Le 29 juin dernier, Drake révélait son cinquième album solo, intitulé Scorpion. Bien que l’album ne soit pas construit comme une playlist, à la différence de son prédécesseur More Life, il comprend pas moins de 25 titres répartis en deux disques, le premier consacré au rap et le second au R&B et à la pop (un peu à la manière de La Fouine en 2011 avec La Fouine vs Laouni ou de Maître Gims en 2015 avec Mon coeur avait raison). En l’espace de 24h, Scorpion a été écouté 302 millions de fois sur Spotify et Apple Music à raison de 10 millions d’écoutes par heure sur Spotify. L’effet de masse est tel que l’artiste envahit la section Gold & Platinum du site RIAA avec 60 morceaux, y compris extraits d’anciens projets, certifiés single de platine (1 million d’équivalents streaming). Selon les projections, Drake devrait écouler entre 725.000 et 775.000 exemplaires de Scorpion dont 150.000 à 160.000 en téléchargement (l’album ne sera disponible en format physique qu’à partir du 13 juillet).
— Ventes Rap (@VentesFRap) June 29, 2018
La présence de Michael Jackson sur le titre Don’t Matter To Me a provoqué une formidable onde de choc sur les réseaux sociaux. Comme Love Never Felt So Good de Justin Timberlake, le morceau a été réalisé à partir d’une collaboration inédite enregistrée avec avec le chanteur Paul Anka. L’opération n’a, de prime abord, été contestée par aucun membre de la famille Jackson ; c’était cependant sans compter sur Austin Brown, le neveu de Michael Jackson. Au micro de TMZ, le jeune homme a ainsi exprimé sa désapprobation : « J’ai juste l’impression que, s’il [Michael Jackson] ne l’a pas fini, alors il [Drake] ne devrait pas l’utiliser. C’est un artiste que je respecte. Il est talentueux, je suis juste contre le fait d’utiliser les enregistrements de quelqu’un et les changer. C’est de la musique. C’est de l’art. Je ne dis pas que Drake profite de la mort de Michael Jackson, mais je ne l’aurais pas fait. »
Un autre critique a été adressée à l’éditorialisation de Spotify et du marketing agressif développé autour de Scorpion. Très rapidement après la sortie de l’album, le rappeur s’est retrouvé intégré à la plupart des playlists officielles de Spotify, et a été placé en couverture de beaucoup d’entre elles. Dans un article pour Pitchfork intitulé What It Means when Spotify has Nothing to Recommand but Drake, Damon Krukowski met en évidence le parallèle entre cette mise en avant abusive du rappeur canadien par la plateforme de streaming et la très critiquée décision d’Apple de placer gratuitement l’album de U2 Songs of Innocence dans les bibliothèques iTunes de tous ses utilisateurs en 2014. Au-delà des conséquences de ces deux décisions, c’est justement ce rapport aux utilisateurs que critique Krukowski, qui y voit une intrusion dans l’intimité des auditeurs.
I feel like someone at Spotify editorial just got access to Getty Images and decided to find ways to shoehorn Drake into as many playlist covers as possible. #ScorpionSZN pic.twitter.com/AfIhPouzXR
— John Himpe (@JohnHimpe) July 1, 2018