L’édition 2018 du Freshman Class a beaucoup fait parler d’elle, notamment parce que le dixième artiste sélectionné par le magazine XXL, Lil Skies, ne s’est pas présenté, et que son remplaçant Rich The Kid a décliné l’offre en apprenant n’être qu’un second choix. La liste finale comporte donc neuf artistes, à savoir Ski Mask The Slump God, Lil Pump, Smokepurpp, J.I.D, Stefflon Don, BlocBoy JB, YBN Nahmir, Wifisfuneral et Trippie Red. Evènement remarquable, Stefflon Don est l’un des rares artistes internationaux et le premier artiste européen mis en avant dans cette sélection annuelle ; il serait cependant audacieux d’en faire le symbole de l’émergence du rap européen sur la scène internationale, les artistes britanniques ayant toujours bénéficié d’un statut particulier aux Etats-Unis. Les Cyphers XXL ont aussi été l’occasion pour le rappeur d’Atlanta J.I.D de se démarquer, en effet après avoir sorti le 19 juin un premier freestyle solo suivi d’un portrait intitulé J.I.D Keeps It Real in a World of Frauds, il a dévoilé il y a quelques jours son Cypher commun avec Ski Mask The Slump God et Sonny Digital aux platines… Les deux rappeurs semblent avoir développé une certaine alchimie (ils ont annoncé une collaboration dans leur interview croisée J.I.D and Ski Mask The Slump God Are Perfectionists) , et en coupant le beat au moment de poser, Ski Mask se place en quelque sorte hors-compétition, un peu à la manière d’XXXTentacion en 2017, ou même de K.Point dans la première saison de Rentre dans le cercle en France. Avec près de deux millions de vues, le freestyle est un véritable succès et un rapide coup d’oeil aux commentaires montre que c’est J.I.D qui en ressort avec les honneurs, une performance pas si surprenante pour qui connait sa carrière…
« On m’a enlevé ma dent de sagesse il y a pas longtemps. J’ai recommencé à enregistrer la semaine dernière, après avoir récupéré. C’est la première fois que j’ai été capable de le faire sans me blesser. Avant, j’avais de véritables migraines après mes concerts ou mes séances studio, et je crachais du sang parce que je me mordais l’intérieur de la joue avec cette putain de dent de sagesse, et ça a été comme ça pendant des années. » Animé par une véritable passion pour la musique, J.I.D a fait ses premières armes passé la vingtaine avec deux mixtapes, Route of All Evil en 2012 et Para Tu en 2013. Proche du duo Earth Gang (Johnny Venus & Doctur Dot) et de leur collectif Spillage Village, il constitue une véritable micro-scène alternative à East Atlanta, qui commence à se faire un nom après avoir fait les premières parties de la tournée d’Ab Soul These Days Tour en 2014 en compagnie du new-yorkais Bas, tout juste signé chez Dreamville Records. 2015 marque un tournant dans la carrière du rappeur, qui participe à la compilation de Spillage Village Bears Like This Too, puis fait les premières parties des tournées de Bas et Omen. Ce rapprochement progressif avec le label de J.Cole Dreamville Records est notamment dû à la proximité de J.I.D avec le producteur Cedric Brown, et il se concrétise finalement sur le deuxième projet de Spillage Village Bears Like This Too Much sur lequel J.Cole placera un couplet et une production. L’année suivante, J.I.D signe fin février dans l’écurie Dreamville et sort son premier album studio The Never Story chez Interscope un mois plus tard. Âgé de 27 ans, le rappeur allie une personnalité très détendue à une technique incisive et à une plume sur laquelle il avoue faire un travail permanent. S’il a collaboré avec des visages d’Atlanta comme OG Maco, J.I.D n’en reste pas moins un artiste à l’univers très particulier car plus influencé par la scène new-yorkaise, la funk et la soul que par la vague South de la fin des années 2000…