Si l’on s’essaye à dresser une liste des rappeurs marseillais les plus influents de ces dernières années, quelques noms semblent incontournables : Jul évidemment, mais aussi Naps, Soso Maness ou encore YL. Le dénominateur commun entre tous ces artistes à succès ? Le fait d’avoir travaillé, de près ou de loin, avec Kalif Hardcore. Le rappeur a en effet joué un rôle clé dans le parcours de chacun d’entre eux sans jamais, assez paradoxalement, avoir rencontré le succès en solo. Référence plus que légitime pour tout amateur de rap marseillais qui se respecte, Kalif Hardcore reste pourtant plus que jamais une personnalité de l’ombre. Zigzagant de label en label au fil de sa carrière (Liga One Industry, Dream Life Music et maintenant 13ème Art), il semble avoir été coup sur coup l’homme de la situation, au bon endroit et au bon moment, s’offrant des couplets iconiques sur des projets non-moins importants. Petite présentation de l’ombre des quartiers nords de Marseille…
➡️ Kalif Hardcore, l’étoile naissante du rap marseillais
Kalif Hardcore —Kamel Kasmi de son vrai nom— reste un homme secret, sur lequel il est difficile de se renseigner. Aux yeux du grand public, il n’est connu que pour la triste histoire entourant le décès d’un acteur d’un de ses clips. Quelques bribes d’interviews disponibles sur le net, des articles de médias généralistes qui content succinctement son actualité judiciaire, un Skyblog plus mis à jour depuis plus une décennie et une courte biographie Genius : voilà les quelques informations disponibles sur Internet. Originaire du quartier des quartiers de Font-Vert et la Viste, au nord de Marseille, il fonde le groupe Black Marché entre 2002 et 2003. Black Marché sortira un premier album éponyme en 2007. On ressent rapidement l’influence de la scène du 94, rien d’étonnant dans la mesure où le quartier de Font-Vert entretient une relation de proximité avec la Mafia K’1 Fry. Avec ses phases tranchantes, son argot marseillais et avec sa voix particulière, il est rapidement identifié par le public.
Il ironisera d’ailleurs sur cette empreinte vocale dans Rentre dans le 13 en affirmant avoir un « KX dans la gorge ». Le projet, malgré une apparition du Rat Luciano, sera loin d’être un succès commercial. Il offrira néanmoins à Kalif une image de rappeur prodige. Il décide alors de se lancer en solo et de tourner la page Black Marché. En 2011, le street album Au nom des quartiers détonne : les couplets de Kalif s’enchainent sur des productions puissantes et placent définitivement son empreinte sur la scène rap marseillaise. Le 14 mai 2012, il enchaîne avec le double album Liga One ; victime d’une ère où les CDs se vendent de plus en plus mal et d’un manque total de couverture médiatique, l’album connaitra comme ses prédécesseurs un succès limité qui ne lui rend pas hommage… D’autant qu’il se démarque par des titres de haute facture, produits par des grands noms de l’époque comme que Tony Danza et incluant des invités de luxe comme Soprano (ainsi qu’un clash contre Booba tombé dans l’oubli).
➡️ Mise en retrait de la carrière de rappeur et signature du miracle Jul
Après le succès en demi-teinte de Liga One, Kalif met sa carrière de rappeur en retrait pour endosser une casquette de producteur et directeur artistique. Conscient du déclin progressif du format CD, il décide d’exploiter le potentiel du merchandising et plus particulièrement du textile. Dès le début des années 2010, les t-shirts Black Marché et Liga One connaissent un succès non-négligeable dans le sud de la France. Au même moment, le label Liga One Industry réalise la pioche du siècle en signant Jul. Parfait inconnu à ses débuts, il enchaînera les succès à compter de 2013 avec plus d’un demi-million de ventes physiques et de téléchargements enregistrés durant son passage sur le label de Kalif. À la même époque, Soso Maness fréquente cet entourage dont les studios sont situés dans son quartier, Font-Vert et pose sur Paranoïa (2014), Lacrizeomic (2014) et Je Trouve Pas le Sommeil (2015) de Jul. Progressivement, le son créé par Jul et Kalif va changer à jamais la manière de faire du rap à la marseillaise. Une chose est néanmoins sûre, le propos sera plus marseillais que jamais, avec un argot et des expressions locales dont toute la France s’imprègnera. Kalif de son côté commencera à se faire un nom aux yeux du grand public avec des prestations de qualité sur les projets de Jul, notamment le désormais classique Audi Volée.
➡️ L’après-Liga One, 13ème Art et la consécration de Naps
L’histoire d’amour de Jul et Liga One prendra fin en 2015, un évènement qui marquera pour l’un comme l’autre un nouveau départ à prendre. Suite à un conflit d’ordre financier avec son ancien producteur, Jul fonde son label D’Or et de Platine. Kalif rejoint quant à lui Dream Life Music, où il endosse de nouveau le rôle de rappeur et sort l’album Vendredi 13 le 27 novembre 2015. Ce nouvel album s’inscrit dans la continuité musicale du travail réalisé chez Liga One, et on l’y retrouve une dernière fois en collaboration avec Jul sur Heneni. Une rupture regrettable tant l’alchimie était bonne entre les deux artistes phocéens. Parallèlement à son passage chez Dream Life, où il collabore beaucoup avec Arco, Kalif commence à côtoyer Naps en 2016. Ce dernier est un rappeur du quartier d’Air Bel, ex-membre du groupe 11.43 Click dont faisait aussi partie Kofs. Son premier album, Ma ville et ma vie, ne rencontre pas le succès escompté malgré une musicalité assez proche de certains classiques du rap marseillais. Les deux rappeurs semblent s’entendre à merveille, artistiquement comme humainement. Kalif rejoindra Naps au sein du label 13ème Art, où l’on retrouve également YL, Dika ou encore Graya.
La maîtrise et la vision du vétéran de Black Marché contribuent à faire passer un cap à chacun de ces artistes et à couvrir le label de certifications, à l’instar de la Liga One Industry. En aidant Naps dans ses placements et en orientant sa plume, il le calibre pour devenir une star du rap français. Son rôle dans la construction de l’architecture de Pochon Bleu (2017) de Naps, va contribuer au raz-de-marée qu’a été cet album dès sa sortie. Il reste aujourd’hui une référence de rap à la marseillaise, certifiée double disque de platine. 13ème Art devient alors une véritable « usine », s’inspirant des grandes heures de Liga One pour enchaîner les sorties avec En Equipe, vol.1 (2017) puis À L’instinct (2018), certifié disque de platine. Si le label encaisse le départ d’YL qui connaitra ensuite le succès grâce au travail de son producteur Bylka Prod et au sein de l’écurie Def Jam France, les choses ne bougeront pas du côté de Naps, de nouveau certifié or avec le double album On est fait pour ça (2019).
➡️ Kalif Hardcore, virtuose méconnu mais merveilleux chef d’orchestre
Le résultat est sans appel, la supervision de Kalif est une étape cruciale dans la carrière d’une multitude d’artistes. Systématiquement, son travail débouche sur des suites positives d’un point de vue commercial, tant et si bien que Soso Maness, Jul ou encore Naps ont chacun un public, une fanbase et un engouement réel autour de leur musique. Il ne s’agit pas ici de dire que Kalif a été l’unique facteur du succès de ces artistes, mais de reconnaitre que sa vision artistique, la manière qu’il a de pouvoir tirer le meilleur de chaque artiste y a contribué. Le cas de Kalif est particulier dans la mesure où malgré les succès qu’il a rencontré en tant que directeur artistique, il n’a jamais pu accéder à la lumière qu’il a su offrir à d’autres. Certains éléments peuvent éventuellement expliquer cette situation : des problèmes judiciaires fréquents, un rap très dur et une voix peut-être trop particulière. Emblème éternel du rap des quartiers nords de Marseille doublé d’un personnage dans l’ombre, Kalif Hardcore n’a jamais été reconnu à sa juste valeur en tant qu’artiste mais reste pour autant un merveilleux chef d’orchestre.
Magnifique ga il a les mots ce kalif chante du coeurs et sa c le top surtout le son ex qui résume bien la vie et apprend que dans la vie faut marcher droit sauver son couple et ses enfants. Les larmes ce son
Moi je suis pas forcément d’accord quand tu dis qu’il a une voix particulière qui fait que les gens n’aiment pas et c’est pas trop dur ses textes c’est juste qu’il dit les choses vrais, les gens ils aiment pas qd tu dis la vérité, elle dérange.
Est ce que tu l’as rencontré ? C’est un vrai et justement le fait qu’il n’ait pas « percé » ça le rend encore plus hardcore, il dit ce qu’il pense, il n’a rien à perdre contrairement à d’autres qui sont aujourd’hui « influencés ou censuré ».