer : « On veut être moins porté vers l’entertainment. Ce dont on s’est rendu compte, c’est que notre public aime apprendre des choses. Demain on va faire des vidéos sur le terrain, sur des thèmes assez précis, avec ou sans les artistes. Récemment on a sorti des documentaires sur la santé mentale et sur le streaming, qui ont cartonné. On sait que ces thématiques intéressent, et donc on va essayer de vulgariser pour toucher le grand public. » Pas question pour autant d’abandonner les cultures urbaines : « On n’a pas vocation à devenir un média généraliste. On veut réussir à parler de sujets profonds, de réussir à intéresser les gens sans leur donner nécessairement ce qu’ils veulent. Ca fait longtemps qu’on est au-delà du rap, qu’on parle de lifestyle, de cinéma, de sport. Tout l’aspect sociétal est nouveau par contre, et a réellement démarré avec l’interview d’Emmanuel Macron en mai 2022. »
Concernant cette interview, Amadou Ba en tire des conclusions claires aujourd’hui : « On est arrivé au moment où il était le plus détesté, au moment où la classe politique appelait à voter pour lui pour faire barrage à Marine Le Pen. On est arrivé au plus mauvais moment et le timing n’a pas joué en notre faveur, mais si demain il fallait le refaire, je l’aurais fait pareil. »