Il y a un peu plus d’un mois, le producteur Shkyd avait écrit chez YARD un article dans lequel il expliquait pourquoi les médias musicaux n’osaient plus critiquer les albums de rap. Difficile de dresser un lien de cause à effet entre les deux, mais le fait est que quelques semaines plus tard, Konbini a mis en ligne un article à charge sur le clip V de Sneazzy intitulé Si Sneazzy ‘fait le V de la Victoire », son rap pue la défaite et signé du rédacteur en chef Rachid Majdoub en personne. Comme souligné par les journalistes Genono et Yerim Sar, l’article pourrait bien être une opération de communication destinée à donner un coup de pouce à Sneazzy et de remonter son capital sympathie auprès du public rap. Pour autant, l’affaire invite à s’interroger sur ce qui est tolérable ou ne l’est pas en matière de journalisme musical. Il faut d’abord tracer la ligne entre la critique constructive au sens propre du terme, qui relèvera les points positifs et les points négatifs d’un projet pour en livrer une analyse synthétique adressée autant à l’auditeur qu’à l’artiste, et la critique à charge dont l’objectif est purement et simplement de descendre un artiste ou son oeuvre. Il faut également évoquer le sujet de la facilité de la critique. L’article de Shkyd évoquait le traitement unanimement positif de l’album de Booba Trône dans la presse spécialisée, il pointait du doigt la position délicate de cette dernière qui devait satisfaire aux impératifs fixés plus ou moins implicitement par certains artistes tout en essayant de conserver une certaine objectivité. La solution de rechange pour certains semble être trouvée d’avance, la critique souvent mal étayés et aveugle d’artistes n’ayant pas la popularité ou le capital sympathie nécessaire pour répliquer efficacement. Autant le dire, cette solution semble hautement inéquitable, et surtout assez malhonnête… Médias comme journalistes devraient se demander avant de se lancer dans cette complexe aventure qu’est la critique s’ils sont prêts à y soumettre l’ensemble des sorties. Malgré le nom qu’elle porte, la critique est avant tout un exercice complexe tant dans sa réalisation que dans ses conséquences, un exercice qui n’est clairement pas à la portée de tout le monde et à bien choisir, peut-être serait il préférable pour ceux à qui cette portée échappe de s’en tenir à l’éloge.
https://twitter.com/RachidMajdoub/status/986573874308542464