Depuis 2016, Jay-Z a amplement communiqué sur la plateforme de streaming Tidal dont il est actionnaire majoritaire et notamment sur ses taux de rémunération des ayant-droits. Il convient de rappeler que Tidal est une branche de WiMP Music, solution de streaming développée en 2010 par la société norvégienne Aspiro. Fin 2015, Aspiro est rachetée par la holding de Jay-Z Project Panther Bidco, avant qu’elle ne soit dissoute début août 2016. En janvier 2017 enfin, l’opérateur américain Sprint a racheté 33% des parts d’Aspiro et a intégré l’abonnement Tidal à son offre mobile, de manière à rehausser le nombre d’abonnés. Malgré ces investissements successifs, le journal économique norvégien Dagens Næringsliv a dressé en l’espace d’un an et demi un portrait catastrophique de la plateforme de streaming au travers de scandales largement diffusés par les médias généralistes.
- Tidal serait au bord de la faillite, c’est ce qu’affirmait Dagens Næringsliv en décembre dernier en évaluant à 37 millions d’euros les pertes de la plateforme de streaming en 2016, pertes qui auraient creusé sa trésorerie au point de se trouver à court de liquidités. Cependant, les sommes tirées de l’accord avec Sprint devaient suffire à fournir un fonds de roulement suffisant pour 18 mois, c’est-à-dire pour les 6 premiers mois de 2018. Près de 6 mois plus tard, Dagens Næringsliv rapporte que Tidal est incapable d’assurer ses délais de paiement auprès des majors, information corroborée de manière indépendante par Hypebot. De plus, la part reversée aux ayant-droits serait passée de 62,5% à 55% sans consultation préalable.
- Tidal aurait procédé à des manipulations des données fournies à la RIAA, cette information diffusée par Dagens Næringsliv s’appuie sur des témoignages et des incohérences dans le nombre d’écoutes en streaming déclarées pour The Life of Pablo de Kanye West et Lemonade de Beyoncé. Elle a été reprise par les organisations norvégiennes de collecte des droits d’auteurs Tono et Koda. La première a décidé de porter l’affaire devant la police, et la seconde a décider d’auditer les chiffres annoncés par la plateforme. En augmentant artificiellement le nombre d’écoutes des albums de certains artistes, la plateforme aurait sensiblement réduit la part de son chiffre d’affaires reversée aux ayant-droits.
- Tidal aurait volontairement surestimé son nombre d’abonnés, c’est en janvier 2017 que l’affaire avait été révélée par Markus Tobiassen and Kjetil Sauter, journalistes chez Dagens Næringsliv. La plateforme revendiquait alors 3 millions d’abonnés, alors qu’elle n’avait procédé à des payements auprès des labels que pour 850.000 auditeurs, et qu’elle évaluait en interne son nombre d’abonnés à 1,2 millions d’abonnés. Le chiffre de 3 millions diffusé auprès de médias comme Billboard et Time comptabiliserait les comptes gratuits et des dizaines de milliers d’anciens comptes réactivés.